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Barkan: employés éthiopiens maintenus, la Eda Haredit révoque sa certification

L'organisme de casheroute, à l'origine d'un scandale de racisme, a expliqué avoir gelé sa certification casher pour certains vins en raison de doutes sur la judéité des employés

L'usine de production Barkan à Hulda, dans le centre d'Israël. (Crédit : capture d'écran YouTube)
L'usine de production Barkan à Hulda, dans le centre d'Israël. (Crédit : capture d'écran YouTube)

Une entreprise viticole israélienne majeure, qui se trouve actuellement au centre d’un scandale entraîné par des accusations de racisme, a perdu son sceau d’approbation de la part d’une autorité stricte de casheroute qui avait exigé qu’il soit interdit à des employés éthiopiens d’entrer en contact avec le vin en raison de doutes ostensibles sur leur judéité.

L’entreprise Barkan, qui avait d’abord éloigné ses ouvriers avant de les réintégrer, a indiqué jeudi dernier que l’entreprise avait perdu la certification d’Eda Haredit, un groupe ultra-orthodoxe privé appartenant à la ligne dure, a fait savoir la chaîne publique Kan.

Gavriel Poppenheim, responsable d’Eda Haredit, a expliqué à la chaîne publique Kan que l’autorisation délivrée à Barkan avait été suspendue en partie « jusqu’à ce que la situation des employés éthiopiens soit clarifiée ». Il a déclaré que la certification avait été révoquée pour certains vins, mais pas pour tous.

La suspension de ce sceau d’approbation est survenue vingt-quatre heures après que l’entreprise viticole a réaffecté ses ouvriers éthiopiens à leurs emplois habituels, dans un contexte de vives critiques de la part de personnalités politiques et religieuses et d’appels nombreux, sur les réseaux sociaux, au boycott de ce fabricant de vin casher.

Ces réactions furieuses contre Barkan avaient émergé lundi dernier après qu’une enquête sous couverture réalisée par Kan a révélé que le producteur avait interdit à ses employés éthiopiens de manipuler le vin dans le but d’obtenir une certification de casheroute supplémentaire plus rigoureuse, celle de la Eda Haredit. L’autorité privée avait exigé à Barkan d’éloigner les ouvriers éthiopiens du vin, citant une interdiction juive qui interdit aux non-Juifs de toucher les produits.

Si le Grand-Rabbinat israélien reconnaît la judéité de la communauté éthiopienne, ce n’est pas le cas de certaines communautés ultra-orthodoxes.

Des employés de la société Barkan, qui ont changé de poste en raison de doute sur leur judéité. (Crédit : capture d’écran Kan)

Dans un enregistrement d’une conversation téléphonique obtenue par Kan, le PDG de l’entreprise, Gilles Assouline, admettait qu’il avait changé de poste trois employés juifs éthiopiens afin d’éviter qu’ils soient un contact direct avec le vin pour se conformer aux nouvelles réglementations. Il déclarait qu’il souhaitait obtenir cette nouvelle certification pour élargir son marché auprès des communautés ultra-orthodoxes, notant que « les affaires sont les affaires ».

Un certain nombre d’employés avaient alors indiqué être en colère et avoir été humiliés par cette nouvelle politique, qu’ils avaient qualifiée de « raciste ». Le Grand-Rabbin d’Israël avait pour sa part dénoncé un « racisme pur », le président israélien avait fustigé l’entreprise viticole, et le président de la Knesset avait condamné une politique « raciste » et « scandaleuse ».

Conversions officielles

Un porte-parole de la Eda Haredit a expliqué cette semaine au site religieux Israel National News que l’organisation avait demandé l’éloignement des Ethiopiens à Barkan jusqu’à la fin de la vérification de leur judéité.

« Dans les immigrations variées depuis l’Ethiopie, certains n’étaient pas Juifs », a expliqué le porte-parole. Il a noté que tous les immigrants éthiopiens au cours des trente dernières années n’avaient pas procédé officiellement à une conversion à leur arrivée. Il a clamé que la Eda Haredit avait réclamé que tous les employés éthiopiens se tiennent éloignés des cuves pour éviter de les insulter individuellement en leur demandant leur statut de conversion.

La Eda Haredit avait aussi défendu ses exigences strictes au début de la semaine, disant dans un communiqué transmis alors que l’indignation publique était à son comble que « son engagement vis-à-vis des amateurs de vins » impliquait que le groupe soit « encore plus scrupuleux en ce qui concerne la production de vin par ceux dont la judéité est douteuse ».

« Pur racisme »

Le reportage de Kan avait déclenché un tollé parmi les Israéliens laïcs et religieux. Un appel au boycott avait été lancé et certains avaient demandé qu’une enquête soit menée sur les pratiques de l’entreprise.

L’actuel grand-rabbin séfarade Yitzhak Yossef s’était engagé à enquêter sur ces politiques de recrutement, disant qu’il n’y avait « pas d’excuses à une telle injonction, [ce n’est rien] d’autre que du pur racisme ». Le président Reuven Rivlin avait exhorté le producteur à réparer cette « grave erreur » et à mettre un terme à cette interdiction.

Le superviseur de la Edah Haredit à l’usine Barkan. (Crédit : capture d’écran Kan)

Au fil de la semaine, un nombre croissant d’Israéliens – dont un député de Yesh Atid – avaient appelé à la démission d’Assouline ainsi qu’à un boycott de la société, reprenant régulièrement la phrase « les affaires sont les affaires ».

Mercredi matin, Barkan avait annoncé que tous ses employés éthiopiens retourneraient à leurs postes et pourraient évoluer sans restrictions dans l’usine.

Le groupe Tempo, qui possède Barkan, avait déclaré dans un communiqué qu’il « favorise l’égalité et s’oppose à toute manifestation de racisme ou de discrimination », ajoutant qu’il ne voulait pas se trouver impliqué dans « une forme de [conflit] politique ».

Si certains immigrants éthiopiens ont percé dans certains milieux et sont arrivés jusqu’à la Knesset, ils sont nombreux à déplorer un racisme systématique, une discrimination de la part des autorités religieuses, une pauvreté endémique et des violences policières.

Tamar Pileggi a contribué à cet article.

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