Agnès Jaoui s’exprime sur ses proches enlevés et tués et sur la guerre
Sur le plateau de l’émission "Quotidien" lundi, elle s'est dit déchirée par ces évènements et a regretté l'ignorance de certains en France au sujet du conflit
En promotion pour le film « Le dernier des Juifs », de Noé Debré, l’actrice Agnès Jaoui est revenue avec émotion sur le drame qui a touché sa famille le 7 octobre.
Sur le plateau de l’émission « Quotidien » sur TMC lundi 15 janvier, elle a rappelé que, ce jour-là, « une partie de [sa] famille a été prise en otage et tués pour certains ».
« Un est toujours otage, Ofer Calderon, avec plein d’autres qui sont toujours otages », a indiqué la comédienne avec une vive émotion. « Pendant ce temps, il se passe une guerre… J’ai l’impression que c’est les pires, les plus dangereux de chaque côté qui se font la guerre. Et que les voix de la paix ou de l’entente pour l’instant sont très peu audibles », a-t-elle ajouté.
« Je suis, comme vous pouvez l’imaginer, quand je pense à ça, bah je n’arrive pas à penser en fait… Je suis déchirée. J’ai envie de dire à tout le monde aussi qu’ils ne savent pas tellement de choses. Les gens du kibboutz Nir Oz, c’était des gens de gauche qui œuvrent pour la paix. Ils travaillaient et soignaient des Palestiniens. J’ai envie de rappeler ça parce qu’on a l’impression que la gauche israélienne personne ne sait qu’elle a existé. J’ai envie de rappeler que ce n’est pas un peuple génocidaire. »
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Le film « Le dernier des Juifs » dans lequel elle joue narre la terrible « alyah interne » en France.
Bellisha a 27 ans et mène une vie de petit retraité : il va au café, fait le marché, flâne dans la cité… Il vit chez sa mère Giselle, qui sort très peu et à qui il fait croire qu’il est solidement intégré dans la vie active. Le vent tourne quand Giselle s’aperçoit qu’ils sont les derniers Juifs de leur cité. Elle se convainc qu’il faut qu’ils partent eux aussi. Bellisha n’en a pas très envie, mais fait croire à sa mère, pour la rassurer, qu’il prépare leur départ.
Ce film, avec Michael Zindel et Agnès Jaoui, sortira dans les salles françaises le 24 janvier prochain.
Devenu nécessaire en raison de l’antisémitisme des cités, le terrible phénomène de « l’alyah interne » en France voit certains Juifs déménager pour fuir l’insécurité.
La France compte la plus importante communauté juive d’Europe, avec un demi-million de personnes. La moitié vit en région parisienne, où les chercheurs constatent depuis des années une « forte mobilité géographique d’une partie de cette population », globalement de l’Est vers l’Ouest parisien, expliquait en 2016 à l’AFP Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop. Ce mouvement s’ajoute aux chiffres de l’alyah, l’émigration juive vers Israël, sans compter les installations dans d’autres pays, comme la Grande-Bretagne, les États-Unis ou le Canada, à un niveau comparable à celui de l’alyah.
En Île-de-France, « sur une quinzaine d’années, des effectifs de populations ou de familles juives se sont effondrés dans toute une série de communes de Seine-Saint-Denis », relevait le politologue en 2016. « À Aulnay-sous-Bois, le nombre de familles de confession juive est ainsi passé de 600 à 100, au Blanc-Mesnil de 300 à 100, à Clichy-sous-bois de 400 à 80 et à La Courneuve de 300 à 80 », recensait-il alors dans son ouvrage L’an prochain à Jérusalem, se basant sur des données communautaires. Les chiffres auraient encore baissé depuis.
Le phénomène commence lors de la seconde Intifada, en 2000. Le conflit israélo-palestinien s’exporte alors dans la métropole, avec « une multiplication exponentielle des actes et menaces antisémites, qui rendent la vie quotidienne très difficile dans un certain nombre de quartiers ».