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Avec ou sans le Royaume-Uni, l’Europe ne sera plus la même

"Il serait insensé pour nous d'ignorer un signal d'alarme tel que le référendum britannique", a averti Donald Tusk

La campagne du "Remain", pour que le Royaume-Uni reste dans l'Union européenne, avait organisé une chaîne de baisers entre des personnes portant des drapeaux du Royaume-Uni et de l'Union européenne, devant la Chambre du Parlement, à Londres, le 19 juin 2016. (Crédit : AFP/Daniel Leal-Olivas)
La campagne du "Remain", pour que le Royaume-Uni reste dans l'Union européenne, avait organisé une chaîne de baisers entre des personnes portant des drapeaux du Royaume-Uni et de l'Union européenne, devant la Chambre du Parlement, à Londres, le 19 juin 2016. (Crédit : AFP/Daniel Leal-Olivas)

Un peu de surréalisme n’a jamais effrayé Bruxelles. Depuis des semaines, les responsables européens ont tenté de bannir le terme « Brexit » du vocabulaire officiel, esquivant les débats trop sensibles sur le sort du Royaume-Uni.

Mais dans les coulisses, le sujet est sur tous les agendas. Car quelle que soit l’issue du vote des Britanniques, partir ou rester, l’Union européenne devra certainement entreprendre des changements d’une ampleur inédite afin de poursuivre son chemin.

Un divorce entre le Royaume-Uni et l’UE, premier du genre, porterait un nouveau coup à une Union déjà affaiblie par la crise migratoire, la mauvaise passe de son économie et la menace croissante du terrorisme.

Et même si le pays décidait de rester, le statu quo ne serait pas une option viable, tant les thèmes qui ont agité la campagne du référendum britannique ont trouvé écho sur un Vieux Continent semblant avoir perdu confiance dans l’utopie européenne d’après-guerre.

« Il serait insensé pour nous d’ignorer un signal d’alarme tel que le référendum britannique », a averti le président du Conseil européen lui-même, Donald Tusk.

Donald Tusk, président du Conseil européen, en 2014 (Crédit : Wikimedia Commons)
Donald Tusk, président du Conseil européen, en 2014 (Crédit : Wikimedia Commons)

Dès les jours suivants le référendum, les dirigeants européens, qui n’ont pas brillé par leur discipline ces derniers mois pour trouver des solutions aux crises successives, devront s’entendre sur la marche à suivre.

Mais même si le sentiment d’un changement nécessaire est partagé, « si vous regardez dans les détails pratiques, vous vous heurtez vite à des difficultés », note Chris Bickerton, professeur à l’Université de Cambridge et auteur de « L’Union européenne : un guide pour les citoyens ».

Initiatives

« Il est très possible que les institutions communautaires aient un réflexe de type ‘retour au travail, retour à la normale' », estime Vivien Pertusot, analyste pour l’Institut français de relations internationales (Ifri), basé à Bruxelles.

Le président français François Hollande a promis mercredi que des initiatives seraient prises « quoi qu’il se passe » pour faire « évoluer la construction européenne ».

Une initiative du couple franco-allemand est notamment envisagée, pouvant inclure des éléments d’une Europe « à deux vitesses », ou se limiter à la politique étrangère étant donné que les deux pays ont des avis divergents sur l’intégration de la zone euro.

La chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, François Hollande. (Crédit : AFP)
La chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, François Hollande. (Crédit : AFP)

« Les Français et les Allemands vont annoncer une initiative conjointe mais s’en tiendront strictement à la sécurité et à la défense. Essayer de s’entendre rapidement sur l’économie, c’est trop difficile », a rapporté un haut responsable de la zone euro, sous condition d’anonymat.

En cas de maintien de son pays dans l’UE, le Premier ministre David Cameron a d’ores et déjà prévenu qu’il exigerait plus de réformes sur la liberté de circulation, en plus des marges déjà négociées en février dans un accord avec ses 27 homologues.

« Je ne pense pas que les réformes s’arrêtent le 23 juin, la voix des réformes sera renforcée car nous aurons eu un référendum », a-t-il déclaré dans un entretien au Guardian, tandis que le camp du Brexit assure de son côté pouvoir négocier de nouveaux accords commerciaux avantageux avec l’Union.

Le Premier ministre britannique David Cameron pendant la campagne sur le référendum pour le maintien ou la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, dans sa circonscription de Witney, dans le centre de l'Angleterre, le 14 mai 2016. (Crédit : Eddie Keogh/Pool/AFP)
Le Premier ministre britannique David Cameron pendant la campagne sur le référendum pour le maintien ou la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, dans sa circonscription de Witney, dans le centre de l’Angleterre, le 14 mai 2016. (Crédit : Eddie Keogh/Pool/AFP)

« Les hommes politiques britanniques et les électeurs britanniques doivent savoir qu’il n’y aura en aucune sorte de nouvelle négociation » avec le Royaume-Uni, a insisté mercredi M. Juncker.

‘Spirale négative’

La crainte de nombreuses capitales européennes, quelle que soit l’issue du scrutin britannique, est de voir se multiplier les appels aux référendums.

A l’extrême droite française, Marine Le Pen a déjà fait part de son souhait que se tienne « dans chaque pays » un vote populaire sur l’appartenance à l’Union, tout comme les euro-sceptiques danois, néerlandais et suédois.

Un vote britannique en faveur d’une sortie de l’UE aurait de son côté, à l’évidence, l’effet d’un tremblement de terre.

Pour Donald Tusk, cela mènerait non seulement à « la destruction de l’UE mais aussi de la civilisation politique occidentale ».

Ce ne sera pas le « coup fatal », explique pour sa part à l’AFP le professeur Bickerton, étant donné le rôle central de l’UE dans la vie politique européenne, mais cela pourrait annoncer un changement fondamental en direction d’une union moins intégrée.

« Je ne pense pas qu’elle disparaîtrait soudainement mais à long terme, on pourrait voir un déclin progressif et quelque chose de différent émerger », avance-t-il.

« L’UE se trouve dans une spirale négative, et on commence à peine à remarquer le négatif », observe Janis Emmanouilidis, du Centre de politique européenne, un think tank basé à Bruxelles. « Même un vote en faveur du maintien ne changera pas l’humeur générale », prédit-il.

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