Arte diffusera “Les nouveaux visages de l’antisémitisme” le 21 juin
Le documentaire sera finalement diffusé le 21 juin à 23h00 ; la chaîne française ayant décidé de s'aligner sur la première chaîne allemande qui diffusera le documentaire suivi d'un débat
Arte revient sur sa décision initiale de ne pas diffuser le film « Les nouveaux visages de l’antisémitisme », qui a produit un véritable tollé, surtout en Allemagne, où les historiens ont pris la tête de la fronde.
Résultat, devant la pression, la chaîne franco-allemande va diffuser le film le 21 juin à 23h, suivi d’un débat, annonce Télérama.
« Cette décision crée une situation nouvelle : les téléspectateurs allemands ayant accès à ce documentaire, il convient de faire en sorte qu’il en soit de même pour les français », explique Arte dans un communiqué.
Arte justifie sa décision initiale de ne pas diffuser le film par le fait que le résultat final ne correspondrait pas au cahier des charges initial. Au lieu de présenter le panorama clair des manifestations de l’antisémitisme en Europe, pays par pays, commandé initialement, le réalisateur Joachim Shroeder, qui revendique un parti-pris engagé pro-juif, aurait mélangé pêle-mêle les manifestations antisémites émanant de l’extrême-droite, des banlieues et monde arabo-musulman, du discours politique palestinien et des libertaires antisionistes allemands, selon Alain Le Diberder, directeur des programmes de la chaîne.

« Je pense qu’ils n’ont pas apprécié que nous dressions la liste des actes antisémites et anti-sionistes commis en France depuis 2006 », explique Joachim Shroeder au Monde qui avait publié une enquête sur le sujet.
Mettre en évidence les relations entre anti-sionisme et antisémitisme est justement l’un des angles d’attaques du film, pour lequel les réalisateurs se sont rendus en Israël et à Gaza « pour examiner les récits antisémites les plus communs ».
La réalisation de ce film a suscité de nombreuses discussions dans les couloirs de la chaîne franco-allemande.
« Il faut que vous compreniez que le sujet est très délicat, a dit un jour Marco Nassivera, directeur de l’information d’Arte. Nous sommes coincés entre les lobbys juifs et musulmans. C’est la raison pour laquelle la conclusion de ce documentaire doit rester indéterminée. »
Mais Schroeder ne démord pas et mène son projet à bout, soutenu par une partie de la hiérarchie de la chaîne du côté allemand. Il est à noter que dès la genèse de ce documentaire, c’est la partie française du duo franco-allemand que forme Arte qui avait montré quelques réticences et demandé des garanties en la personne d’un psychologue arabe israélien reconnu, Ahmad Mansour, qui vit à Berlin. Son rôle aurait été de contre-balancer la fougue de Shroeder.
La vigueur du débat qui a suivi l’interdiction en Allemagne, où l’on a vu le journal Bild diffuser une version pirate du documentaire (« Notre responsabilité historique nous oblige à nous confronter à l’indicible que nous révèle ce documentaire »), et ce, avec l’aval tacite d’Arte-Allemagne, montre aussi que la question de l’antisémitisme ne revêt pas la même importance, et ne réveille pas les mêmes passions, dans les deux pays.
Du fait de l’histoire allemande, la dénonciation de l’antisémitisme outre-Rhin apparaît souvent plus virulente et passionnée qu’elle ne l’est en France, et pourrait expliquer cette différence de traitement d’un même sujet.