Constructions palestiniennes : Manifestations des partisans pro-implantations
Des partisans de la droite ont réclamé lors de rassemblements que le gouvernement démolisse des bâtiments non-autorisés dans la zone C de la Cisjordanie
Des centaines d’activistes de droite ont manifesté lundi en Cisjordanie contre les constructions palestiniennes non-autorisées dans la zone C qui constitue environ 60 % du territoire – et qui est sous le contrôle total des Israéliens au niveau sécuritaire et civil.
Les manifestations de partisans du mouvement pro-implantations ont eu lieu dans les régions des collines d’Hébron, de Binyamin et du bloc d’Etzion en Cisjordanie, ainsi que dans d’autres zones. Une centaine de manifestants ont également défilé depuis le carrefour de Tapuah jusqu’au nouvel avant-poste israélien illégal d’Evyatar, théâtre de récents affrontements meurtriers entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes.
Les manifestants ont accusé le gouvernement israélien de fermer les yeux sur les constructions palestiniennes illégales qui se multiplient dans la région. Ils ont appelé à une plus grande application de la loi.
Israël démolit occasionnellement des structures palestiniennes dans la zone C – des constructions qui, selon l’État juif, ne disposent pas des permis nécessaires. Les Palestiniens affirment qu’il est extrêmement difficile d’obtenir des permis. Ces démolitions suscitent fréquemment des condamnations à l’international.
Entre 2016 et 2018, seulement 21 des 1 485 demandes palestiniennes de permis de construire dans la zone C ont été approuvées par le ministère de la Défense, soit 0,81 %.
Yossi Dagan, le chef du Conseil régional de Samarie, a déclaré que les marches visaient à sensibiliser à la « réalité et à l’hypocrisie » de la réponse – selon lui « inégalitaire » – d’Israël face aux constructions juives et palestiniennes non-approuvées dans la zone.
« Il s’agit d’une persécution politique exécutée à l’encontre des résidents de Judée et de Samarie », a-t-il affirmé, désignant la Cisjordanie par son nom biblique.
Ces défilés ont eu lieu alors que l’armée israélienne a rejeté un appel formulé contre l’évacuation et la démolition prévues d’Evyatar.
Les résidents de l’avant-poste avaient espéré empêcher l’évacuation prévue, mais l’armée a rejeté leur demande dimanche. « L’avant-poste d’Evyatar a été établi illégalement. Tout a été fait en totale violation de la loi et sans aucun accord de propriété ou de planification », a écrit le Commandement central de l’armée.
Les habitants peuvent maintenant faire appel auprès de la plus haute juridiction israélienne, la Haute Cour de justice, mais il est peu probable que leur requête y soit acceptée.
Les terres sur lesquelles Evyatar a été rétabli, en avril, appartenaient historiquement aux villages palestiniens adjacents de Beita, Kablan et Yitma, mais les habitants n’y ont pas eu accès pendant des décennies pour des raisons de sécurité, selon l’armée.
L’avant-poste s’est rapidement développé au cours des deux derniers mois, passant à une cinquantaine de bâtiments abritant des dizaines de familles. Sur la page Facebook de l’avant-poste, on peut lire qu’Evyatar empêche la contiguïté entre les villages palestiniens environnants tout en reliant l’implantation israélienne de Tapuah au carrefour de Zaatara et à l’implantation de de Migdalim.
La zone située aux abords d’Evyatar a été le théâtre d’affrontements répétés entre les forces israéliennes et les Palestiniens ces dernières semaines, suite à la réimplantation de l’avant-poste.
Les Palestiniens qui vivent près de la localité voisine de Beita ont jeté des pierres sur les troupes et brûlé des parcelles de terrain, tandis que les soldats israéliens ont répondu par des munitions de dispersion antiémeutes et, dans certains cas, par des tirs à balles réelles. Ces dernières semaines, quatre Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens lors de ces affrontements.