Dans une allocution vidéo, un ex-otage demande que les rassemblements se poursuivent
Ohad Ben Ami parle de "terrorisme psychologique" et dit aux manifestants que leur soutien l'a aidé à tenir ; selon la mère de Matan Zangauker Netanyahu "se tient entre nous et tous les otages"

L’ex-otage Ohad Ben Ami, qui a été libéré des geôles du groupe terroriste palestinien du Hamas le 8 février dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages, a appelé à la libération des autres otages dans un message vidéo qui a été diffusé samedi soir sur la Place des Otages, à Tel Aviv, où des centaines de personnes s’étaient réunies pour le rassemblement hebdomadaire.
Des centaines d’autres se sont rassemblés dans la rue Begin, toute proche, pour manifester devant les quartiers généraux de l’armée de la Kirya, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu menait des consultations sur la poursuite de l’accord.
Les critiques ont accusé le Premier ministre d’essayer de contrecarrer la poursuite du cessez-le-feu à Gaza et le maintien de l’accord de libération des otages. Ces craintes se sont accrues ces derniers jours après que le président américain Donald Trump a laissé entendre qu’Israël aurait le soutien des États-Unis pour reprendre la guerre si le Hamas ne libérait pas « tous les otages » avant samedi midi.
Alors que samedi midi a déjà sonné, Netanyahu n’a pas encore précisé ce qu’il comptait faire, mais un communiqué émis par son cabinet a indiqué qu’il « convoquerait le cabinet de sécurité dès que possible pour décider des prochaines mesures qu’Israël devra prendre ».
Des manifestations appelant à la libération des otages ont lieu chaque semaine dans tout Israël, notamment en plusieurs endroits de Tel Aviv, depuis le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, au cours duquel des terroristes ont tué plus de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et ont enlevé 251 otages.
Les rassemblements se sont poursuivis même après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, car les futures étapes de l’accord échelonné n’ont pas encore été négociées.
Dans son discours préenregistré, et diffusé sur la Place des Otages, Ben Ami a remercié les manifestants qui, semaine après semaine, sont venus attirer l’attention sur le sort des otages et s’assurer qu’ils continuaient à attirer l’attention du grand public.
« Ce qui vous fait tenir, c’est de voir soudain une nation se battre pour vous », a-t-il déclaré.
« Vous n’avez pas idée, aucune idée de la force que cela donne à ceux qui restent. »
Ben Ami, qui, avec ses compagnons d’infortune Or Levy et Eli Sharabi, est revenu extrêmement amaigri samedi dernier, a rappelé la difficulté qu’il a éprouvée à abandonner les autres otages avec lesquels il avait été retenu, et les a exhortés à « être forts ».
« Les gens veulent que vous reveniez », a-t-il assuré.
« Avec l’aide de Dieu, vous sortirez, vous rentrerez à la maison dans les prochains jours. »
Il a alerté sur le fait que le temps presse pour les 73 otages encore retenus à Gaza.
« Vous voyez comment, peu à peu, les gens changent et comment le temps fait son œuvre. Même ceux qui avaient de l’espoir et de la foi commencent soudain à les perdre, et nous devons constamment être là pour les soutenir. »

Se référant à son expérience personnelle, Ben Ami a déclaré que le 7 octobre 2023, il avait été « arraché et enfermé dans une sorte de boîte hermétique, et la vie a continué… Je n’avais aucune idée de ce qui se passait à l’extérieur ».
Il a expliqué que ses geôliers avaient profité de son ignorance de l’actualité pour recourir à du « terrorisme psychologique ». Ils lui disaient, ainsi qu’aux autres otages, que le gouvernement israélien les avait abandonnés.
« Nous devions vivre avec ces messages, jour après jour », a-t-il déclaré.
« Même si nous ne croyons pas à ces propos, avec le temps, nous constatons que c’est pourtant la réalité… et nous pouvons très vite perdre pied. »

Après la diffusion de la vidéo, Ella Ben Ami, la fille de Ben Ami, est montée sur la scène de la Place des Otages, où elle vient régulièrement depuis quinze mois.
« Mon père est rentré. Mon père est de retour en Israël, auprès de son peuple, des gens qui l’aiment et qui se sont battus si fort pour le sortir de cet enfer. Merci, vous l’avez sauvé », a-t-elle déclaré à la foule.
« Quand mon père est sorti du véhicule du Hamas, je me suis effondrée au sol, je n’ai pas pu le supporter, c’était pire que tous mes cauchemars », a-t-elle expliqué, se rappelant avoir vu pour la première fois sa silhouette décharnée et affaiblie.
« Mais mon père est un homme fort, un héros, une source d’inspiration. Il a enduré toute cette épreuve et il en est ressorti plus fort pour nous. »
« Nous en avons assez des atermoiements »
À quelques pas de là, alors que commençait la manifestation de la rue Begin, Einav Zangauker, dont le fils Matan Zangauker ne devrait être relâché que lors de la deuxième phase de l’accord, a accueilli Sagui Dekel-Chen, Sasha Trufanov et Yaïr Horn, qui ont été libérés samedi matin. Elle a présenté ses excuses au nom de la nation pour le temps qu’il a fallu pour les ramener.
Netanyahu, a déclaré Zangauker, « a tenté de faire échouer l’accord encore et encore ».
« Une personne se tient entre nous et tous les otages », a-t-elle déclaré.

