Chaïm Topol, l’emblématique Tevye du « Violon sur le toit », s’éteint à 87 ans
Nominé aux Oscars, lauréat du Prix Israel, il avait été reconnu à l'international pour son rôle dans le 'Violon sur le toit" qu'il avait joué 3 500 fois au théâtre
Chaim Topol, l’acteur israélien qui était devenu célèbre à l’international pour son rôle de Tevye dans l’adaptation au cinéma du « Violon sur le toit », s’est éteint jeudi à l’âge de 87 ans à Tel Aviv après une longue bataille contre la maladie d’Alzheimer.
Le président Isaac Herzog a salué sur Twitter la mémoire d’un « géant de la culture israélienne. » Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a exprimé jeudi « sa grande tristesse » de voir disparaître l’un des « plus grands artistes » du pays. « Topol était un artiste au jeu très riche, doté d’un grand charisme [qui] a représenté fièrement Israël dans le monde entier », a déclaré Benjamin Netanyahu dans un communiqué.
Topol, un acteur particulièrement prolifique dont le nom aura été inscrit dans de nombreux génériques, avait été surtout connu pour son interprétation du rôle de Tevye — d’abord au théâtre dans le cadre de la comédie musicale « Shalom Aleichem » et ensuite dans le film devenu emblématique – avant de reprendre encore une fois les traits de son personnage fétiche sur scène.
Né à Tel Aviv en 1935, Topol avait commencé sa carrière d’acteur lors de son service dans l’armée, dans la troupe de Tsahal où il avait aussi rencontré celle qui devait devenir son épouse, Galia. Après avoir quitté l’armée, il avait rejoint une troupe de théâtre, faisant une apparition dans de multiples productions avant son tout premier rôle à l’écran dans le film « I Like Mike », en 1961.
Mais cela avait été son rôle dans le film « Sallah Shabati » en 1964 qui avait particulièrement attiré l’attention en Israël et ailleurs. Topol avait interprété le rôle titre dans ce long-métrage dorénavant emblématique portant sur les difficultés d’une famille d’immigrants mizrahis dans un camp de transit.
Le film était devenu un succès ; il avait remporté le Golden Globes du meilleur film étranger et il devait valoir à Israël sa toute première nomination à un Oscar dans la catégorie du meilleur film international. Une année plus tard, en 1966, Topol avait tenu un petit rôle dans la production américaine à gros budget « L’Ombre d’un géant ».
Peu après, il avait perfectionné son anglais pour une audition pour le rôle de Tevye dans une production britannique, au théâtre, du « Violon sur le toit » – un rôle qu’il avait déjà interprété en hébreu en Israël. Un pari réussi : la première de la pièce avait eu lieu en 1967 et il devait finalement jouer le laitier dans plusieurs centaines de représentations.
Quand le réalisateur Norman Jewison avait cherché à trouver l’acteur qui interpréterait Tevye dans son adaptation de la pièce pour le grand écran, il s’était rendu en Grande-Bretagne pour voir Topol sur scène et il avait été enthousiasmé, lui donnant le rôle dans le cadre d’un long-métrage qui devait devenir un succès commercial et qui avait été acclamé par la critique dans le monde entier. Son « Violon sur le toit » avait été nominé dans huit catégories aux Oscars – Topol l’avait été dans la catégorie du meilleur acteur, incarnant dorénavant Tevye aux yeux des amateurs de cinéma du monde entier. Il avait été l’un des tout premiers acteurs israéliens à être reconnu à l’international.
Au fil des années, Topol avait joué dans plusieurs dizaines de films aux États-Unis et en Israël, avec notamment un rôle dans « Rien que pour vos yeux » en 1981, dans la célèbre série des James Bond. Il avait joué également Galileo Galilei dans le film « Galileo » en 1975 et il avait fait une apparition dans le space-opera « Flash Gordon », en 1980.
Son rôle de Tevye lui avait néanmoins collé à la peau et il avait retrouvé ce personnage dans les théâtres du monde entier de manière répétée, notamment à Broadway. Il avait été nominé aux Tony à cette occasion.
Il avait dit adieu à son personnage fétiche lors d’une tournée dans tous les États-Unis en 2009 au cours de laquelle il avait confié qu’il était monté sur scène sous les traits de Tevye à plus de 3 500 occasions. Topol avait joué pour la première fois Tevye à l’âge de 30 ans, costumé et maquillé pour paraître plus âgé et il avait presque 75 ans lors de sa dernière représentation du « Violon sur le toit », affichant une énergie infinie pour paraître plus jeune.
« Combien de personnes sont-elles ainsi connues pour un personnage ? Combien de personnes sont-elles ainsi connues dans le monde entier ? Je ne vais pas me plaindre », avait-il dit en 1975. « Il m’arrive d’être surpris quand je vais en Chine, quand je vais à Tokyo, quand je vais en France ou ailleurs que le type, au contrôle des douanes, me dise : ‘Topol, Topol, c’est vous, Topol ?’. Alors oui, de nombreuses personnes ont vu ‘le Violon’ et ce n’est pas une mauvaise chose. »
Dans ses dernières années, Topol – qui avait aussi écrit plusieurs livres et illustré plusieurs autres – s’était consacré à la philanthropie, en particulier en tant que président du Jordan River Village. La structure, créée en 2012, a ouvert un camp qui fonctionne toute l’année, en Galilée, pour accueillir les enfants atteints de maladies chroniques et en situation de handicap.
Des décennies auparavant, Topol avait fondé l’ONG Variety Israel qui offre des traitements et du soutien aux enfants à besoins particuliers. Il avait remporté le Prix Israel en 2015.
Dans un entretien accordé à une chaîne publique de télévision israélienne, alors qu’il avait 80 ans, il s’était félicité de continuer à faire beaucoup de choses – écrire, illustrer, faire des apparitions et mener des activités de philanthropie.
« Je me retrouve parfois à faire encore davantage qu’auparavant », s’était-il amusé. « Et pourtant, je faisais toujours plusieurs choses à la fois… Je suppose que ça tient à ma personnalité et j’adore ça. »
Il laisse derrière lui son épouse, Galia, après 67 années de mariage, trois enfants et plusieurs petits-enfants.