Des journalistes accusent l’envoyée de l’ONU pour les violences sexuelles de servir les intérêts de Tsahal
Pramila Patten a été critiquée lors d'une conférence de presse après avoir présenté un rapport faisant état de viols généralisés le 7 octobre
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Des journalistes présents à la conférence de presse de lundi, au cours de laquelle un rapport de l’ONU accusant le groupe terroriste palestinien du Hamas de viol a été présenté, ont accusé la représentante spéciale de l’organisation sur les violences sexuelles dans les conflits de favoriser les attaques israéliennes dans la bande de Gaza.
La journaliste de PassBlue, Dwan Clancy, a demandé à la représentante de l’ONU, Pramila Patten, si elle était préoccupée par le fait que le rapport « soit utilisé comme une arme pour poursuivre la violence à Gaza ».
Abdelhamid Abdeljaber, chef du bureau de l’ONU à Al-Quds Al-Arabi, a déclaré que le rapport « n’est qu’une validation du discours israélien ».
Nabil Abi Saad, de la chaîne AlAraby TV, a demandé si Patten avait vu les corps des victimes israéliennes et si elle avait parlé aux otages israéliens libérés qui, selon Abi Saad, auraient fait l’éloge du Hamas.
Le rapport, qui indique que des viols et des viols collectifs ont probablement eu lieu lors de l’assaut du Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre, a également suscité de la frustration en Israël. Bien qu’il confirme des rapports antérieurs faisant état de viols généralisés commis par le Hamas, le rapport n’accuse pas directement le groupe terroriste palestinien d’être l’auteur de ces violences sexuelles.
Le rapport de 24 pages mentionne 10 fois le Hamas, mais ne parle que de « violences sexuelles liées aux attaques commises par le Hamas et d’autres groupes [terroristes] armés ».
Lorsqu’il décrit les attaques spécifiques, le rapport s’abstient de préciser qui les a perpétrées : « Il existe des motifs raisonnables de croire que de multiples viols, y compris des viols collectifs, ont été commis à l’intérieur et autour du site du Festival Nova au cours des attaques du 7 octobre. »
לכל מי ששואל למה הדוח של האו״ם בכלל חשוב ולמה ישראל שיתפה איתו פעולה, או שיש ביקורת על הדוח שהוא לא מספיק מצדד בעמדה שלנו – מוזמן לצפות בקטע הבא של שאלות העיתונאים למחברת הדוח , תת מזכ״ל האו״ם פרמילה פאטן. שאלות הזויות, היא ממש הותקפה שהיא מאמצת את הנרטיב הישראלי. לראות ולהשתגע pic.twitter.com/mQhDjR61dN
— יונה לייבזון yuna leibzon (@YunaLeibzon) March 5, 2024
Cependant, la Dr Cochav Elkayam-Levy, présidente de la commission civile israélienne sur les crimes commis le 7 octobre par le Hamas à l’encontre des femmes et des enfants, s’est montrée largement favorable à la description du rapport.
« Le Hamas est mentionné dans le rapport [de l’ONU] », a-t-elle déclaré à la Douzième chaîne. « Des actes ignobles commis par le Hamas et d’autres groupes [terroristes] sont cités. Le rapport lui-même présente une image horrifiante des cas dont nous avions connaissance […] sur lesquels nous avons rassemblé des informations. »
« Le fait même que le rapport ait réussi à décrire cela constitue une [allégation de] responsabilité colossale contre le Hamas. Il leur sera difficile de s’y soustraire », a-t-elle souligné.
Pourtant, peu après la publication du rapport, le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a rappelé l’ambassadeur de l’ONU, Gilad Erdan, pour des consultations, déclarant sur X que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « agissait afin d’édulcorer le rapport sérieux qu’il a lui-même ordonné sur les crimes sexuels du Hamas, essayant d’empêcher le Hamas d’être tenu pour responsable et n’ordonnant pas que le Conseil de sécurité soit immédiatement convoqué pour discuter du rapport et reconnaître le Hamas comme un groupe terroriste, avec toutes les sanctions que cela implique, tout en appelant à une libération inconditionnelle de tous les otages ».
Le porte-parole de Guterres a nié qu’il tentait d’étouffer le rapport.
Le rapport sera débattu lors de la réunion annuelle d’avril des Nations unies sur les violences sexuelles dans les conflits.
