En ciblant Amsalem, Netanyahu envoie un message à tout le Likud
Le chef de l'opposition a jeté en pâture son loyal député, coupable d'avoir dit qu'une coalition avec Raam était possible - mais cette répudiation publique pourrait lui coûter cher

Le député du Likud David Amsalem était tranquillement assis, dimanche, pendant une session de la Commission de la Constitution, du droit et de la justice.
Une discrétion somme toute très inhabituelle de la part d’Amsalem, en particulier au cours d’un débat consacré à une loi qui interdirait aux politiciens mis en examen – comme c’est le cas du chef de son parti, le leader de l’opposition Benjamin Netanyahu – de former un gouvernement.
Amsalem, soutien suprême de Netanyahu, fidèle parmi les fidèles, avait antérieurement déclaré, dans la même journée, devant les caméras de la Douzième chaîne que Mansour Abbas et son parti islamiste Raam seraient les bienvenus dans une coalition placée sous l’autorité du Likud tant que la coalition n’aurait pas à s’appuyer sur Raam pour obtenir la majorité nécessaire pour gouverner, qui est de 61 sièges à la Knesset.
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Le téléphone d’Amsalem a été inondé de messages de réaction suite à cet entretien. Tandis que lui-même et d’autres membres du Likud avaient pu tenir les même propos au cours de l’année passée, ces paroles ont été considérées par un grand nombre comme un grave coup porté à la campagne du Likud pour les prochaines élections et au positionnement de la formation – celui d’une opposition totale à tous les partis arabes.
Puis son bon ami David Bitan, qui appartient lui aussi au Likud, est entré pour rejoindre la réunion de commission.
« Mais qu’est-ce qui s’est passé ? Tu es devenu fou ? », a-t-il demandé à Amsalem.

Amsalem a alors tenté d’expliquer qu’il avait voulu dire qu’il n’avait rien contre les Arabes.
« Nous ne sommes pas racistes, la gauche est raciste. Si nous avions 61 sièges, pourquoi ne se rallieraient-ils pas à nous ? », a-t-il ajouté.
Et la réponse cinglante de Netanyahu est arrivée. Le président du parti du Likud a publiquement vilipendé Amsalem et de toutes ses forces, leur belle amitié jetée aux oubliettes.
« J’ai été sidéré d’entendre ce qu’a dit Dudi Amsalem, des propos qui ne lui appartiennent qu’à lui, comme c’est déjà arrivé dans le passé », a écrit Netanyahu sur Twitter.
Amsalem, assommé, a alors perdu le contrôle de lui-même. Lorsque cela a été son tour de prendre la parole au cours de la réunion de Commission, il est allé loin, très loin dans l’autre direction, essayant de réparer les dégâts.
« Nous établirons un gouvernement de 61 Juifs », a dit Amsalem. « Pas de Druzes ? », s’est interrogé un législateur présent. « Avec les Juifs et les autres sionistes », s’est alors corrigé le député du Likud.
Mais cela n’a pas effacé la répudiation brusque et sans équivoque de Netanyahu.
Netanyahu est parfaitement conscient que les jours à venir vont être déterminants pour le Likud. Dans un mois, des Primaires vont avoir lieu pour désigner à la fois le dirigeant du parti et la liste des députés potentiels à la Knesset – des candidats qui cherchent tous à obtenir une tribune et une manifestation de soutien de la part du président du Likud, qui peut leur valoir énormément de votes.
Par exemple, même si Miri Regev n’avait jamais assisté à une seule réunion de la Commission de la Constitution, du Droit et la Justice pendant l’année qui vient de s’écouler, elle est venue dimanche pour prendre part au débat sur le projet de loi controversé qui interdirait aux politiciens mis en examen de former un gouvernement.
Ce texte dont il est peu probable qu’il soit adopté pourrait interdire à Netanyahu de prendre la tête du prochain gouvernement, et Regev n’a pas tari d’éloges à l’égard de l’ancien Premier ministre pendant toute la rencontre.

Aucun opposant ne peut, de manière réaliste, menacer le long règne de Netanyahu à la tête du Likud, mais la bataille est âpre et réelle pour les premières places sur la liste du parti.
La popularité d’Amsalem, au sein de la formation, est énorme en raison du soutien sans compromis apporté à Netanyahu pendant toute l’année. L’appui réciproque qui aurait pu être apporté par l’ex-Premier ministre, en ce moment de vérité, aurait fait d’Amsalem un candidat sérieux pour la première place de la liste électorale.
Mais Netanyahu n’aime pas avoir des ambitieux dans son entourage. L’Histoire abonde de responsables du Likud battus par Netanyahu.
Le premier d’entre eux avait été Ariel Sharon, que Netanyahu avait refusé de faire entrer dans son premier gouvernement en 1996, entraînant de réelles conséquences pour lui – notamment une dégradation de son état de santé.
Sharon aura été suivi par des dizaines d’autres politiciens de talent, compétents, que Netanyahu aura jeté en pâture – dont Naftali Bennett, Gideon Saar et Avigdor Liberman, qui auront tous assumé de hautes responsabilités sous son autorité avant de s’allier, l’année dernière, pour l’écarter du pouvoir.

Netanyahu a blessé Amsalem dans les profondeurs de son âme – et il ne l’a pas caché. Il se dit, au parti du Likud, que Netanyahu a voulu transmettre un message aux autres candidats qui se trouvent en première ligne du parti, celui de ne pas trop s’enhardir et de ne surtout pas sortir du rang.
Et pourtant, cette confrontation avec Amsalem est une grave erreur qui a été commise par Netanyahu. Amsalem, son soldat numéro un, s’est battu en son nom sur tous les fronts.
Amsalem prend les choses de manière personnelle. Liberman avait été son meilleur ami pendant des années, mais il ne parle plus au chef de Yisrael Beytenu dorénavant en raison des conflits qui opposent ce dernier à Netanyahu.
Netanyahu ne peut pas se payer le luxe de perdre une personnalité qui a affiché une telle loyauté à son égard.
Amsalem est imprévisible et si cette situation se détériore, il pourrait bien révéler tout ce que lui et d’autres savent sur les négociations menées par Netanyahu, l’année dernière, pour construire une coalition qui incluait Abbas, de Raam – cet homme que Netanyahu appelle dorénavant « l’antisémite partisan du terrorisme ».
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