Armes, drones et équipements de surveillance : Big Brother à Tel Aviv
Certaines des technologies présentées à la 5e Exposition internationale de sécurité nationale et virtuelle avaient de quoi rendre James Bond jaloux

Nous vivons dans un monde dangereux.
C’est en tout cas l’impression que j’ai ressentie après avoir passé une journée parmi les exposants israéliens à la 5ème Exposition internationale de sécurité nationale et virtuelle qui se tient à Tel Aviv.
On peut y voir des présentations israéliennes d’armes, de drones, d’engins anti-drones, d’équipements de surveillance et de capteurs pour détecter des explosifs, des drogues et des produits chimiques industriels toxiques. Et cela m’a permis de prendre la mesure de la place de la technologie dans notre monde contemporain : on peut identifier mon visage au milieu d’une foule compacte à l’aéroport, écouter ma conversation privée alors que des dizaines d’autres personnes parlent dans la salle ou détecter ma présence grâce à de l’imagerie thermique.
Big Brother et Big Sister sont bien présents.
Israël – comme l’a affirmé Yigal Unna, directeur général du Directoire virtuel et national d’Israël, aux visiteurs venus du monde entier – est un poids lourd en ce qui concerne l’activité dans l’espace virtuel.

Des 500 plus importantes entreprises de technologies virtuelles du monde, 354 sont américaines, mais Israël arrive juste après avec 82. Même si 40 d’entre elles sont enregistrées aux Etats-Unis pour des raisons fiscales, elles opèrent bien en Israël.
N’oubliez pas, a rappelé Unna, que l’économie américaine est 3 000 fois plus grande que celle d’Israël et sa population 50 fois plus importante.
Si l’on regarde le bon côté des choses (parce que l’idée que certains de ces objets puissent être exploités par des esprits mal intentionnés est trop inquiétante), les différents équipements exposés sont censés faire du monde un endroit meilleur.
N’allez cependant pas croire que l’on m’a révélé tous les secrets de ces gadgets.

Au stand de Verint Systems, on donnait des explications en espagnol sur les produits à des officiers de police du Chili habillés en civil tandis que le représentant commercial francophone vantait les mérites du programme informatique de sécurité et de renseignement à deux experts en sécurité venus du Sénégal.
Quand je me suis approchée, le représentant m’a expliqué qu’il ne pouvait pas parler aux journalistes.
« Question de sécurité », m’a murmuré la représentante d’un autre stand, après avoir poliment refusé de me parler de son entreprise, Wintego.
Wintego se présente comme une société qui propose des « solutions de communication de pointe, de renseignement virtuel et d’extraction de données ».

A l’inverse, chez XM Cyber, on était plus qu’heureux de parler du programme avancé de simulation de menace et de solutions, qui a déjà levé 19,3 millions d’euros de financements.
En langage simple, XM – co-fondée par l’ancien chef du Mossad Tamir Pardo – fournit un « pirate informatique pour les gentils » qui cherche constamment des failles informatiques dans les systèmes de données. S’il trouve une faille, il vous dit quoi faire pour récupérer les données.

Dans l’espace de Sharp Shooter, un visiteur essayait un fusil destiné à aider l’armée et les professionnels du maintien de l’ordre à « neutraliser rapidement et efficacement leurs cibles », selon leur argumentaire.
Alors que les armes classiques laissent le tireur viser la cible à travers la mire, Sharp Shooter confie à la technologie le travail de viser la cible pour un tir précis.
« Un tir, c’est un tir réussi », lit-on sur le poster promotionnel.
Safe Shoot cherche aussi à éviter les tirs fratricides en équipant les combattants d’un même camp d’un appareil qui utilise un GPS, une fréquence radio et d’autres capteurs pour les prévenir si un camarade est dans leur ligne de tir, même si celui-ci n’est pas visible.
Cette technologie vise à résoudre le problème rencontré par toutes les armées du monde où jusqu’à 25 % des blessés seraient dus à des tirs fratricides.

Dans le même temps, Insight Acoustics faisait la promotion de sa « surveillance accoustique… dans les cas où il est impossible de lire sur les lèvres ».
Le représentant commercial m’a montré un morceau de plafond, modifié avec une petite caméra de nombreux microphones pointés dans différentes directions.
Les données collectées – qui peuvent être utilisées en temps réel dans une pièce de surveillance ou après avec des enregistrements, permettent à l’opérateur de se focaliser sur différentes personnes dans une vidéo et d’écouter ce que chaque personne dit.
Le jeune homme m’a dit que beaucoup de visiteurs ont été intéressés par le produit, tout particulièrement dans le domaine de la sécurité aéroportuaire et les entreprises de surveillance.
C’est vous qui le dites...