Défense: Au Maroc, Gantz signe le tout premier protocole d’accord avec un pays arabe
Le groupe terroriste du Hamas a appelé mercredi les Marocains à condamner et à dénoncer la visite du ministre israélien
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
RABAT, Maroc – Le ministre de la Défense Benny Gantz a signé un protocole d’accord avec son homologue marocain dans la journée de mercredi. C’est le tout premier accord de ce type conclu entre Israël et un état Arabe, ont annoncé les responsables israéliens.
Cet accord officialise les liens des deux pays dans le secteur de la Défense, ouvrant la porte à une coopération plus fluide entre les responsables de la Défense des deux nations et facilitant pour Israël les ventes d’armes à ce pays d’Afrique du nord.
Avec ce protocole d’accord, les ministères de la Défense et les armées des deux États pourront plus facilement s’entretenir les uns avec les autres et partager des renseignements. Dans le passé, ce type de communication n’était possible que par le biais de leurs services de renseignement respectifs.
Un responsable du ministère de la Défense a fait savoir que si Israël entretenait des liens sécuritaires étroits avec la Jordanie et l’Égypte, deux pays avec lesquels l’État juif a signé des traités de paix, jamais un protocole d’accord n’avait été signé avec ces deux partenaires par Israël – ce qui rend cette signature marocaine « sans précédent ».
Le groupe terroriste du Hamas a appelé mercredi les Marocains à condamner et à dénoncer la visite de Gantz dans le pays. « La normalisation n’apportera – indépendamment du niveau de proximité – aucune légitimité à l’occupation qui restera notre unique ennemie nationale », a déclaré Ismail Radwan, haut-responsable du groupe terroriste palestinien du Hamas, et proche du Premier ministre du Maroc.
Gantz a atterri dans la capitale du Maroc mardi soir. C’est la toute première visite d’un ministre de la Défense dans le pays et elle a été rendue possible par la reprise des relations entre Jérusalem et Rabat, l’année dernière.
Le ministre de la Défense a commencé sa visite en se rendant sur le tombeau de Mohammed V et de Hassan II qui étaient respectivement le grand-père et le père du roi actuel, Muhammad VI. Gantz y a déposé une gerbe.
De là, il s’est rendu au ministère de la Défense où il a rencontré son homologue Abdellatif Loudiyi et où il a signé le protocole d’accord.
Avant le voyage qu’il a qualifié « d’historique », Gantz avait déclaré que son objectif était de renforcer les liens entre Jérusalem et Rabat, dont les relations diplomatiques ont repris, l’année dernière, dans le cadre des Accords d’Abraham qui avaient été négociés par le président américain de l’époque, Donald Trump. Dans le cadre de cet accord, Washington avait reconnu la souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara occidental controversé. Israël a pu, grâce à ces accords, normaliser également ses liens avec les Émirats arabes unis et Bahreïn et, dans le principe, avec le Soudan – mais la situation politique agitée dans ce pays a compliqué la signature d’un accord officiel entre les deux nations.
Pour le Maroc, la visite effectuée par un ministre israélien de la Défense – dont le bureau peut approuver la vente d’armements avancés et de systèmes de défense – sert probablement de démonstration de force en direction de l’Algérie, sa voisine, avec laquelle le royaume est en conflit en raison du soutien apporté par Alger au mouvement du Front Polisario, qui réclame la formation d’un État indépendant au Sahara Occidental.
Si ce déplacement de Gantz marque la toute première visite officielle d’un ministre de la Défense israélien au Maroc, c’est également la toute première fois que des soldats de Tsahal en uniforme se rendent au Maroc. Trois officiers de l’armée israélienne figurent en effet dans la délégation qui accompagne Gantz, dont deux sont d’origine marocaine – le secrétaire militaire du ministre, le général Yaki Dolf, dont les deux parents sont nés au Maroc, et le colonel Noam Arbeli, dont la mère est née au Maroc et s’est installée au sein de l’État juif en 1961. Environ 700 000 Israéliens auraient une origine marocaine.
« C’est très excitant, très excitant », s’est exclamé Arbeli auprès du Times of Israel.
Gantz devrait aussi rencontrer dans la journée de mercredi le chef de l’armée marocaine, Abdelfattah Louarak, et le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita.
Jeudi, le ministre de la Défense devrait visiter la synagogue Talmud Torah à Rabat avant de monter à bord de l’avion qui le ramènera, jeudi soir, au sein de l’État juif.
C’est la seconde visite d’État effectuée par un responsable élu israélien.
Depuis l’année dernière, après la reprise des liens entre les deux pays, Jérusalem et Rabat ont signé un certain nombre de protocoles d’accord dans de multiples secteurs dont l’aviation civile, le forage pétrolier, la recherche sur les ressources en eau et la finance.
Les deux nations ont également rouvert leurs bureaux de liaison respectifs, qui avaient été fermés après la décision prise par le Maroc de rompre les liens qu’entretenait le royaume avec Israël au début de la Seconde intifada, en l’an 2000.
Le ministère des Affaires étrangères Yair Lapid s’était rendu au mois d’août au Maroc pour l’inauguration officielle du bureau de liaison israélien à Rabat, rencontrant également de hauts-responsables et signant une série d’accords. Les deux pays prévoient de transformer à terme ces bureaux de liaison en ambassades pleines et entières, même si aucun calendrier n’a été adopté pour le moment.