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Dans 10 jours, l’Iran dépassera les limites de ses stocks d’uranium enrichi

Un an après le retrait des Etats-Unis du pacte sur le nucléaire, un porte-parole iranien a annoncé que Téhéran avait besoin d'un uranium enrichi jusqu'à 20 %

Photo d'illustration : L'usine nucléaire de production d'eaux lourdes située à proximité de la ville d'Arak. (Crédit : CC-BY-SA 3.0/Wikimedia/Nanking2012)
Photo d'illustration : L'usine nucléaire de production d'eaux lourdes située à proximité de la ville d'Arak. (Crédit : CC-BY-SA 3.0/Wikimedia/Nanking2012)

L’Iran dépassera la limite autorisée de ses stocks d’uranium enrichi fixée par l’accord sur le nucléaire conclu avec les grandes puissances dans dix jours, a fait savoir le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, qui a averti que la République islamique avait besoin d’un uranium enrichi jusqu’à 20 % – s’approchant ainsi du niveau nécessaire pour l’armement.

Cette annonce indique la détermination de l’Iran à rompre avec l’accord signé en 2015, qui n’a cessé de péricliter depuis que l’administration Trump s’en est retirée l’année dernière et a réimposé des sanctions économiques draconiennes à Téhéran, provoquant la chute libre de l’économie du pays.

Le porte-parole de l’agence nucléaire iranienne, Behrouz Kamalvandi, a annoncé la nouvelle lors d’une conférence de presse organisée avec des journalistes locaux depuis l’usine de production d’eau lourde d’Arak, une intervention qui a été retransmise par la télévision iranienne d’Etat.

« Aujourd’hui, le compte à rebours pour passer au-dessus des 300 kilogrammes pour les réserves d’uranium enrichi a commencé, et dans dix jours, c’est-à-dire le 27 juin, nous dépasserons cette limite », a déclaré Behrouz Kamalvandi.

L’Iran a annoncé le 8 mai qu’il avait décidé de ne plus respecter deux engagements que le pays a pris aux termes de l’accord international conclu à Vienne en 2015 à propos de son programme nucléaire : ceux limitant ses réserves d’uranium enrichi (UF6) à 300 kg et ses réserves d’eau lourde à 130 tonnes.

Ce développement survient après des attaques présumées commises la semaine dernière contre des pétroliers dans la région, des attaques attribuées à la République islamique par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Arabie saoudite. Téhéran, pour sa part, a suggéré qu’elles avaient été menées par les Américains.

Cette annonce s’inscrit également dans le sillage de quatre autres attaques de pétroliers au large de Fujairah, ces dernières semaines. Les rebelles du Yémen, alliés de l’Iran, ont également frappé à l’aide de drones et de missiles l’allié des Etats-Unis, l’Arabie saoudite.

Une photo montre l’intérieur de l’usine de production d’eaux lourdes d’Arak à Arak en Iran, le 27 octobre 2004 (Crédit : AP/Fars News Agancy, File)

Kamalvandi a reconnu que le pays avait d’ores et déjà quadruplé sa production d’uranium faiblement enrichi et indiqué que Téhéran augmenterait ses niveaux d’enrichissement « sur la base des besoins du pays ».

Cette augmentation peut s’élever à n’importe quel niveau, au-delà de 3,67 % – la limite actuelle définie par l’accord sur le nucléaire.

La République islamique a besoin d’un enrichissement à cinq pour cent pour son usine nucléaire située dans le port de Bushehr, dans le sud du pays, et de 20 % pour un réacteur de recherche à Téhéran, a continué le porte-parole.

Lors de son extraction, l’uranium contient environ 140 atomes d’isotope U-238 non désiré pour chaque atome de type U-235. L’affiner à un degré de pureté de 3,67 % – le niveau actuellement autorisé sous les termes de l’accord – implique de supprimer 114 isotopes U-238 non désirés pour chaque atome U-235.

Améliorer sa pureté à hauteur de 20 % signifie supprimer encore 22 isotopes non-désirés par atome U-235, tandis qu’atteindre, à partir de ce niveau, une pureté de 90 % consiste à seulement supprimer quatre isotopes de plus par atome U-235, a noté Kamalvandi. A 90 %, l’uranium peut être utilisé pour fabriquer du matériel de guerre.

Le président américain Donald Trump, (à gauche), le 22 juillet 2018, et le président iranien Hassan Rouhani, le 6 février 2018. (AP Photo)

Passer de 20 à 90 % est donc un processus relativement rapide, ce qui inquiète les experts sur la non-prolifération nucléaire.

Les propos de Kamalvandi surviennent au lendemain de l’annonce faite par l’agence de presse Tasnim, liée au régime, selon laquelle les responsables s’apprêtaient à faire part « d’initiatives de préparation entreprises pour réduire encore les engagements pris par Téhéran dans l’accord », selon une traduction de Reuters.

L’agence nucléaire du pays communiquerait également une « information très importante » concernant « l’augmentation illimitée des stocks d’uranium enrichi » de l’Iran, avait fait savoir dimanche l’agence Mehr.

Le 8 mai, l’Iran avait posé un ultimatum de 60 jours aux Etats encore parties prenantes de l’accord, leur demandant de l’aider à contourner les sanctions américaines rétablies par Washington après la décision prise par les Etats-Unis, en mai 2018, de ne plus respecter ce pacte.

L’usine de conversion d’uranium iranienne située près d’Isfahan, le 30 mars 2005 (Crédit : AP/Vahid Salemi)

Le mois dernier, l’Iran avait également expliqué que le pays avait décidé de ne plus respecter deux engagements qu’il avait pris aux termes de l’accord international conclu à de Vienne en 2015 à propos de son programme nucléaire: ceux limitant ses réserves d’uranium enrichi (UF6) à 300 kg et ses réserves d’eau lourde à 130 tonnes. Téhéran avait cité son ultimatum à l’UE, qu’il avait accusé de ne pas parvenir à protéger l’Iran contre les sanctions américaines.

Sous les termes de l’accord sur le nucléaire, l’Iran est en droit de conserver un stock ne dépassant pas les 300 kilogrammes d’uranium faiblement enrichi – un chiffre à comparer aux 10 000 kilogrammes d’uranium plus enrichi que le pays détenait dans le passé. Le pays a le droit de stocker par ailleurs 300 tonnes d’eaux lourdes, qu’Oman achète pour refroidir ses réacteurs nucléaires.

L’accord sur le nucléaire iranien avait été conclu à Vienne le 14 juillet 2015 entre l’Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (États-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni), plus l’Allemagne.

Il avait permis de mettre fin à des années d’isolement de l’Iran en levant une partie des sanctions économiques internationales contre ce pays. En échange, Téhéran avait accepté de limiter drastiquement son programme nucléaire afin de garantir qu’il ne cherchait pas à se doter de l’arme atomique.

L’administration Trump s’était retirée de l’accord au mois de mai 2018, affirmant qu’il ne donnait pas un coup de frein suffisant au programme nucléaire de la République islamique et qu’il ne permettait pas d’empêcher à cette dernière de développer des missiles et de déstabiliser le Moyen-Orient. Les Européens ont pour leur part toujours insisté sur le fait que la convention était un pilier déterminant de la sécurité régionale et internationale.

L’AFP a contribué à cet article.

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