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Beit Haverim lance une réflexion sur l’antisémitisme dans les milieux de gauche

L'association juive LGBT+ a organisé une conférence pour montrer le malaise de nombre de leurs sympathisants qui ne se reconnaissent plus dans une gauche dans laquelle l'antisémitisme se répand au nom de l'anticolonialisme

Affiche annonçant la conférence de l'association juive LGBT Beit Haverim, le 8 décembre 2024, à Paris. (Beit Haverim)
Affiche annonçant la conférence de l'association juive LGBT Beit Haverim, le 8 décembre 2024, à Paris. (Beit Haverim)

Face à la montée spectaculaire de l’antisémitisme en France depuis le 7 octobre 2023, et sa progression, notamment, dans les cercles de gauche au nom de la défense des droits du peuple palestinien, l’association juive LGBT+ Beit Haverim a organisé une conférence autour de l’antisémitisme à destination de ses militants pour effectuer une mise au point.

La conférence intitulée « Penser l’antisémitisme et ses reconfigurations avec et dans les espaces LGBTQIA+ » s’est déroulée le 8 décembre dernier à la mairie du Xe arrondissement de Paris.

Intervenante lors de l’événement, la sociologue et maître de conférence Natacha Chetcuti-Osorovitz a accordé un entretien à Tenoua pour revenir sur le malaise des Juifs français qui ont une sensibilité de gauche face à l’antisionisme désormais répandu dans les milieux progressistes.

« Comme pour beaucoup d’entre nous, je suis arrêtée depuis le 7 octobre 2023 par la violence du silence d’une grande partie de la gauche, celle d’où je viens », affirme la sociologue. « Je suis également dans un état d’épuisement face à une guerre meurtrière qui vient rebattre les cartographies de mes positions à gauche. Où s’appartenir dans ces conditions en restant une intellectuelle de gauche, juive et lesbienne matérialiste ? ».

Elle évoque ensuite le désarroi qui s’est emparé d’elle face la réception en France des événements au Proche-Orient. « Après le 7 octobre, je ne savais plus, comme beaucoup de Juifs de gauche, où j’habitais », dit-elle.

« La tragédie m’a obligée à ne plus détourner le regard, à constater le décalage entre certains de mes amis, collègues et moi. À ce silence accablant s’ajoutent l’absence d’empathie et le devoir de positionnement ».

« Depuis le 7 octobre 2023, on assiste à […] une instrumentalisation de la droite qui a pris l’antisémitisme comme cause pour combattre les groupes racisés musulmans devenus “ennemis de l’État”. Du côté de la gauche, une grande partie se présentant comme queer décoloniale, pour qui “les Juifs” deviennent les ennemis de classe du fait de leur supposée proximité avec la matrice coloniale du pouvoir, qu’elle soit en Israël ou en France ».

La sociologue Natacha Chetcuti-Osorovitz donne une conférence intitulée « Eduquer pour choisir son genre » à la Chaire UNESCO Santé Sexuelle & Droits Humains, dans une vidéo publiée le 25 mai 2018. (Capture d’écran Youtube / Chaire UNESCO Santé Sexuelle & Droits Humains)

Natacha Chetcuti-Osorovitz décrit là l’étau dans lequel de nombreux Juifs de France se trouvent pris d’une manière beaucoup plus brutale depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroristes le 7 octobre.

Cette impression d’être coincé « entre la peste et le choléra » était particulièrement forte durant les élections législatives anticipées de juin 2024, alors que le Rassemblement national affichait un inconditionnel positionnement pro-Israël et que La France insoumise faisait campagne sur la dénonciation du « génocide » des Gazaouis aux mains de Tsahal.

Chetcuti-Osorovitz explique que « non seulement nous sommes sommées de nous positionner en tant que Juifs/Juives sur la politique actuelle d’Israël, mais le mot même « d’antisémitisme » devient impossible à prononcer dans des espaces de gauche et queer ».

Cette difficulté à dénoncer l’antisémitisme à gauche avait déjà été évoquée par la podcasteuse juive Julia Layani suite à l’antisémitisme qu’elle avait subi en tant que jurée d’un festival de courts-métrages LGBT+.

Dans la tempête médiatique que sa prise de parole avait suscitée, Julia Layani avait déclaré que « le mot ‘antisémitisme’, on a plus le droit de la prononcer parce qu’on est taxé de paranoïaque ».

C’est tout le sens de la sortie du silence de Beit Haverim, qui dénonce « une opposition [qui] semble en effet s’être créée entre ces deux combats que sont la lutte contre l’antisémitisme et celle contre les LGBTphobies ».

« La conférence organisée par Beit Haverim m’a permis comme elle a permis à d’autres personnes présentes de se sentir – le temps d’un moment – à la maison. Pour la première fois depuis des mois, nous étions audibles », a conclu Natacha Chetcuti-Osorovitz.

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