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Crise du coronavirus

Coronavirus : mort de deux ultra-orthodoxes à Londres

Tandis que les communautés ultra-orthodoxes et libérales ferment par crainte du COVID-19, une organisation-cadre ultra-orthodoxe poursuit ses services religieux

Photo d'illustration : Des Juifs ultra-orthodoxes à Stamford Hill, à Londres (Crédit : CC BY-dcaseyphoto/Flickr)
Photo d'illustration : Des Juifs ultra-orthodoxes à Stamford Hill, à Londres (Crédit : CC BY-dcaseyphoto/Flickr)

LONDRES — Deux membres de la communauté ultra-orthodoxe de Londres sont morts, ce week-end, du Covid-19, la maladie entraînée par le nouveau coronavirus, selon une information communiquée par l’organisation Board of Deputies of British Jews au Times of Israel.

Les membres des familles ainsi que les amis ont reçu l’instruction de ne pas se rendre aux funérailles et de ne pas accueillir de visiteurs au cours de la période de deuil traditionnelle de sept jours, la shiva.

Un troisième membre de la communauté strictement orthodoxe se trouverait actuellement en soins intensifs dans un hôpital de Manchester, selon un membre de cette communauté.

Les défunts sont Rina Feldman, 97 ans, et Willi (Zev) Stern, 85 ans. Ce dernier, né en Hongrie et survivant du camp de concentration de Bergen-Belsen, avait incarné la plus grande faillite du Royaume-Uni lorsque son entreprise, Stern Holdings, s’était effondrée en 1978, accablée par une dette de 118 millions de livres.

Ces morts surviennent dans le sillage d’une nouvelle vidéo alarmante qui circule actuellement au sein de la communauté ultra-orthodoxe du Royaume-Uni, dans laquelle Yitzchok Kornbluh, un habitant de Stamford Hill, à Londres — qui héberge des milliers de Juifs haredim – fait part de son immense désarroi.

Il dit dans la séquence que malgré le danger du coronavirus, « les shul [synagogues] sont pleines, les mikvaot [bains rituels] sont bondés. Où est donc passé le seichel [bon sens] de ceux qui se sont rendus aujourd’hui à la synagogue ? ».

Un utilisateur de Twitter sous le pseudonyme @IfYouTickleUs, très impliqué dans la vie ultra-orthodoxe de Stamford Hill, écrit « J’ai été arrêté vendredi par quelqu’un qui ne sait réellement pas ce qui est en train de se passer. Quand je lui ai dit qu’il y avait… un réel danger, il m’a répondu : Mais les rabbonim [rabbins] n’ont pas fermé les shul« .

Au moment de la rédaction de cet article, la plus importante organisation-cadre des Juifs ultra-orthodoxes du Royaume-Uni, l’Union of Orthodox Hebrew Congregations, a refusé d’ordonner à ses congrégations de fermer leurs synagogues. Elle a statué que les « hommes en bonne santé » pouvaient continuer à s’y rendre tandis que les femmes et les enfants devaient s’en abstenir.

Et ceci malgré l’onde de choc qui a traversé la communauté juive britannique plus généralement lorsque le grand-rabbin Ephraim Mirvis, à la tête de l’United Synagogue, a fait une annonce sans précédent au début de la semaine, disant que toutes les synagogues placées sous son autorité – principalement à Londres, mais aussi en province – fermeraient leurs portes pour une durée indéterminée. Ce qui s’applique à une soixantaine de lieux de culte, ainsi qu’à de nombreuses congrégations plus informelles.

Richard Verber, porte-parole de l’United Synagogue – plus importante instance orthodoxe moderne – a déclaré que « cela a été la décision la plus difficile à prendre pour la US [United Synagogue] depuis la Seconde Guerre mondiale ». De la même manière, les bar ou bat-mitzvahs ont été annulées, et les mariages ne sont autorisés que dans des conditions réduites à l’essentiel, a-t-il continué.