« Netanyahu, nous en avons assez des atermoiements. »
Critiquant les libérations d’otages en plusieurs étapes qui s’éternisent, Zangauker a noté que les personnes de retour ont rapporté des signes de vie des captifs qui sont toujours détenus. Certains d’entre eux ne seront libérés que plus tard, au cours de la première phase, tandis que d’autres ne le seront qu’au cours de la deuxième phase de l’accord, pour laquelle les pourparlers n’ont pas encore commencé.
« Outre les signes de vie, un message commun se dégage : les otages subissent une véritable Shoah. Ils ne tiendront plus très longtemps », a prévenu Zangauker, rappelant les visages décharnés des otages libérés précédemment.
« Ils doivent être libérés rapidement, l’accord doit être pleinement appliqué. »
« Mais en attendant, le gouvernement israélien fait tout ce qu’il peut pour torpiller la deuxième phase de l’accord. Comment se fait-il que les négociations, qui devaient commencer il y a près de deux semaines, n’aient toujours pas commencé ? Comment est-il possible que la délégation n’ait pas reçu un mandat complet pour finaliser la phase deux, accélérer le calendrier et ramener tout le monde au plus vite ? »
« Donnez-nous une chance de vaincre et de retrouver nos proches », a-t-elle imploré.
Prenant la parole après Einav, Danny Elgarat a indiqué que son frère Itzik Elgarat figure sur la liste des 33 otages devant être libérés dans le cadre de la première phase de l’accord.
Le Hamas a informé Israël que huit des otages figurant sur la liste étaient morts. Dix-neuf otages vivants ont été libérés à ce jour, ce qui signifie que seuls six des quatorze restants sont encore en vie.
« Leurs chances de survie s’amenuisent », a déclaré Elgarat.
« Nous attendons un signe de vie et nous espérons qu’ils sont en vie. »
Il a ensuite remercié Trump pour le travail accompli par son administration dans le cadre de l’accord de libération des otages et lui a demandé de faire pression sur Netanyahu pour qu’il veille à ce que l’accord soit pleinement respecté avant de se tourner à nouveau vers l’objectif d’éliminer le groupe terroriste palestinien du Hamas.
« Nous voyons comment les radicaux au sein du gouvernement font pression sur Netanyahu et tentent de saboter l’accord », a expliqué Elgarat à Trump.

« Ils abusent de votre soutien à Israël et de la bonne volonté dont vous témoignez pour ramener tout le monde à la maison. »
La manifestation de la rue Begin a été renforcée par des manifestants anti-gouvernement qui sont venus de la place Habima.
Le principal groupe de manifestants était encadré par des militants de divers groupes de la société civile, dont des membres du mouvement Israel Gay Youth, qui brandissaient des drapeaux arc-en-ciel, et une coalition de groupes de gauche, dont Standing Together, Women Wage Peace et Socialist Struggle, ainsi que l’ONG Mouvement pour un gouvernement de qualité (MGQ).
Dans un discours adressé aux manifestants, le chef de l’opposition Yaïr Lapid a exigé qu’Israël ne mette pas fin au cessez-le-feu à l’issue de la première phase.
« Israël doit passer à la deuxième phase de l’accord. Tout le monde doit rentrer », a-t-il déclaré.
Les manifestants descendent dans les rues de Jérusalem
Lors d’un rassemblement plus restreint à Jérusalem samedi soir, une manifestante a été arrêtée alors qu’elle se rendait avec plusieurs autres personnes à la résidence du Premier ministre après avoir participé à une manifestation symbolisant les conditions de vie des otages détenus à Gaza.
Quatre manifestants peu vêtus et couverts de sang artificiel ont accompagné le cortège, agenouillés au sol avec les mains liées par une corde.

On estime que 70 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 35 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne.
Le Hamas a jusqu’à présent libéré 24 otages – des civils, des soldates et des ressortissants thaïlandais – au cours du cessez-le-feu qui a débuté en janvier.
Le groupe terroriste avait libéré 105 civils lors d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre 2023, et quatre otages avaient été libérées auparavant.
Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 40 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par Tsahal.
Le groupe terroriste palestinien détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que le corps d’un soldat de Tsahal tué en 2014. Le corps d’un autre soldat de Tsahal, également tué en 2014, a récemment été récupéré à Gaza lors d’une opération militaire israélienne secrète en janvier.