Allemagne : essor de toutes les formes d’extrémisme violent
Extrême-gauche, extrême-droite, islamisme : les actes violents commis par ces extrêmes ont augmenté
Toutes les formes d’extrémisme violent (extrême droite, extrême gauche et islamisme) ont enregistré un essor important en 2015 en Allemagne, a relevé mardi dans son rapport annuel le service de renseignement intérieur, l’Office de protection de la Constitution.
« Les scènes extrémistes, quelle que soit la tendance, rencontrent un succès (croissant) en Allemagne. L’Office de protection de la Constitution a observé non seulement une croissance du nombre des partisans mais aussi une hausse de leur propension à la violence et à la brutalité », a déclaré le ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière dans un communiqué.
1 408 actes de violences d’extrême droite ont été recensés en 2015, contre 990 l’année précédente. Cette hausse s’explique largement, selon le rapport, par l’arrivée en 2015 en Allemagne de centaines de milliers de migrants.
Les renseignements allemands relèvent à ce titre que la crise migratoire et les récents attentats jihadistes en Europe ont apporté de l’eau au moulin des mouvements d’extrême droite.
« La scène d’extrême droite se sent le vent en poupe : sa capacité de mobilisation et ses thèmes ont trouvé un accès au débat » politique agitant le pays, constatent les auteurs du rapport, qui notent aussi que ces idées se sont diffusées « au milieu » de la société, un changement profond pour l’Allemagne, marquée par son passé nazi et qui a longtemps résisté à la montée de tels discours.
Entre actes de violences contre la police et ses adversaires politiques, l’extrême gauche de son côté a commis en 2015 1 608 délits ou crimes violents enregistrés, contre 995 l’année précédente.
Ces mouvances ont particulièrement mobilisé lors de la présidence allemande du G7 l’année passée, l’inauguration du siège de la Banque centrale européenne, qui a dégénéré en violences à Francfort, et lors d’actions pour paralyser les mines de charbon de grandes multinationales.
Les idéologies islamiste et jihadiste ont aussi connu un essor important, même si le renseignement intérieur reconnaît avoir du mal à quantifier le phénomène. Le nombre de militants actifs est estimé à environ 10 000.
Le rapport note que les attentats de Paris et Bruxelles laissent craindre « d’autres attaques en Europe et donc aussi en Allemagne », et que la crise migratoire a probablement permis l’entrée dans le pays de jihadistes et de criminels de guerre d’Irak ou de Syrie. Trois sources de menaces sont citées : des groupes ou individus auto-radicalisés notamment via internet, les personnes rentrant du « jihad » en Syrie, et des cellules « dormantes » établies par des « organisations terroristes ».