Les funérailles sont elles aussi touchées : les salles de prière dans les cimetières ont été fermées, et tous les rituels doivent être effectués en extérieur. Richard Verber a expliqué que la règle générale était de pouvoir bénéficier du « plus grand espace disponible avec le nombre minimum de personnes ». Il a ajouté que « nous attendons des familles de ne pas mettre en place des shivas officielles. C’est l’un des pires exemples de personnes regroupées dans un petit espace, à proximité étroite – c’est très exactement ce que le gouvernement ne veut pas que nous fassions ».

Un certain nombre de familles touchées par le deuil ont annoncé qu’elles organiseraient des services de commémoration pour leurs défunts lorsque les conditions seraient redevenues sûres.

Le président Reuven Rivlin, à droite, rencontre le grand-rabbin britannique Ephraim Mirvis à Londres, le 27 novembre 2019 (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO/File)

La nécessité, mère de l’invention en ligne

Une exception joyeuse à l’interdiction de bar-mitzvah a été faite ce week-end : Naftali Arden, dont la famille est membre de la Borehamwood and Elstree Synagogue dans le nord de Londres, a organisé cet événement exceptionnel en ligne avec l’aide du rabbin de la congrégation, Alex Chapper.

La mère de Naftali, Tania, a expliqué que la famille avait décidé, le 13 mars, « d’annuler la fête et les repas familiaux que nous avions prévus » même avant la fermeture annoncée de la synagogue. Un membre du conseil d’administration de la synagogue est alors entré en contact avec Tania, lui demandant si elle et son fils souhaiteraient lire sa Haftarah (lectures du livre des Prophètes) sur internet. Tania et son mari, Leigh, ont alors estimé que cette expérience pourrait venir compenser l’annulation des festivités.

« Je n’avais aucune idée des moyens technologiques qui permettraient de faire fonctionner une telle initiative et j’ignorais totalement combien cela s’avérerait finalement particulier et porteur de sens », dit-elle. « Mais des centaines de personnes – dont des membres de la famille qui auraient dû venir de l’étranger – ont vu la vidéo ».

La famille Arden espère maintenant que Naftali pourra lire la Torah à la bat-mitsvah de sa sœur qui aura lieu en février 2021.

Tania Arden, Leigh Arden, Naftali (13 ans), Eliora (11 ans) et Zevi (8 ans), habillés pour la bar mitzvah en ligne de Naftali (Autorisation)

Une décision prise par des mouvements multiples

D’autres groupements de synagogues – le mouvement du judaïsme conservateur massorti, les synagogues séfarades, les mouvements réformé et libéral ont également fermé les portes de leurs lieux de culte.

Tout en regrettant la nécessité de ces fermetures, le rabbin Jonathan Wittenberg, éminent rabbin du mouvement massorti britannique, a expliqué que « nous avons le bonheur de vivre à une période où la technologie peut nous venir en aide. Les individus ne se trouvent certes pas physiquement ensemble, mais ils sont rassemblés par l’esprit, s’interrogeant sur ce qu’ils peuvent faire pour aider ».

Ces propositions d’aide, dit-il, n’ont pas été seulement faites par des Juifs à la communauté juive, mais également en direction des autres confessions.

« Je suis très hésitant à l’idée de prédire où tout cela nous mènera, même si je pense que cela nous aidera à apprendre l’humilité », estime Jonathan Wittenberg. « C’est mon intention d’être en contact avec d’autres communautés et d’autres confessions et de leur faire part de ma solidarité ».

Laura Janner-Klausner (Crédit : capture d’écran YouTube)

Le rabbin Laura Janner-Klausner, une éminente rabbin du mouvement réformé, dit que toutes les technologies nécessaires « ont été préparées ». Des services en ligne sont d’ores et déjà prévus et elle espère organiser un second seder sur internet depuis chez elle pour remplacer l’événement communautaire habituel.

