Des ministres de premier plan critiquent les déclarations des autorités américaines
Erdan accuse le Département d'Etat de faire des "déclarations idiotes" qui assimilent les actions israéliennes et palestiniennes ; Yaalon dit que Washington ne comprend pas le conflit

Deux ministres de premier plan ont fustigé jeudi des responsables américains pour ce qu’ils ont décrit comme les équivoques sur les attaques terroristes palestiniennes et une déclaration du département d’Etat américain qui a semblé accepter des accusations selon lesquelles Israël a eu recours à une force excessive ces derniers jours.
Quelques minutes après les propos du ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan et du ministre de la Défense Moshe Yaalon, un haut responsable du bureau du Premier ministre a informé les ministres que le Premier ministre Benjamin Netanyahu leur demandait de cesser toute critique publique des responsables américains.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry et un porte-parole de son ministère avaient semblé ces derniers jours mettre sur le même plan une série d’attaques terroristes palestiniennes contre des Israéliens et la politique israélienne en Cisjordanie et sur le mont du Temple, une position qu’Erdan a qualifié de « stupide. »
« Je ne sais pas s’il faut les qualifier de naïfs, au Département d’Etat américain et au gouvernement américain, » a déclaré visiblement en colère à la radio militaire jeudi matin Erdan, qui supervise les forces de police qui luttent contre la vague de terreur.
« Au lieu de sortir des déclarations stupides qui prétendent s’adresser à deux côtés tout aussi coupables, ils [devraient] concentrer la pression sur l’Autorité palestinienne meurtrière qui, en raison de son incitation à la violence, des jeunes gens sortent et commettent des actes meurtriers. »
.@giladerdan1 תקף בגלצ את מח' המדינה האמריקנית בעקבות דבריה על כח מופרז כלפי פלסטינים: "עוינת באופן מסורתי את ישראל" https://t.co/m1BOvY3Pe3
— גלצ (@GLZRadio) October 15, 2015
Mercredi, en réponse aux allégations palestiniennes sur les actions israéliennes de ces derniers jours, le porte-parole du département d’Etat John Kirby avait déclaré que les Etats-Unis avaient « vu des rapports d’activité de sécurité qui pourraient indiquer un éventuel usage excessif de la force. »
Il n’a pas donné de détails sur les incidents en question, et il était difficile de savoir s’il faisait allusion à la gestion par Israël des émeutes palestiniennes ou sur les tirs contre des assaillants palestiniens qui ont un couteau à la main – dont de nombreux Palestiniens et Arabes israéliens prétendent qu’ils sont excessifs.
Le Département d’Etat, a declaré Kirby, est « toujours préoccupé par des rapports crédibles d’usage excessif de la force contre des civils, et nous élevons souvent nos inquiétudes à ce sujet. »

Le commentaire de Kirby « est inquiétant », a déclaré Erdan.
« J’attends – pas du Département d’État, qui est traditionnellement hostile à Israël – j’attends du gouvernement américain qu’il donne son point de vue sur la question. Je ne fais pas de comparaison entre nos actions et celles de l’armée américaine, mais j’ai vu les Américains bégayer il n’y a pas si longtemps, à propos de civils innocents qui ont été blessés et tués lors de leur propre opération militaire en Afghanistan. »
Il a ajouté : « L’Etat d’Israël comprend la complexité de la lutte contre le terrorisme. Pourtant, [pour les fonctionnaires américains] se laisser abuser par des mensonges qui sont présentés au Département d’Etat américain est très étrange, amateur ou pire, surtout quand il y a des images de tous ces événements. »
Les forces de police d’Israël « ne s’en prennent pas à des gens innocents. La police israélienne et les civils israéliens effectuent des actions de sauvetage défensives dans les limites de la loi, et ces choses sont manifestes et bien connues. »
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait refusé mardi de dire où réside le « blâme » pour la récente vague de terreur. Alors que le chef de la diplomatie américaine avait condamné les attentats terroristes commis ce jour-là dans lesquels trois Israéliens ont péri, il a précisé « Je ne vais pas pointer du doigt de loin. Ceci est un cercle vicieux qui endommage l’avenir pour tout le monde ».
Il a aussi lié la vague de terreur à la construction dans les implantations israéliennes, avant de revenir sur ses propos.

Dans une interview avec la radio militaire jeudi matin, Yaalon a critiqué « la conception du conflit » du Département d’Etat.
« Ils ont dit une fois, qu’à cause de ce conflit, le Moyen-Orient est en train de brûler. C’est idiot. Quelqu’un qui dit cela aujourd’hui est ignoré. »
Les derniers commentaires au sujet du blâme sont de la même veine, a dit Yaalon. « [Le président Mahmoud] Abbas fuit les négociations depuis six ans. Ils veulent dire que les deux côtés sont également en faute ? Très bien. Cela ne va pas nous faire peur ».
Il a également critiqué les insinuations selon lesquelles que les forces israéliennes utilisaient une force excessive – au moins face aux attaques terroristes palestiniennes.
« Nous utilisons une force excessive ? Si quelqu’un lève un couteau [pour poignarder] et est abattu, c’est une force excessive ? De quoi parle-t-on ? J’ai rencontré des généraux américains, et des généraux de partout dans le monde, qui parlent de nos standards élevés », a affirmé Yaalon.
השר @bogie_yaalon ב-#דקלסגל: תקף את דברי ה"כח המופרז" של האמריקנים, הסביר על הכתר במזרח י-ם, והתייחס גם לח"כ חזן https://t.co/cPWYmB4wT2
— גלצ (@GLZRadio) October 15, 2015
Les deux interviews, tenus alors que Kerry planifie un voyage dans la région dans le but de calmer les tensions et pourrait convoquer un sommet diplomatique de haut niveau en Jordanie, ont attiré une réaction rapide du bureau de Netanyahu, qui a interdit aux autres ministres de critiquer Washington.
Yaalon en particulier, avait vivement critiqué Kerry par le passé, ajoutant aux tensions entre Washington et Jérusalem.
Erdan a déclaré à la radio militaire que Netanyahu ne devrait pas accepter de rencontrer Abbas si un tel sommet était convoqué.
« Nous aimerions beaucoup renouveler les négociations avec les Palestiniens, » a dit Erdan, « mais je pense que depuis mercredi soir, il est clair pour tous les citoyens d’Israël, de gauche comme de droite, qu’Abbas doit partir, et que la seule chance [de paix], peut-être, est que si une nouvelle direction s’y développe ».
Mercredi soir, Abbas avait prononcé un discours dans lequel il avait accusé Israël de « l’exécution de sang froid » de l’adolescent Ahmed Mansara, et avait blâmé le « rejectionnisme » israélien pour le cycle de violence.
Les politiciens israéliens ont accusé Abbas de mentir, soulignant que Mansara, âgé de 13 ans, avait été vu et filmé mardi poignardant deux personnes, qu’il était vivant et soigné dans un hôpital israélien après avoir été heurté par une voiture alors qu’il tentait de fuir.
13 y old Ahmad Mansara – who Abbas claimed "executed in cold blood" – in full conscience today at Hadassah hospital pic.twitter.com/gWxZR1CXy7
— Tal Shalev (@talshalev1) October 15, 2015
Rebecca Shimoni Stoil et Raphael Ahren ont contribué à cet article