Le rapport, qui s’appuie sur plus de deux semaines de réunions sur le terrain, affirme qu’il existe des « motifs raisonnables » de croire que des terroristes ont commis des viols et des abus sexuels au cours de leur carnage du 7 octobre, et qu’il existe un niveau de preuve encore plus élevé pour indiquer que les otages enlevés par le Hamas ce jour-là ont été soumis à des viols en captivité.
Présentant le rapport lors d’une conférence de presse qui était organisée au siège de l’ONU, à New York, Patten a déclaré qu’il y avait « des informations claires et convaincantes attestant du fait que des violences – viol, actes de torture sexualisés, traitements dégradants et inhumains » – ont été commises contre les otages qui étaient retenus en captivité par le Hamas dans la bande.
« La mission a été difficile compte-tenu de ce que nous avons entendu, des détails qui nous ont été donnés », a-t-elle expliqué lors de la conférence de presse. « Nous avons parcouru, en écoutant les témoignages, le catalogue des formes les plus extrêmes et inhumaines de torture et d’horreur », a-t-elle ajouté, précisant que sa mission « n’avait pour objectif d’être une enquête par nature et qui n’a pas été réclamée à des fins d’investigation ».
L’équipe a toutefois noté qu’il faudra « une enquête pleine et entière » pour établir l’ampleur, la portée et les spécificités de ces violences sexuelles.
Patten a déclaré que, sur la base des preuves qu’elle a recueillies, il existe des motifs raisonnables de croire que des « viols et des viols collectifs » ont eu lieu au cours de l’attaque meurtrière du 7 octobre à au moins trois endroits : le site du festival de musique Supernova, le kibboutz Reïm et le long de la Route 232, située non loin de là.
Dans ces trois lieux et dans la majorité des cas, a-t-elle précisé, les victimes ont été « d’abord violées avant d’être tuées ». Elle a évoqué « deux incidents » où des viols auraient été commis post-mortem.
Le site du festival de musique, a-t-elle continué, a été le théâtre de « meurtres de masse brutaux ». Elle a fait remarquer que de nombreux corps sans vie avaient été brûlés ou défigurés et « qu’il semble y avoir eu un modèle récurrent, avec des victimes qui ont été découvertes pleinement ou partiellement déshabillées, ligotées et tuées par balle ».
Patten a indiqué que « certaines accusations » de violences sexuelles commises au kibboutz Beeri étaient infondées, notamment l’information portant sur une femme enceinte dont le fœtus aurait été arraché et que d’autres allégations n’ont tout simplement pas pu être vérifiées.
Elle a ajouté que des entretiens réalisés avec des prisonniers et des prisonnières palestiniennes, en Cisjordanie, avaient révélé « un traitement cruel, inhumain et dégradant » des détenus de la part des forces de sécurité israéliennes avec notamment « des violences sexuelles prenant la forme de fouilles corporelles [et] de menaces de viol ».
En réponse au rapport, Erdan s’en est pris à l’instance internationale pour avoir mis trop longtemps à reconnaître ce qui s’est passé dans les communautés voisines de Gaza le 7 octobre.
Israël s’est insurgé contre les groupes internationaux de femmes qui ont ignoré les preuves de l’instrumentalisation de la violence sexuelle par le Hamas lors des attaques.
Il avait fallu environ huit semaines à UN Women, un groupe de défense des droits des femmes sous l’autorité de l’ONU, pour publier, puis supprimer peu après, une condamnation de l’attaque du 7 octobre elle-même. Une autre semaine s’est écoulée avant que l’agence n’admette l’existence de « rapports troublants de violences sexuelles et basées sur le sexe le 7 octobre ».
Des réactions tardives qui avaient suscité l’indignation des organisations juives et féministes israéliennes qui avaient lancé le hashtag « #MeToo_UNless_UR_A_Jew » et qui avaient estimé que le silence conservé par l’ONU sur cette problématique était une manifestation d’antisémitisme.
La campagne a pris de l’essor au mois de décembre, lorsque le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président des États-Unis Joe Biden avaient tous deux fustigé publiquement les groupes internationaux de défense des femmes pour avoir ignoré les preuves de plus en plus nombreuses que le Hamas avait utilisé le viol comme arme de guerre. Plus tard dans le mois, le New York Times a publié un article accablant sur l’ampleur des violences sexuelles commises lors des attaques du 7 octobre.
Amy Spiro et l’AFP ont contribué à cet article.
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