Anne Frank sortie des programmes scolaires, indignation en Croatie
Le régime oustachi est responsable de la mort de centaines de milliers de juifs, de Serbes, de Roms et de militants croates antifascistes
Une décision de ne plus recommander aux écoliers croates la lecture du Journal d’Anne Frank suscite l’indignation de nombreux Croates, dont 3 000 avaient déjà signé jeudi une pétition exigeant sa réintégration dans les programmes scolaires.
Jusqu’à présent, les enseignants croates disposaient d’une liste d’ouvrages littéraires à recommander à leurs élèves en cours de croate.
En faisait partie Le Journal d’Anne Frank, écrit entre 1942 et 1944 par cette adolescente juive d’Amsterdam qui est morte au camp de Bergen Belsen en 1945 un an après avoir été découverte et déportée avec sa famille. Cette liste d’ouvrages recommandés a été supprimée.
Cette décision a suscité l’indignation en Croatie, où durant la Seconde Guerre mondiale, le régime collaborateur oustachi a pris part à la politique nazie d’extermination des juifs.
« L’Holocauste n’est pas une question qui peut être supprimée des cours de croate », selon la pétition qui réclame que Le journal d’Anne Frank soit inclus dans une autre liste, celle des livres que les élèves du pays doivent impérativement lire durant leur scolarité.
La ministre de l’Éducation Blazenka Divjak a expliqué jeudi sur sa page Facebook qu’elle « acceptait les critiques » et qu’une enquête serait menée auprès des enseignants pour recueillir leur avis.
En 2017, la direction d’une école de la ville côtière de Sibenik avait été critiquée pour avoir annulé une exposition consacrée à Anne Frank, au motif que certains panneaux étaient consacrés aux crimes des Oustachis. Elle s’indignait que ceux-ci y soient dépeints comme des « criminels » quand les crimes de leurs adversaires communistes n’étaient pas évoqués.
Le régime oustachi est responsable de la mort de centaines de milliers de juifs, de Serbes, de Roms et de militants croates antifascistes.
Depuis plusieurs années, les autorités croates sont accusées de relativiser les crimes oustachis et de ne pas lutter contre un regain de la nostalgie pro-nazie dans ce pays membre de l’Union européenne.