Des centaines de manifestants à Tel Aviv exigent la libération des captifs et soulignent le sort des enfants otages
La mère d'un otage demande à Donald Trump de faire pression pour la libération des captifs : "Ils ne survivront pas jusqu'à votre investiture" ; heurts avec un contre-protestant qui fait retentir de la musique
Des centaines de personnes se sont rassemblées samedi sur la Place des Otages de Tel Aviv et, à un pâté de maisons de là, sur la rue Begin, pour exiger le retour des otages de Gaza, en soulignant le sort des jeunes captifs à l’occasion de la Journée internationale de l’enfance qui a lieu cette semaine.
« Laissez-moi vous parler de mes enfants et de leurs droits », a déclaré Bat Sheva Yahalomi, l’épouse de l’otage franco-israélien Ohad Yahalomi et la mère de l’ancien captif Eitan Yahalomi. Les deux otages ont été enlevés à leur domicile du kibboutz Nir Oz le 7 octobre 2023.
Eitan, 12 ans, a été « détenu seul pendant 16 jours, entouré de terroristes armés, qui lui ont dit que l’État d’Israël et Nir Oz n’existaient plus », a raconté la mère du jeune garçon. Elle a ajouté que depuis qu’Eitan a été libéré après 52 jours de captivité, il souffre de cauchemars et d’une alopécie – ou perte de cheveux.
« Nous nous en remettrons, mais cela ne pourra [totalement] se faire que lorsque son père et les autres otages seront revenus », a-t-elle ajouté.
« La dernière image qu’Eitan et ses deux sœurs ont de leur père est celle où il est étendu sur le sol, blessé et en sang, après qu’il a quitté le mamad [l’abri anti-atomique] pour les protéger », a poursuivi Bat Sheva.
« Qu’en est-il de leur droit à avoir un père ? Qu’en est-il de leur droit d’être simplement des enfants, les enfants de leur père ? »
Le rassemblement sur la Place des Otages était dédié aux enfants en captivité, avant la Journée internationale de l’enfance qui aura lieu ce mercredi. Il y a actuellement deux enfants otages : Ariel Bibas, 5 ans, et Kfir Bibas, 1 an. Leur tante, Ofri Bibas, a lancé un appel au Premier ministre Benjamin Netanyahu et au reste du gouvernement :
« Je vous entends dire qu’Ariel et Kfir sont tous nos enfants. Mais vous vous réveillez le matin et vous vous couchez le soir en sachant où sont vos enfants, en sachant qu’ils ont mangé et bu aujourd’hui. Qu’ils sont en bonne santé, qu’ils sont en sécurité. Vous savez qu’ils sont en vie ! »
Depuis 407 jours, dit Ofri, « nous ne savons rien » de la famille Bibas. « S’ils ne reviennent pas, tous les enfants d’Israël et leurs parents sauront que l’on peut kidnapper des enfants ici et que personne ne viendra les sauver. »
Ofri a ajouté que plus d’un an s’était écoulé depuis des promesses non tenues et des accords torpillés : « Assez parlé, il est temps d’agir. Ariel et Kfir devraient être dans une cour de récréation en ce moment, courir et jouer. Au lieu de cela, ils sont les pions d’un jeu horrible. Vous êtes entrés en guerre au nom d’Ariel et de Kfir. Maintenant, votre responsabilité envers eux est de mettre fin à la guerre et de les ramener à la maison. »
Prenant également la parole lors du rassemblement, Alon Nimrodi, père du soldat captif Tamir Nimrodi – qui souligne être « fier de Tamir, pas fier du nouveau titre » – a déclaré qu’il avait des difficultés avec la ligne de l’Hatikvah, l’hymne national israélien : « être une nation libre sur notre Terre ».
« Nous ne sommes pas une nation libre dans notre pays », a-t-il déclaré.
« 101 otages sont là, dans le gouffre – en quoi sommes-nous libres, en
quoi ? »
Il a indiqué que cette semaine, la famille a marqué le 20e anniversaire de Tamir – son deuxième en captivité – en offrant des kits de soins aux nécessiteux, aux sans-abri, aux jeunes à risque et aux soldats blessés.
Alon a souligné qu’une telle charité correspondait aux valeurs de son fils.
« Ces valeurs sont absentes chez nos décideurs », a déclaré le père.
« Ils ont abandonné les otages. »
Avant le rassemblement, ces familles ont fait une déclaration, implorant le président nouvellement élu des États-Unis, Donald Trump, d’aider à ramener leurs proches.
אדם עם חולצה של ״אריות הימין״ הגיע מול הצהרת המשפחות בבגין, לקראת סיומה, עם מערכת הגברה והשמיע שירים בהתרסה. כשפעילים ועינב צנגאוקר הגיעו ודרשו מהשוטרים שילך משם. הוא סרב והחלו קללות ודחיפות כולל בינו לבין נטלי צנגאוקר ולפעיל נוסף שהגיע למקום להגן עליה. המשטרה שם, אבל שוטר אחד… pic.twitter.com/P3zvxSsCD6
— Bar Peleg (@bar_peleg) November 16, 2024
Vers la fin de la déclaration, un homme portant un tee-shirt sur lequel on pouvait lire « Lions of the Right » (« Les Lions de la droite ») a diffusé de la musique à partir d’un haut-parleur et a bousculé Natalie Zangauker, la sœur de l’otage Matan Zangauker, selon des images partagées par un journaliste de Haaretz.
