Biden confronté à de plus en plus d’appels à attaquer les bases des Houthis – média
Le NYT rapporte que certains membres du Pentagone préconisent des frappes contre les installations armées des factions terroristes soutenues par l'Iran
Les hauts commandants du Pentagone implorent le président américain Joe Biden de prendre des mesures plus agressives contre les mandataires iraniens en mer Rouge, a rapporté dimanche le New York Times.
Dans le même temps, le ministre britannique de la Défense Grant Shapps a exprimé la volonté de son pays de frapper les rebelles, tandis que le ministre des Affaires étrangères David Cameron a clairement dit à son homologue iranien que le Royaume-Uni considère l’Iran comme coupable de la perturbation de cette route maritime majeure.
Ces mises en garde font suite à une confrontation entre les troupes américaines et les Houthis du Yémen, soutenus par l’Iran, qui s’est déroulée dimanche. Des hélicoptères de la marine américaine ont coulé trois bateaux houthis en mer Rouge en répondant à un appel de détresse lancé par un navire commercial. Dans un communiqué publié plus tard dans la journée de dimanche, les Houthis ont affirmé avoir perdu dix combattants dans cette attaque.
Il s’agit de la première confrontation directe entre les Houthis et les forces américaines et alliées en mer Rouge au cours des derniers mois, depuis que les Houthis ont intensifié leurs menaces sur les routes maritimes en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, où Israël est en pleine guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas, suite aux attaques terroristes dévastatrices perpétrées dans le sud d’Israël le 7 octobre.
La coalition dirigée par les États-Unis a déjà abattu des drones lancés par les Houthis en mer Rouge. La semaine dernière, les États-Unis ont également mené des frappes aériennes contre la milice irakienne Kataëb Hezbollah, affiliée à l’Iran, en représailles à une attaque de drone menée par le mandataire iranien, qui a blessé trois soldats américains sur une base dans le nord de l’Irak. En 2016, après que les Houthis eurent tiré sur des navires militaires et commerciaux américains, les États-Unis avaient lancé des missiles de croisière Tomahawk sur trois sites de missiles des Houthis, mettant ainsi fin aux attaques.
Pour l’heure, la Maison Blanche hésite cependant à frapper les bases de drones et de missiles au Yémen, craignant qu’une telle action ne bouleverse la fragile trêve de 2022 entre les Houthis et l’armée saoudienne, à l’issue d’une guerre de près de dix ans.
En outre, certaines personnalités militaires américaines craignent que les liens entre l’Iran et les Houthis ne se développent à la faveur d’une confrontation directe avec les États-Unis.
« Les relations entre l’Iran et les Houthis profitent grandement des conflits, alors pourquoi en créer d’autres ? », a interrogé Adam Clements, ancien envoyé de l’armée américaine au Yémen, cité par le Times.
La formation d’une force d’intervention internationale était, en partie, un moyen de diluer l’impression de conflit avec les États-Unis, ainsi qu’une tentative d’isoler les Houthis. Baptisée Opération « Prosperity Guardian », elle a été annoncée à la mi-décembre par le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, pour répondre aux « attaques irresponsables » des Houthis pro-Iran, contre la marine marchande dans la voie navigable, ce qui a conduit les compagnies maritimes à suspendre les passages dans la région.
La force est composée d’une vingtaine de pays, dont l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Canada, la France, la Norvège et l’Italie. Néanmoins, les Houthis restent défiants, rejetant la force opérationnelle comme inefficace et affirmant leur désir de conflit avec les États-Unis.
À l’exception de Bahreïn, les pays arabes ont hésité à rejoindre la coalition, craignant de donner l’impression de coopérer avec les États-Unis dans une entreprise militaire alors qu’Israël reçoit le soutien des États-Unis pour sa guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Le vice-amiral Kevin Donegan, commandant à la retraite de la Cinquième flotte, qui est basée à Bahreïn, a déclaré au Times que les États-Unis devraient répondre avec force à l’agression des Houthis pour protéger leurs troupes dans la région.
« Ne pas répondre lorsque les forces américaines sont attaquées de quelque manière que ce soit met en danger la vie des marins et des marines américains si un missile parvenait à franchir les défenses américaines », a déclaré Donegan, ajoutant que « cela crée également un nouveau précédent selon lequel l’attaque d’un navire américain comporte peu de risques de représailles et, comme nous l’avons vu, invite les Houthis à lancer d’autres attaques ».
La mer Rouge est une route commerciale cruciale, par laquelle transitent environ 1 000 navires commerciaux en permanence, selon le New York Times. Bien que les Houthis n’aient menacé à l’origine que les navires en provenance ou à destination d’Israël, des navires non liés ont également été attaqués, ce qui a perturbé le commerce maritime et poussé certaines des plus grandes compagnies maritimes du monde à opter pour d’autres itinéraires. La Maison Blanche a également accusé l’Iran d’avoir attaqué par drone un bateau japonais près des côtes indiennes la semaine dernière, mais l’Iran réfute ces allégations.
Les Houthis ont conquis une partie du Yémen en 2014. Après plusieurs soulèvements ratés depuis les années 1990, les rebelles, désormais armés par l’Iran et le Qatar, ont réussi à s’emparer de Sanaa, la capitale du Yémen, et à prendre le contrôle des côtes du golfe d’Aden et de la mer Rouge. Furieuse du renforcement de la présence iranienne à sa frontière sud, l’Arabie saoudite a combattu les Houthis, déclenchant une guerre civile au Yémen qui a coûté la vie à des centaines de milliers de personnes. En 2022, les Houthis ont conclu une trêve informelle avec l’Arabie saoudite.
Par le passé, le groupe terroriste palestinien du Hamas a tenté de prendre ses distances avec les Houthis pro-Iran, afin de détourner l’attention des liens croissants du groupe terroriste palestinien avec l’Iran, ce qui le mettait en porte-à-faux avec les pays arabes plus modérés.