Covid-19 : Netanyahu et Gantz vont discuter d’un gouvernement d’urgence
109 cas et 32 000 en quarantaine ; le pays a ordonné jusqu'à nouvel ordre la fermeture de certaines écoles et d'universités

Le Premier ministre Netanyahu a invité jeudi soir le président du parti Kakhol lavan Benny Gantz à des entretiens sur la constitution d’un gouvernement dans les prochains jours, selon des médias en hébreu.
Netanyahu a appelé ce jeudi soir, lors d’une conférence de presse, à la formation d’un gouvernement d’urgence, citant la propagation du coronavirus en Israël. Dans les dernières mesures adoptées, le pays a ordonné jeudi la fermeture de certaines écoles et universités jusqu’à nouvel ordre.
Dans une intervention retransmise en direct à la télévision, M. Netanyahu a jugé jeudi soir qu’il fallait former un gouvernement « pour sauver les vies de nombreux citoyens ».
« J’appelle à la formation d’un gouvernement d’urgence pour une période limitée, dès ce soir », a déclaré Netanyahu. « Laissons de coté la politique, on pourra y revenir plus tard ».
Gantz a accepté de « discuter de la mise en place d’un gouvernement d’urgence ». « Au vu de la situation, nous sommes prêts à discuter de la mise en place d’un vaste gouvernement national d’urgence qui comprendrait des représentants de toutes les formations », a affirmé M. Gantz dans un communiqué.

Plus tôt jeudi, Gantz avait déclaré que la crise naissante des coronavirus devait être placée au-dessus de la politique et que son parti « soutiendra toutes les mesures appropriées » visant à lutter contre les retombées du virus. Tout en saluant l’action du ministère de la Santé ces derniers jours, il a déclaré qu’il était temps d’intensifier la réponse d’Israël et d’utiliser diverses branches de l’armée israélienne pour s’attaquer à certains des problèmes causés par le virus.
« La crise du corona [virus] dans l’État d’Israël ne fait que commencer », avait-il écrit sur Facebook. « Soyons clairs : je soutiendrai, aux côtés du parti Kakhol lavan, toutes les mesures appropriées pour aider le pays à faire face à cette crise et à s’en sortir le plus rapidement possible, tout en sauvant des vies et en limitant les dégâts causés aux Israéliens et à l’économie. »
Le système politique israélien est dans l’impasse depuis plus d’un an, trois élections consécutives n’ayant pas permis de former un gouvernement. Netanyahu a le soutien de 58 députés et le Likud détient le plus grand nombre de sièges à la Knesset, mais la majorité requise est de 61.
Beaucoup craignent une quatrième élection et beaucoup d’argent gaspillé.
Le président israélien, Reuven Rivlin, qui doit désigner l’un des deux hommes pour former un gouvernement avant le 17 mars, a salué jeudi toute initiative conduisant à la formation d’un gouvernement dès que possible, en soulignant : « Ma maison vous est ouverte ».
« Nous devons tout faire pour nous concentrer sur les tâches auxquelles nous sommes confrontés », a déclaré le président, ajoutant qu’il était prêt à apporter toute l’aide nécessaire pour parvenir le plus rapidement possible à un accord pour les citoyens d’Israël, » selon un communiqué diffusé par son bureau.
« Un gouvernement national d’urgence doit être formé à cause du corona [virus] », avait déclaré plus tôt le ministre de l’Intérieur à la radio de l’armée, avertissant Kakhol lavan de « ne pas se livrer à des jeux » alors que des vies sont en danger. « S’ils remplacent le président de la Knesset et adoptent des lois contre Netanyahu, il sera impossible de parler de gouvernement d’unité », a-t-il dit.

Le chef du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, qui avait affirmé soutenir la candidature de M. Gantz comme Premier ministre, a également appelé jeudi à la formation d’un gouvernement d’union nationale pour faire face à la propagation du nouveau coronavirus.
Le ministre de la Défense Naftali Bennett avait aussi lancé un appel similaire, affirmant qu’il soutiendrait une loi visant à geler la situation politique pendant six mois et à former un gouvernement d’urgence dirigé par Netanyahu.
« Dans six mois, nous pourrons retourner là où nous étions et continuer à débattre », a déclaré l’allié de Netanyahu, qui dirige le parti Yamina. « Aucune partie ne perdra son pouvoir ou sa capacité de négocier. Mais le virus ne fait pas de discrimination sur les lignes politiques, ce qui nous oblige à former un large [gouvernement d’] unité nationale. »
Gantz cherche à former un gouvernement minoritaire composé de Kakhol Lavan (33 sièges), le parti Yisrael Beytenu (7 sièges) et l’alliance pacifiste Travailliste-Gesher-Meretz (7 sièges), et avec le soutien de la majorité des députés de la Liste arabe unie (15 sièges) qui soutiendraient le gouvernement de l’extérieur.
Or, la chef du parti Gesher Orly Levy-Abekasis (ancienne Yisrael Beytenu) a annoncé mardi qu’elle ne soutiendrait pas un gouvernement minoritaire dirigé par le parti centriste Kakhol lavan qui serait soutenu par la Liste arabe unie, composée de partis à majorité arabe.
Si une coalition minoritaire, basée sur le soutien de la Liste arabe unie, « n’est pas le gouvernement que nous souhaitions », cela reste la façon la plus responsable de faire face à la crise du coronavirus, a déclaré le numéro 2 de Kakhol lavan jeudi matin, en réponse à l’appel de Deri à former un gouvernement d’unité.
« En pleine crise, Netanyahu est celui qui traite de petite politique », a déclaré Lapid. « Il n’a aucun intérêt à former un gouvernement d’unité. Il a décidé d’aller vers une quatrième élection. »
Lapid a déclaré qu’Israël a besoin d’un « gouvernement large pour gérer la crise », mais « la personne qui doit la gérer n’est pas celle dont le procès commence la semaine prochaine ».
En novembre, Netanyahu est devenu le premier Premier ministre en exercice à être mis en examen. Le procureur général a annoncé son intention de l’inculper pour corruption, fraude et abus de confiance. Les charges ont officiellement déposée en janvier, quand le Premier ministre a retiré sa demande d’immunité. Netanyahu nie toute malversation et affirme être victime d’un « coup politique » impliquant l’opposition, les médias, la police et les procureurs.
Son procès doit débuter le 17 mars.
A LIRE : Etat d’Israël vs. Netanyahu : détails de l’acte d’accusation du Premier ministre
Le ministère de la Santé a annoncé jeudi de nombreux nouveaux cas d’Israéliens porteurs du coronavirus, le nombre de cas confirmés de COVID-19 dans le pays ayant atteint 109, dont un enfant de 18 mois, et 32 000 personnes en quarantaine.
Afin d’enrayer la propagation du virus dans le pays, tous les Israéliens revenant de l’étranger sont tenus de se mettre en quarantaine chez eux pendant 14 jours. Les ressortissants non-israéliens étaient autorisés à entrer dans le pays jusqu’à jeudi à 20 heures, mais après cela, ils seront interdits d’entrée à moins qu’ils ne puissent prouver qu’ils peuvent se mettre en auto-quarantaine pendant deux semaines.
Ces mesures de quarantaine sont parmi les plus spectaculaires jamais introduites par quelque pays que ce soit dans le cadre de l’intensification de la lutte contre le coronavirus. Le 26 février, Israël est devenu le premier pays au monde à déconseiller à ses citoyens tout voyage non essentiel à l’étranger.
A LIRE – Coronavirus en Israël : Tout ce que vous devez savoir
L’AFP a contribué à cet article.
C’est vous qui le dites...