Cukierman : « Marine Le Pen est irréprochable personnellement »
Interrogé sur Europe 1, le président du Crif note une différence entre le parti du Front National et sa chef
Stéphanie est la rédactrice en chef du Times of Israël en français.
Roger Cukierman, président du conseil représentatif des institutions juives de France, était l’invité de Jean-Pierre Elkabbach sur les ondes d’Europe 1, lundi matin.
Le journaliste a notamment abordé la préparation du trentième dîner annuel du Crif qui a lieu lundi soir, dans l’hôtel parisien de luxe Pullman-Montparnasse où près de 700 invités sont attendus.
Il s’agit d’une cérémonie annuelle où les principales forces dirigeantes sont conviées, notamment le PC et les Verts, avec qui le Crif était récemment en froid.
Le chef du gouvernement, Manuel Valls, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius et le président de la République, François Hollande seront présents. Une douzaine de ministres font également partie des invités de ce dîner très couru de la sphère politique française. Le chef de l’UMP, Nicolas Sarkozy, est aussi attendu.
Ainsi, l’ensemble des représentants du spectre politique français a été invité à « ce dîner républicain », à l’exception du Front national dirigé par Marine Le Pen.
« Je crois que nous sommes tous conscients dans le monde juif que, derrière Marine Le Pen, qui est irréprochable personnellement, il y a tous les négationnistes, tous les vichystes, tous les pétainistes et donc pour nous, le Front national est un parti à éviter », a déclaré Cukierman.
L’avocat et historien, fils d’un déporté à Auschwitz-Birkenau, Serge Klarsfeld, a ensuite réagi auprès de l’AFP : « Mme Le Pen n’a pas rompu avec son père. Elle dirige le Front national qui porte le passif des prises de position antisémites du père qui est président d’honneur du Front national. »
« Je voudrais quand même dire que le FN, un parti pour lequel je ne voterai jamais, est un parti qui aujourd’hui ne commet pas de violences. Il faut dire les choses : toutes les violences aujourd’hui sont commises par des jeunes musulmans ; c’est une toute petite minorité de la communauté musulmane et les musulmans en sont les premières victimes », a ajouté Roger Cukierman, qui a dit ne « pas être du tout choqué par l’expression utilisée par Manuel Valls d’islamo-fascisme, qui correspond bien à la réalité. »
Quant à l’appel à l’alyah de Benjamin Netanyahu aux Juifs de France, le président du Crif remarque que les médias attachent beaucoup d’importance aux propos du Premier ministre israélien, contrairement aux Juifs de France qui partent sans avoir nécessairement pris en compte ses multiples appels.
Le président du Crif a par ailleurs rappelé que l’éducation « a failli » à sa mission. Il appelle à une réforme de la justice, de la culture et de l’éducation.
Cukierman note, par ailleurs, la complicité des réseaux sociaux dans le développement et la diffusion des messages de haine. Il appelle à une lutte contre le djihadisme qui est enseigné dans les prisons et demande aux imams de jouer leur rôle pour mobiliser les musulmans contre l’antisémitisme.
« Un message d’espoir »
Au sortir de cette « période extrêmement difficile », le président du Crif espère rejouer la séquence de « l’unité nationale » qui avait eu cours à la suite des attentats de Paris perpétrés par des djihadistes français.
Trois prix seront remis, au lieu d’un seul habituellement.
Le premier récompensera « le jeune Malien devenu Français qui a été héroïque pendant la prise d’otage à la porte de Vincennes et qui montre encore une fois que, tous unis, on peut combattre le terrorisme », a déclaré Cukierman au micro d’Europe 1.
Un second prix sera décerné à Alexandre Arcady pour son film « 24 jours » sur l’affaire Ilan Halimi « qui montre le martyre qu’il a subi et le calvaire qu’a subi sa famille également », a souligné le président du Crif, regrettant que « France télévisions n’a(it) jamais diffusé ce film »[et qui n’a pas été financé non plus, rappelle Elkabach].
Le troisième prix sera remis au film « Les Héritiers », de Marie-Castille Mention-Schaar, « l’histoire vraie d’une classe dans un quartier extrêmement difficile ».
Cette classe, considérée comme la plus faible de son lycée, a été convaincue par sa professeure de participer au Concours national de la Résistance et de la Déportation et les élèves ont travaillé avec sérieux et passion.