Dénonçant un leadership « pathétique », Bennett réclame une commission d’enquête sur le 7 octobre
Selon l'ex-Premier ministre, qui salue les "lions" qui se sont rués vers le danger, Tsahal a perdu des heures vitales à se préparer au lieu d'envoyer des troupes dans le sud dès le début de l'incursion
L’ancien Premier ministre Naftali Bennett a demandé mardi la création d’une commission d’enquête sur le pogrom qui avait été perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, le 7 octobre 2023, se disant choqué par l’incapacité des « pathétiques » leaders israéliens à mettre fin aux massacres de ce jour-là.
Écrivant sur Facebook à la veille de Simhat Torah – la date du calendrier hébraïque à laquelle l’assaut barbare avait eu lieu – Bennett a déclaré qu’il s’était précipité à la base de son ancienne unité de réserve, seulement pour découvrir que l’armée se préparait à la guerre alors qu’elle aurait dû envoyer des troupes pour repousser les quelque 6 000 Gazaouis – dont 3 800 terroristes – dirigés par le Hamas qui avaient déferlé dans les communautés frontalières de Gaza, situées à une heure de route.
« Une guerre se mesure en jours, en semaines », a écrit Bennett. « Un massacre se mesure en secondes et en minutes ! »
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a jusqu’à présent refusé les demandes de l’opposition et de la procureure générale de créer une commission d’enquête sur l’incapacité d’Israël à empêcher les milliers de Gazaouis du Hamas de prendre d’assaut le sud d’Israël – ils avaient alors massacré plus de 1 200 personnes et ils avaient kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage à Gaza. Netanyahu a insisté sur le fait que toute enquête devrait attendre la fin de la guerre déclenchée par le pogrom.
Il semblerait que le Premier ministre accorde par ailleurs sa préférence à une enquête de moindre niveau, avec des pouvoirs d’investigation plus limités. Ses détracteurs affirment qu’il cherche à éviter d’être tenu pour responsable des échecs de ce samedi noir.
Jusqu’à présent, Bennett ne s’était pas associé publiquement aux appels en faveur de la création d’une commission d’État et, contrairement aux anciens Premiers ministres Yaïr Lapid et Ehud Barak, il n’a pas témoigné devant la commission civile indépendante créée à la place de la commission d’État.
Bennett a déclaré sur Facebook qu’environ une demi-heure après le début des massacres, il avait commencé à recevoir des appels à l’aide de la part d’habitants de Kfar Aza. Il a expliqué qu’il avait l’habitude de donner son numéro aux habitants chez qui il avait séjourné en signe de soutien, lors des précédentes escalades.
« J’ai été choqué de constater qu’il y avait une infiltration à Kfar Aza », a-t-il écrit. « Je n’avais pas encore compris qu’il s’agissait d’une attaque tout le long de la clôture [de la frontière de Gaza]. »
Bennett a précisé qu’il avait demandé à « des personnes très haut placées » d’envoyer immédiatement des troupes à Kfar Aza. Lorsqu’elles lui ont répondu qu’elles étaient au courant de l’infiltration, « j’ai supposé que dans les cinq minutes suivantes, les troupes seraient là et prendraient en charge la situation », a-t-il ajouté.
Alors que les heures passaient et que personne ne venait, Bennett avait continué à faire pression sur les officiels et il avait demandé aux commandants de la 98e brigade, son ancienne unité de réserve, d’envoyer des troupes à Kfar Aza.
Il a indiqué qu’il s’était rendu en voiture à la base de l’unité à Ramle et qu’il s’était senti encouragé lorsqu’il avait vu une longue file de voitures à l’extérieur, ce qui indiquait que des « milliers de soldats » étaient arrivés.
Dans la base, « j’ai vu des centaines de réservistes qui se préparaient » à la guerre déclarée par le gouvernement : ils signaient la réception de leur équipement et ils recevaient des rations et des munitions » – un processus d’une durée approximative de « 6 à 10 heures », a ajouté Bennett.
Bennett a écrit que les commandants de bataillon auxquels il s’était adressé avaient rejeté ses demandes d’accélérer le processus jusqu’à ce qu’il leur montre les messages sur son téléphone. Il a indiqué qu’il avait envisagé de poster une vidéo appelant les personnes armées à se rendre dans le sud, mais qu’il avait décidé que ce serait inconvenant dans la mesure où il n’était pas en fonction.
Faisant l’éloge des milliers de personnes qui sont allées au combat de manière indépendante alors que les forces de l’armée n’arrivaient pas, Bennett a déclaré qu’il se demandait souvent s’il aurait pu en faire davantage.
« Ce jour-là, nous avons découvert que nous étions une nation de lions, mais nous avons aussi vu à quel point nos dirigeants étaient pathétiques », a-t-il écrit.
Il a déclaré qu’Israël devait ramener tous les otages restants à Gaza et faire en sorte que les habitants évacués puissent revenir dans leurs maisons au nord et au sud – en toute sécurité.
« Nous pourrons alors commencer à restaurer notre pays », a-t-il ajouté.
Bennett a indiqué qu’il se présenterait aux prochaines élections législatives, qui devraient avoir lieu en octobre 2026, si elles ne sont pas avancées. Bien qu’il ait terminé son mandat d’un an en tant que Premier ministre en 2022 dans le cadre du gouvernement d’unité avec Lapid, largement impopulaire, et qu’il n’ait pas cherché à se faire réélire, les sondages montrent qu’un parti dirigé par l’ancien Premier ministre pourrait recueillir le plus grand nombre de voix, dans un contexte d’insatisfaction à l’égard de Netanyahu.
Ancien collaborateur de Netanyahu, Bennett envisagerait de se présenter à la tête d’une liste formée d’autres anciens alliés de droite de Netanyahu.
Par le passé, il a dirigé des factions qui se positionnaient à la droite de Netanyahu.
Il avait refusé de rencontrer le dirigeant de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, qu’il accuse de soutenir le terrorisme, et il s’oppose à la création d’un État palestinien, même si, en tant que Premier ministre , il avait assuré qu’il n’annexerait pas la Cisjordanie.
Les liens de Bennett avec une grande partie de la droite s’étaient rompus lorsqu’il avait occupé le poste de Premier ministre à la tête d’une coalition comprenant des partis anti-Netanyahu, y compris des factions de gauche et arabes. Le gouvernement s’était effondré en 2022, après un an de mandat.