Comment l’armée israélienne prépare ses soldats à la captivité
Les soldats de la plupart des unités d’élite de l’armée passent un entraînement de deux semaines visant à préparer les commandos à la possibilité d’être capturés et emprisonnés
Les soldats israéliens qui tombent aux mains des ennemis peuvent sans aucun doute s’attendre à passer un très mauvais moment pendant leur captivité. Intimidation, humiliation et torture sont des scénarios probables en captivité.
Ce sont également des choses dont ils peuvent faire l’expérience de la part de leur propre armée, dans le cadre d’un programme d’entraînement top secret de l’armée israélienne qui vise à préparer ses commandos d’élite à la possibilité d’être capturés ou emprisonnés.
Des détails sur le programme ont été révélés vendredi par Hadashot qui s’est entretenu avec plusieurs soldats ayant subi ces difficiles épreuves.
L’entraînement qui dure deux semaines a lieu à la fin des programmes de formation pour certaines des unités d’élite de l’armée : les commandos de la marine, Sayeret Matkal (l’unité de Reconnaissance de l’armée) et Shaldag (l’unité des commandos d’élite de l’armée de l’air). Les pilotes subissent aussi cet entraînement.
Les soldats sont détenus dans des conditions semblables à celle d’une prison, ils subissent des interrogatoires intenses, des menaces et de vraies violences de la part de leurs instructeurs. Les soldats ont décrit une expérience stressante au cours de laquelle ils ont souvent cru que leurs instructeurs avaient totalement perdu le contrôle.
En préparation au programme, les soldats visionnent des films d’information et on leur dit qu’ils doivent s’attendre à des jours difficiles à venir. Ils rencontrent également des personnes qui ont fait l’expérience de la captivité.
L’étape suivante est « l’enlèvement » des jeunes soldats qui se déroule habituellement de nuit, a déclaré Z, un ancien soldat, à la chaîne de télévision. L’objectif est de choquer les soldats dès le début. Les soldats qui ont subi le programme parlent d’épreuvres physiquement et émotionnellement intenses, au cours desquelles ils sont interrogés, gifflés, fouettés et soumis à des activités dégradantes.
« J’ai commencé à pleurer, mais ça ne m’a pas aidé, a dit un soldat à Hadashot. Quand je les mettais en colère, ils me poussaient contre un mur et me fouettaient le dos. Si vous leur montrez que ça fait mal, ils vous frappent plus fort. A un moment, on comprend qu’on devrait la fermer ».
Les instructeurs ont essayé d’obtenir des informations que les soldats savent qu’ils ne doivent pas divulguer.
« Un interrogateur se tenait devant moi et me disait : ‘Je sais qui tu es. Je sais ce que tu prépares. Tes amis m’ont déjà tout dit, a déclaré un ancien soldat. Ils m’ont attaché les mains sur une table. Un interrogateur m’a tenu pendant que l’autre me fouettait les pieds ».
Les instructeurs ont diffusé aux soldats de la musique arabe et les ont forcés à danser jusqu’à ce qu’ils tombent.
« Il y avait des moments où j’ai commencé à pleurer et j’ai dit ‘Assez ! Arrêtez ! Je n’en peux plus, s’est souvenu un soldat. Mes jambes n’en peuvent plus, je ne peux plus danser. Je ne pense pas avoir subi quelque chose d’aussi dur dans toute ma vie ».
Pour s’assurer que l’expérience ne soit pas trop traumatisante, un psychologue accompagne les sodlats tout au long du programme.
« L’entraînement à être prisonnier prépare le soldat à l’éventualité de l’échec, a déclaré le lieutenant colonel Yotam Dagan, un ancien psychologue de l’armée. C’est un défi totalement différent par rapport à ce pourquoi le soldat est entraîné jusqu’à ce moment là ». Le soldat, a-t-il dit, doit faire face à une situation « où les cartes ne sont pas en sa faveur, dans laquelle il doit survivre, fonctionner et plus que tout, rentrer à la maison en vie ».
Dagan a déclaré que si les soldats peuvent parfois avoir le sentiment que la simulation dégénère, cela fait aussi partie du but du programme.
« Parfois, il y a des situations qui sont perçues comme une perte de contrôle [de la part des instructeurs]. C’est fait exprès pour que ce soit assez difficile, pour que ça constitue un véritable défi », a-t-il déclaré.
« A la fin du programme, le soldat devrait avoir l’impression qu’il a appris quelque chose sur comment gérer une telle situation. Si cela n’a pas lieu, il aura l’impression qu’il ne doit jamais être capturé ».
A la fin du programme, certains des soldats se mettent à pleurer, tellement ils sont soulagés de savoir que c’est fini.
« Personne ne sait ce qui se passe, et puis on entend les liens en plastique qui sont coupés de vos mains et on entend que le commandant de l’unité est arrivé », a déclaré l’un des soldats.
S’ils sont contents de savoir que c’est fini, les soldats comprennent que la prochaine fois qu’ils se trouveront dans une telle situation, ce sera très probablement en dehors des frontières d’Israël. Pourtant, ayant subi un entraînement rigoureux, ils seront d’autant plus préparés à un tel scénario.