Abbas exhorte le monde à stopper la loi « raciste » sur l’Etat-nation
Le chef de l'AP a expliqué que la législation, qui établit Jérusalem comme capitale de l'Etat juif, entre dans le cadre d'une "conspiration" contre le narratif national palestinien

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a appelé la communauté internationale à intervenir auprès d’Israël concernant la loi sur l’Etat-nation qui vient d’être adoptée par l’Etat juif, qualifiant le texte controversé de « raciste » et s’offusquant de sa désignation de Jérusalem en tant que capitale de l’Etat juif.
Cette loi adoptée aux premières heures de jeudi consacre Israël comme »foyer national du peuple juif », dans ses lois fondamentales quasi-constitutionnelles, établit l’hébreu comme langue nationale tout en donnant à l’arabe un statut « spécial » inférieur, et soutient les implantations juives.
Les critiques au sein de l’Etat juif et à l’étranger, notamment les juifs de la diaspora, ont critiqué cette législation avec férocité, disant qu’elle était non-nécessaire et discriminatoire.
Réagissant à la loi dans la soirée de jeudi, un communiqué émis par le bureau d’Abbas a appelé « la communauté internationale à intervenir et à prendre ses responsabilités pour mettre un terme à ces lois racistes en exerçant des pressions contre Israël et en forçant le pays à mettre en oeuvre les résolutions reconnues comme légitimes à l’international ».

Le texte « révèle le visage raciste de l’occupation israélienne », ajoute le communiqué.
L’AP a déclaré que la loi entre dans le cadre d’une « conspiration » contre la cause palestinienne aux côtés du transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem et des initiatives visant, selon lui, à rendre la ville plus « juive ».
« Cette loi renforce les fondements de l’occupation qui nient les résolutions qui sont légitimes à l’international, en particulier en ce qui concerne la politique d’occupation visant à ‘judaïser’ Jérusalem et à séparer la ville de son environnement palestinien », a ajouté le communiqué.
Plus tôt, le haut-conseiller d’Abbas, Saeb Erekat a indiqué que le texte « vient officiellement légiférer l’apartheid et définit légalement Israël comme un système d’apartheid ».
« C’est une loi raciste et dangereuse par excellence. Elle nie aux citoyens arabes leur droit à l’auto-détermination qui ne sera déterminé que par la population juive », a-t-il écrit dans un tweet.
Fawzi Barhoum, porte-parole du groupe terroriste du Hamas, a également fustigé cette législation, disant qu’elle vient officiellement légaliser le « racisme israélien » et qu’elle constitue « une attaque dangereuse contre le peuple palestinien et son droit historique à la terre ».

Barhoum a également déclaré que la Knesset n’aurait pas adopté la loi – ainsi que d’autres qu’il a qualifiées d' »extrémistes »- sans le « silence régional et international sur les crimes de l’occupation ».
« Ces lois et ces résolutions extrémistes n’auraient pas été approuvées s’il n’y avait pas eu ce silence régional et international sur les crimes et les violations de l’occupation », a-t-il dit, sans spécifier quelles lois. « Toutes ces lois et ces résolutions sont sans fondement et elles ne changeront rien sur le terrain. La population palestinienne restera souveraine sur cette terre ».
Les membres du gouvernement israélien ont pour leur part salué l’approbation de la loi dans la matinée de jeudi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu le qualifiant de « moment charnière dans les annales du sionisme et de l’Etat d’Israël ». De nombreuses personnalités de l’opposition ont critiqué la législation.
La membre du comité exécutif de l’OLP Hanan Ashrawi a condamné le texte, affirmant qu’il contrevient à la loi internationale.
« La loi sur ‘l’Etat-nation juif’ autorise l’apartheid, les discriminations, le nettoyage ethnique, et le sectarisme au détriment de la population palestinienne. Une législation raciste et attentatoire de ce type est illégale sous tous les termes de la loi internationale, de la démocratie, de l’humanité, de la justice, de la tolérance et de l’inclusion », a-t-elle dit.