Israël en guerre - Jour 66

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Opinion

Alors que Tsahal se prépare à entrer dans le Hamastan, Israël retient son souffle

Au 14e jour de guerre, nous savons tous que la mission doit réussir parce que nous devons être en mesure de vivre en sécurité sur notre petit bout de terre

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Des soldats israéliens écoutant le ministre de la Défense, Yoav Gallant, lors de sa visite d'une zone de transit près de la frontière avec la bande de Gaza, dans le sud d'Israël, le 19 octobre 2023. (Crédit : Tsafrir Abayov/AP Photo)
Des soldats israéliens écoutant le ministre de la Défense, Yoav Gallant, lors de sa visite d'une zone de transit près de la frontière avec la bande de Gaza, dans le sud d'Israël, le 19 octobre 2023. (Crédit : Tsafrir Abayov/AP Photo)

Le marché aux légumes Mahane Yehuda de Jérusalem, qui compte toujours parmi les lieux les plus animés de la capitale israélienne, était lamentablement sous-peuplé jeudi, bien pire que tout ce que l’on avait pu voir au plus fort du COVID. En début de soirée, de nombreux étals étaient fermés tandis que d’autres baissaient leurs volets métalliques, avec de grandes quantités de produits invendus, dont une grande partie sera probablement inutilisable d’ici la réouverture du marché, après Shabbat, dimanche matin.

Dans le monde, une grande partie de la communauté internationale se dispute actuellement de manière obscène pour savoir si les monstres du Hamas qui, il y a deux semaines, ont massacré, décapité, brûlé, violé et enlevé nos citoyens, à l’intérieur de nos maisons et de nos communautés, sur notre terre souveraine, doivent être considérés comme des « terroristes ». Une grande partie de la communauté internationale choisit d’accorder du crédit à l’affirmation sans preuves du Hamas selon laquelle Israël a bombardé un hôpital de Gaza, plutôt qu’à la conclusion factuelle de Tsahal selon laquelle un missile du groupe terroriste du Jihad islamique palestinien était à l’origine du tir raté.

Mais ici, à l’intérieur d’Israël, en ce moment même, malgré toute notre indignation face à la fausse représentation et à la mauvaise perception de ce qui se passe, nous sommes préoccupés par la mission imminente de l’armée consistant à envoyer des forces terrestres à Gaza pour tenter de faire en sorte que le Hamas ne puisse plus jamais nous faire de mal.

Les Israéliens ont été évacués du sud. Ils sont maintenant évacués de certaines parties du nord, alors que le Hezbollah intensifie progressivement les affrontements dans cette région.

Les tirs de roquettes en provenance de Gaza sont incessants. Ils sont traumatisants pour le centre d’Israël, qui dispose néanmoins d’un peu de temps pour se précipiter dans des mamadim (pièces sécurisées) et des miklatim (abris anti-bombes), ainsi que de la protection généralement fiable du système de défense anti-missile « Dôme de fer » ; ils sont potentiellement mortels pour le sud, dont les habitants n’ont que très peu de temps pour se mettre à l’abri. Parmi les quelques personnes qui faisaient leurs courses au shouk Mahane Yehuda jeudi, une bonne partie venait du sud, profitant de l’occasion pour s’aventurer dans un environnement relativement sûr.

Le pays n’a jamais été aussi silencieux. En ce moment, les seuls sons que je peux entendre dans tout mon quartier sont les gazouillis des oiseaux. Les rues d’Israël, généralement bondées, sont plus vides qu’elles ne l’ont été depuis des dizaines d’années. Les magasins fonctionnent avec un personnel réduit, fermant tôt ou n’ouvrant pas du tout – trop de personnel ayant été rappelé dans les rangs de l’armée. Chaque jour apporte son lot de d’images impossibles à regarder sur les horreurs perpétrées par le Hamas contre nos enfants, nos parents et nos grands-parents. Chaque jour apporte son lot d’enterrements.

Tout le monde ici connaît non seulement un ou plusieurs des 1 400 Israéliens qui ont été massacrés ou enlevés par le Hamas dans le sud d’Israël depuis le 7 octobre, mais aussi un ou plusieurs des centaines de milliers de soldats de notre armée permanente et de nos réservistes appelés à rejoindre Tsahal qui s’apprête à s’aventurer dans le Hamastan – un enfer de maisons piégées, de tunnels terroristes souterrains, d’hommes armés déguisés en civils et je ne sais quelles autres horreurs.

Nous savons tous que notre armée fera exactement ce que le Hamas – une armée terroriste extrémiste islamique qui a juré de nous détruire – veut que Tsahal fasse : pénétrer, les yeux ouverts, dans un piège. Et nous savons tous que le Hamas a été terriblement sous-estimé par nos dirigeants politiques et militaires avant le 7 octobre.

Nous apprécions énormément la solidarité et le soutien pratique que nous apportent le président américain Joe Biden et son administration. Sa visite nous a réchauffé l’âme. Il s’est exprimé comme un grand-père qui sait que sa famille est en difficulté, faisant preuve d’une empathie personnelle fondée sur sa propre expérience du deuil, et nous a promis ce qui suit : « Les États-Unis ne vont nulle part non plus. Nous serons à vos côtés. Nous marcherons à vos côtés dans ces jours sombres, et nous marcherons à vos côtés dans les bons jours à venir. Et ils viendront. »

Viendront-ils ? De la bouche de Biden à l’oreille de Dieu.

Nous savons que cette guerre prendra du temps et qu’elle entraînera des pertes encore plus terribles – des deux côtés, dans un Gaza où les citoyens ne peuvent pas facilement échapper à la guerre et où, dans de nombreux cas, nous dit-on, le Hamas les empêche d’évacuer.

Comment mettre hors d’état de nuire une vaste armée terroriste qui utilise cyniquement des civils comme boucliers humains ? Deux semaines après l’irruption en Israël de 2 500 terroristes du Hamas, nous ne sommes toujours pas sûrs de les avoir tous expulsés d’Israël. Aujourd’hui, l’armée israélienne cherche à les éradiquer, par dizaines de milliers, de Gaza.

Tout cela alors que le Hezbollah, dans le sud du Liban, cherche à entraîner Tsahal dans une guerre sur un second front, que la Cisjordanie est en ébullition, que l’Iran attend et que la communauté internationale se révèle largement incapable de faire écho à la clarté morale de Biden et que l’on peut s’attendre à ce qu’elle clame de plus en plus fort son opposition à notre pays.

Nous savons que nos soldats sont courageux et motivés. Nous les voyons s’encourager les uns les autres dans les « zones de rassemblement » autour de Gaza. Nous espérons qu’ils sont correctement équipés. Nous savons que les unités de commando et l’armée de l’air n’ont nuls autres pareils. Le moral est au beau fixe.

Ils savent que le pays est derrière eux. Ils sont le pays. Le destin d’Israël est entre leurs mains, et entre les mains des commandants qui, nous l’espérons, ont retrouvé leur capacité d’action.

Nous retenons notre souffle.

Nous savons tous que la mission doit réussir. Parce que nous devons pouvoir vivre en sécurité sur notre petit bout de terre et que, depuis le 7 octobre, nous ne sommes pas sûrs d’y parvenir.

Et parce que, comme l’a également fait remarquer Biden, nous savons ce qu’il advient des Juifs partout dans le monde sans Israël. Nous voyons d’ailleurs que cela recommence déjà.

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