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Arabie/Etats-Unis : un partenariat stratégique émaillé de crises

Joe Biden est attendu en Arabie Saoudite, qu'il avait promis de traiter en "paria" ; il invoque la nécessité de "contrer la Russie" et d'assurer la "stabilité" au Moyen-Orient

Des drapeaux américain et saoudien flottent avant la visite du président américain Joe Biden, sur une place de Jeddah, en Arabie saoudite, le14 juillet 2022. (Crédit : AP/Amr Nabil)
Des drapeaux américain et saoudien flottent avant la visite du président américain Joe Biden, sur une place de Jeddah, en Arabie saoudite, le14 juillet 2022. (Crédit : AP/Amr Nabil)

L’Arabie saoudite et les Etats-Unis sont liés par un partenariat de longue date en matière de sécurité, même si plusieurs crises ont émaillé leurs relations.

Joe Biden se rend vendredi pour la première fois en tant que président américain dans ce pays.

Il rencontrera le prince héritier Mohammed Ben Salmane, tournant la page de la brouille ayant suivi l’assassinat atroce du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.

La guerre en Ukraine a propulsé les cours du pétrole à des niveaux record et Washington veut notamment obtenir du royaume saoudien qu’il accroisse ses exportations.

Le président américain Joe Biden à Jérusalem, le 14 juillet 2022. (Crédit : MANDEL NGAN/AFP)

Partenariat dès 1945

La découverte à la fin des années 1930 de vastes réserves de pétrole sous les sables du désert saoudien donne au royaume le rang de partenaire vital pour les Etats-Unis, avides d’or noir.

Le 14 février 1945, leur partenariat est scellé lors d’une rencontre historique entre le roi Abdel Aziz ben Saoud et le président Franklin D. Roosevelt. Le pacte assure au royaume une protection militaire contre un accès privilégié au pétrole.

Arme du pétrole

Le 16 octobre 1973, dix jours après le début de la guerre israélo-arabe, les pays arabes de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) menés par Ryad font du pétrole une arme, augmentant son prix de 70 % et imposant un embargo pétrolier (octobre 1973 – mars 1974) aux soutiens d’Israël, y compris les Etats-Unis.

Coopération, attentats

Après l’invasion du Koweït par l’Irak de Saddam Hussein en août 1990, l’Arabie saoudite autorise le déploiement de centaines de milliers de militaires américains sur son sol. Le pays va servir de base à la coalition internationale, dirigée par Washington, qui chasse les troupes irakiennes.

A partir du Koweït, les avions de la coalition vont décoller pour faire respecter une « zone d’exclusion aérienne » au-dessus du sud de l’Irak, provoquant la colère des extrémistes saoudiens qui mènent deux attentats anti-américains sur le sol saoudien dans les années 1990.

11 Septembre

Après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, revendiqués par Al-Qaïda, les relations bilatérales connaissent leur revers le plus sérieux : 15 des 19 pilotes qui avaient détourné les avions et provoqué la mort de quelque 3 000 personnes étaient des Saoudiens.

De la fumée s’échappe d’une des tours du World Trade Center tandis que des flammes et des débris explosent de la deuxième tour, mardi 11 septembre 2001. (AP Photo/Chao Soi Cheong)

L’Arabie saoudite est accusée de financer en sous-main l’extrémisme islamiste. Washington transfère au Qatar le QG de ses forces aériennes dans le Golfe.

Crise sous Obama

En octobre 2013, Ryad annonce son refus de siéger au Conseil de sécurité de l’ONU pour protester contre l’inaction du Conseil, mais aussi de Washington, face à la guerre en Syrie.

L’Arabie saoudite, qui appuie la rébellion contre le président Bachar al-Assad, n’a pas caché sa colère après que le président Barack Obama a renoncé en septembre à des frappes contre le régime syrien coupable d’attaques chimiques sur son propre peuple.

L’accord sur le nucléaire conclu en 2015 avec l’Iran, son grand rival, ébranle davantage la confiance de Ryad.

Soutien sous Trump

Le royaume salue l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, reçu avec faste en mai 2017 pour son premier déplacement présidentiel à l’étranger. Trump y appelle à « isoler » l’Iran chiite.

Ryad et Washington annoncent des méga-contrats excédant 380 milliards de dollars, dont 110 pour des ventes d’armements américains au royaume.

Après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en octobre 2018, Trump n’a pas exclu que le prince héritier Mohammed ben Salmane ait été au courant. Mais « les Etats-Unis entendent rester un partenaire inébranlable de l’Arabie saoudite », dit-il.

Des gens tiennent des affiches représentant le journaliste saoudien Jamal Khashoggi et allument des bougies lors d’un rassemblement devant le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, le 25 octobre 2018. (Crédit : Yasin Akgul / AFP)

Le « recalibrage » de Biden

Peu après son installation à la Maison Blanche, fin janvier 2021, Joe Biden appelle à la fin de la guerre au Yémen et interrompt les ventes d’armes à la coalition menée par Ryad.

Le 12 février, Washington retire les rebelles yéménites, appuyés par l’Iran, de sa liste des « organisations terroristes ».

Le 26, le rapport du renseignement américain sur le meurtre de Khashoggi est rendu public. Il accuse le prince héritier d’avoir « validé » l’assassinat, ce que l’Arabie dément.

La Maison Blanche indique que Joe Biden entend « recalibrer » la relation avec Ryad et communiquera avec le roi Salmane, plutôt qu’avec MBS.

« Contrer la Russie »

Début juin 2022, Joe Biden admet envisager de se rendre en Arabie Saoudite, qu’il avait pourtant promis de traiter en Etat « paria » pendant sa campagne.

Accusé de revirement, il justifie son déplacement le 10 juillet par la nécessité notamment de « contrer la Russie » et d’assurer une « plus grande stabilité » au Moyen-Orient.

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