Devant le Sénat, Merrick Garland se dit « bon juge de ce qu’est un antisémite »
Lors de son audience de confirmation pour le poste de procureur général américain, Merrick Garland est revenu sur ses grands-parents, qui ont fuit l'antisémitisme et la persécution
WASHINGTON (JTA) – Merrick Garland s’est montré très ému lorsqu’on lui a demandé lundi, lors de son audition de confirmation au Sénat, pourquoi il voulait être procureur général des États-Unis.
Le sénateur Cory Booker, représentant démocrate du New Jersey, a demandé à Garland d’expliquer pourquoi il avait fait ce choix de carrière, en s’appuyant sur l’histoire de sa famille qui a quitté la Russie, « pour affronter la haine et la discrimination ». Booker a noté que Garland avait été interrogé et avait répondu à la question lors de leur rencontre en privé.
« Mes grands-parents ont fui l’antisémitisme et la persécution », a déclaré le juge, érudit et à la voix douce, avant de s’arrêter quelques secondes pour se recueillir. « Le pays nous a accueillis et protégés, et je me sens redevable envers lui – et utiliser mes propres compétences est la meilleure façon de rembourser ma dette. Je veux vraiment être le genre de procureur général que vous dites que je pourrais devenir ».
Garland, 68 ans, a également déclaré que la lutte contre les tenants de la suprématie blanche serait une priorité s’il dirigeait le ministère de la Justice, en particulier à la suite de l’insurrection meurtrière du 6 janvier au Capitole américain, qui a impliqué des extrémistes d’extrême-droite ainsi que des manifestations visibles de racisme et d’antisémitisme.
Il a évoqué l’attaque « odieuse » qui « a cherché à perturber une pierre angulaire de notre démocratie : la passation pacifique du pouvoir à un gouvernement nouvellement élu ».
Garland sera le cinquième fonctionnaire juif de l’administration Biden. Lorsque le sénateur Mike Lee, républicain de l’Utah, lui a demandé s’il allait travailler avec des antisémites, faisant allusion aux attaques des médias conservateurs contre Kristen Clarke, que Biden a nommée à la tête de la division des droits civiques du ministère de la Justice, Garland a défendu Clarke et a déclaré dans une rare démonstration d’agacement : « Sénateur, je suis un assez bon juge pour déterminer ce qu’est un antisémite. »
Garland a déclaré qu’un moment charnière de sa carrière a été en 1995, lorsqu’il a dirigé les poursuites contre les suprémacistes blancs qui ont fait exploser un bâtiment fédéral à Oklahoma City, tuant au moins 168 personnes.
En 2016, le président Barack Obama avait nommé Garland à la Cour suprême des États-Unis, mais le Sénat républicain de l’époque n’a pas voulu que sa nomination soit retenue.