La police a déclaré dans un communiqué qu’après qu’une dispute a éclaté à propos de la musique, les forces de l’ordre sont arrivées sur les lieux, ont arrêté l’homme et ont confisqué son équipement.
Einav Zangauker, la mère de Matan, a appelé le président Trump à s’impliquer immédiatement dans les efforts visant à libérer les captifs israéliens détenus à Gaza.
« [Le Premier ministre Benjamin] Netanyahu refuse de mettre fin à la guerre », a déclaré Einav lors du rassemblement hebdomadaire devant la Kirya.
« Faites tout pour mettre fin à la guerre et ramener les otages. Ils ne survivront pas jusqu’à votre investiture en janvier. »
Le rassemblement sur Begin n’est pas affilié au Forum des familles des otages et disparus et est fréquenté par des familles de captifs qui critiquent plus ouvertement le gouvernement.
Sur la rue Begin, devant les quartiers généraux de l’armée de la Kirya, les manifestants ont demandé la fin de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas dans le cadre d’un accord pour les otages. Ils ont allumé des fumigènes et tapé sur des tambours en scandant : « Ils [les otages] sont à court de temps – un accord est sur la table ! »
Avital Dekel-Chen, épouse de l’otage Sagui Dekel-Chen, et Meital Weiss, fille de l’otage Ilan Weiss, ont également pris la parole lors du rassemblement.
Des rassemblements ont également eu lieu dans tout le pays, à Rehovot, Haïfa, Raanana, Jérusalem et ailleurs, pour réclamer un accord de « trêve contre libération d’otages ».
Samedi soir également, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, l’un des opposants les plus virulents à un accord pour les otages au sein du gouvernement – si celui s’apparente à une accord « de reddition », a déclaré à la chaîne N12 que la guerre à Gaza ne prendrait pas fin tant que le Hamas ne serait pas « anéanti » et « n’existerait plus ». Cependant, il a réfuté la thèse selon laquelle cela signifierait que les otages ne reviendraient jamais.
Interrogé sur les raisons pour lesquelles le gouvernement n’accepterait pas un accord qui mettrait fin à la guerre en échange de la libération de tous les otages, Smotrich a répondu à la chaîne N12 que cela « cela signifierait que [le Hamas] conserve le contrôle de Gaza ».
Smotrich, chef du parti ultra-nationaliste HaTzionout HaDatit, a nié que cela signifiait que les otages ne rentreraient jamais chez eux et a insisté sur les deux objectifs de la guerre : détruire le Hamas et ramener les otages. Le premier objectif doit être atteint, entre autres raisons, dit-il, pour éviter que les événements du 7 octobre ne se reproduisent et pour montrer aux ennemis d’Israël que ce dernier a gagné.
Il a également précisé qu’il n’accepterait pas un accord qui mettrait fin à la guerre et a rejeté l’idée que, si un cessez-le-feu et un accord pour les otages étaient conclus, l’armée israélienne serait en mesure de reprendre ultérieurement le combat contre le Hamas à Gaza.
« La fin de la guerre ne serait pas réversible », a-t-il déclaré.
Smotrich a ensuite précisé ce qu’il considérait comme la réalisation des objectifs de la guerre en ce qui concerne le Hamas : « Nous mettrons fin à cette guerre lorsque le Hamas sera anéanti, parti, détruit, qu’il n’existera plus… qu’il n’y aura plus de régime Hamas dans la bande de Gaza. »
Lorsqu’on lui a fait remarquer que cela signifiait qu’il n’y aurait pas de retour des otages, il a répondu : « Lorsque le Hamas comprendra qu’il est seul, qu’il n’y a pas de [groupe terroriste chiite libanais du] Hezbollah pour le soutenir, qu’il n’y a pas d’Iran pour le soutenir, et qu’il y a un [Donald] Trump à la Maison Blanche qui va nous donner une liberté d’action absolue… »
Smotrich a été interrompu par ses hôtes à ce moment-là et n’a pas été au bout de sa pensée, mais il a poursuivi : « Si nous poursuivons l’effort dans la bande de Gaza, nous créerons… une stérilisation complète dans le nord de Gaza et, enfin, une gouvernance alternative. »
Smotrich a indiqué qu’il pensait qu’Israël devrait reprendre se réimplanter à Gaza et qu’il le ferait, mais il a fait remarquer que « ce n’est pas l’un des objectifs de la guerre ».
Plus d’un an après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, 101 otages seraient encore retenus à Gaza, dont les corps de 34 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne. Au cours de l’année écoulée, 109 otages ont été libérés, huit ont été sauvés vivants et les corps de 37 otages ont été récupérés par les soldats.