18e week-end de manifestations contre la réforme du système judiciaire
Lapid a promis de « ne rien laisser au hasard » pour parvenir à un consensus, avec l’aide du président, sans permettre à la coalition « de gagner du temps »
Pour la 18e semaine consécutive, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés dans tout le pays, samedi soir, pour continuer à manifester dans le bruit leur opposition au projet de réforme judiciaire aujourd’hui suspendu, le temps de parvenir à un consensus sur la question.
La manifestation la plus importante a eu lieu rue Kaplan, à Tel Aviv : elle s’est ouverte sur l’hymne national « Hatikva ». Les médias israéliens estiment de 100 000 à 180 000 le nombre de participants.
« Nous devons comprendre que la menace n’a pas disparu et qu’elle continue de planer sur nous… Si nous clignons des yeux un instant, ils profiteront de l’occasion », a déclaré l’ex-ministre Tzipi Livni aux manifestants à propos du gel du projet de réforme.
Des manifestations ont également eu lieu dans d’autres villes en Israël, comme à Jérusalem, où 7 000 personnes se sont réunies à proximité de la résidence officielle du président, lieu des pourparlers de compromis.
« Nous ferons tous les efforts nécessaires pour parvenir à un accord historique, qui marquera l’histoire, sans leur permettre de gagner du temps ou de sauver leur gouvernement », a déclaré le chef de l’opposition Yair Lapid lors d’une manifestation à Rehovot.
« Ce gouvernement ne peut décemment pas prendre part aux pourparlers à la résidence du président tout en calomniant la Cour suprême et en envoyant des voyous dans les rues », a-t-il ajouté.
« Ce gouvernement doit retirer tous ses projets de loi de l’ordre du jour de la Knesset et comprendre que la coalition ne choisira pas elle-même les juges. Cela n’arrivera jamais, pas tant que nous serons là. »
Le chef de HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, dont le parti d’opposition a récemment connu un regain de popularité dans les sondages, a déclaré aux manifestants espérer que les négociations organisées par le président Isaac Herzog prospèrent, se disant toutefois prêt à « reconsidérer la question » si tel n’était pas le cas.
« Je ne me contenterai pas d’un dialogue, même si j’ai été le premier à le demander. J’attends des progrès, une solution : s’il n’y en a pas, nous réévaluerons la situation », a-t-il déclaré.
« C’est un combat capital pour un pays démocratique, mais non loin d’ici, des manifestants pensent tout autrement. Je respecte tout le monde et je représenterai tout le monde », a ajouté Gantz.
Avant les manifestations, les organisateurs ont demandé à Lapid et Gantz de se retirer rapidement des pourparlers, affirmant qu’ils étaient ni plus ni moins « un stratagème du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour gagner du temps et faire adopter son budget ».
Si une solution n’est pas trouvée dans les prochains jours, ont-ils dit, l’opposition devra quitter la table des négociations.
À Tel Aviv, l’ex-ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, a demandé aux manifestants de poursuivre leur action, même pendant les négociations de compromis, expliquant que « la menace n’a pas disparu et continue de planer au-dessus de nous » et que « si nous clignons des yeux ne serait-ce qu’une seconde, ils profiteront de cette occasion ».
Les manifestations de samedi soir se sont tenues après l’organisation, jeudi, d’une « journée de l’égalité » au cours de laquelle des manifestants se sont livrés à des actes de désobéissance civile, en bloquant par exemple les principales autoroutes israéliennes. Des manifestations ont également eu lieu devant le domicile de ministres de tout premier plan et au siège d’institutions religieuses de l’État.
Même si le projet de réforme juridique et judiciaire est actuellement à l’arrêt, les organisateurs des manifestations font en sorte d’entretenir la mobilisation, de crainte que la coalition ne reprenne ses travaux à tout moment.
La réforme judiciaire voulue par le gouvernement a suscité une levée de boucliers en Israël. Des sommités représentatives du monde du droit, de la sécurité ou de l’économie ont fait savoir que cette réforme aurait pour conséquence de miner les fondements démocratiques de l’État en supprimant les contrepouvoirs, sans parler des dégâts sur le plan de la sécurité et de l’économie.
Les partisans de la réforme estiment pour leur part défendre la démocratie contre les débordements d’une Cour activiste.
Samedi toujours, Mansour Abbas, député du parti islamiste Raam, membre à part entière de la précédente coalition, a démenti l’information selon laquelle il apporterait son soutien à la réforme en échange de fonds publics pour les communautés arabes.
Auparavant, la Douzième chaine avait indiqué, jeudi, que le ministre de la Justice Yariv Levin s’était entretenu avec lui pour tenter de le convaincre d’appuyer la réforme et s’assurer ainsi « une porte de sortie » au cas où les pourparlers à la résidence du président ne déboucheraient pas sur un compromis.
Abbas a confirmé à la Douzième chaine s’être entretenu avec Levin de la lutte contre la criminalité dans les villes arabes, mais a insisté sur le fait qu’il n’accepterait en aucun cas de porter atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire. Il a ajouté que la Cour suprême était garante de la protection des droits des minorités.