Des lettres manuscrites d’Albert Einstein en vente aux enchères
Les lettres écrites par le physicien et sa femme Elsa, datées du jour où il renoncé à sa citoyenneté allemande, après la montée du nazisme, parlent de son aide aux réfugiés juifs

Deux lettres manuscrites, rédigées par le célèbre physicien Albert Einstein, ont été mises aux enchères. Les enchères initiales sont estimées à 25 000 dollars par document.
L’une de ces lettres est datée du 28 mars 1933, précisément le jour où le lauréat du prix Nobel a annoncé qu’il renonçait à sa citoyenneté allemande et qu’il a rendu son passeport au consulat allemand, après avoir réalisé qu’il ne pourra plus retourner dans son pays natal à cause de la montée du nazisme sous le régime hitlérien.
La seconde lettre, datée de 1938, donne des détails sur les efforts mis en oeuvre par Einstein pour aider les réfugiés juifs à fuir l’Allemagne nazie.
Les lettres, écrites en allemand, seront vendues séparément par la maison d’enchères Nate D. Sanders Auctions jeudi à Los Angeles, selon un communiqué des commissaires-priseurs.
La montée d’Hitler au pouvoir en tant que chancelier d’Allemagne le 30 janvier 1933 est survenue pendant une visite de la famille Einstein aux Etats-Unis. Ils ont décidé de revenir en Allemagne, malgré les deux perquisitions menées par les nazis dans leur appartement berlinois et les mises en garde de leurs amis, et avaient l’intention de séjourner dans leur villa à Caputh.

Mais quand leur bateau, le S.S. Blegenland, a accosté en Belgique, ils ont appris que les nazis avaient saccagé ce pied-à-terre également. C’est ce jour-là qu’Albert Einstein a écrit cette lettre à sa soeur, Maja Winteler-Einstein.
Dans la lettre, écrite sur du papier à en-tête du bateau, Elsa a fait part de sa préocuppation concernant Tetel, le fils qu’Einstein avait d’un premier mariage, et de ses craintes concernant la situation politique en Allemagne.
« Mon dieu, tous nos amis ont fui ou sont en prison », avait-elle écrit.
Albert Einstein a conclu la lettre, couchant sur papiers ses inquiétudes vis-à-vis de Tetel et terminant sur une note d’optimisme : « meilleurs vœux ! Nous allons nous mettre à la recherche d’un endroit où nous cacher cet été. »
Plus tard ce jour-là, Einstein a remis son passeport au consulat allemand d’Anvers.
Le 14 décembre 1938, une autre lettre était adressée à sa sœur Winteler-Einstein, qui était en Suisse à cette époque.
Dans ce courrier, Einstein l’implore d’immigrer aux Etats-Unis et parle aussi de ses efforts pour aider les Juifs d’Allemagne.
« Mis à part cela, je travaille maintenant comme une sorte de commission de soutien itinérante et des tas de lettres arrivent, des tas de victimes désespérées et persécutées dans la situation actuelle. J’ai envoyé de l’argent à Marie DR., et j’aide les gens de [la ville allemande] Ulm à émigrer. C’est facile pour les jeunes, mais difficile pour les plus âgés », a-t-il écrit.
« Ce n’est que lorsque l’on est mort que l’on est en sécurité. La chose la plus difficile est de trouver un pays qui accepte les personnes âgées, même si quelqu’un subvient à leurs besoins. C’est comme ça que sont les choses désormais », a écrit Einstein.