Et des commerçants de Manchester font partie d’un groupe d’importateurs de viande casher ayant réalisé une vidéo pour assurer à celles et ceux qui se trouveront confinés au Royaume-Uni pendant Pessah que l’approvisionnement alimentaire sera plus que suffisant à cette occasion.

Suivre un nouveau rythme

Les fermetures des écoles ont également suscité un nouveau mode de pensée de la part d’un groupe inattendu – la JLGB (Jewish Lads and Girls Brigade), un mouvement de jeunes dont les activités se consacrent essentiellement à la musique. Neil Martin, son directeur général, a annoncé un nouveau programme quotidien pour celles et ceux qui ne peuvent pas sortir de chez eux avec l’aide de bénévoles adultes.

Il a indiqué que la JLGB, association répertoriée, avait reçu des propositions d’aide de la part de professionnels, de musiciens et de célébrités.

« Les sessions comprendront des astuces de magie, une formation au prix du Duc d’Edinburgh – premiers secours, lecture de plans – ainsi que des sessions sur le montage photographique, la création d’applications, le codage et la conscience », a expliqué Neil Martin.

A vous, réfléchissez à nous offrir une demi-heure pour enseigner les compétences de la vie à des milliers d’enfants et pour les inspirer

Parmi les intervenants, des rabbins, des leaders communautaires, des experts de l’industrie, des joueurs de football, des marionnettistes et « deux célébrités ». Neil Martin a précisé que les sessions étaient ouvertes aux « jeunes enfants et aux parents qui ont une compétence à offrir ou qui peuvent être une personnalité connue et qui se trouvent confinés chez eux, grimpant aux murs – à vous, réfléchissez à nous offrir une demi-heure pour enseigner les compétences de la vie à des milliers d’enfants et pour les inspirer ».

La vie culturelle et communautaire juive par la high-tech

La vie culturelle des adultes a également pris un coup avec la fermeture de lieux très populaires comme la Ben Uri Art Gallery, le Jewish Museum, et le centre communautaire juif de Londres -JW3 – qui n’a que cinq ans d’existence.

La clôture du JW3 a eu un impact particulier parce qu’il était devenu un lieu incontournable pour la totalité – ou presque – des initiatives communautaires, depuis les événements électoraux politiques en vue des prochaines municipales de Londres jusqu’à toutes les sortes de manifestations culturelles.

Il accueillait notamment en partie le festival du film juif du Royaume-Uni, très prisé par les membres de la communauté, le festival du film israélien et certaines sessions de la semaine du Livre juif – qui vient tout juste de s’achever.

Le JW3, à Londres, a récemment posté sur internet un événement avec le chef du groupe de philanthropie Genesis Philanthropy Group Mikhail Fridman et Natan Sharansky, un débat modéré par James Harding, ancien directeur de BBC News. (Autorisation)

Mais Ray Simonson, directeur de JW3, fait bonne figure face à cette fermeture temporaire. Il a lancé JW3TV, qui lui permet de diffuser sur internet des événements qui ont été filmés, avec l’espoir de pouvoir diffuser des débats futurs. Il indique que « nous avons commencé à publier deux événements préenregistrés chaque jour – des discussions, des débats, des concerts, des entretiens ».

La réaction des responsables communautaires a été relativement rapide face à l’urgence représentée par la menace du coronavirus, avec des rencontres entre le Board of Deputies et le Jewish Leadership Council qui ont visé à déterminer comment coordonner les initiatives entreprises par les bénévoles. Le Board a mis en place une carte « Puis-je aider » qui propose d’aider les personnes mises en quarantaine, une initiative coordonnée par Lauren Keiles, membre de l’organisation.

Marie van der Zyl, présidente du Board, a pour sa part expliqué que « nous faisons face à une période de crise sans précédent… Il faut que nous cherchions tous un moyen d’être utile et que nous prenions part aux efforts ».

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