Erdogan: Moscou ne respecte pas les accords conclus avec Ankara en Syrie
Cette rare critique intervient après la capture par Bashar el-Assad de Maaret al-Noomane, une ville stratégique de l'ultime province rebelle en Syrie, Idleb
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé mercredi Moscou de ne pas respecter des accords conclus avec Ankara au sujet du nord-ouest de la Syrie, où les aviations syrienne et russe ont multiplié les bombardements.
« Avec la Russie, nous avons conclu des accords (…) Si la Russie respecte ces accords, alors nous ferons de même. Malheureusement, à l’heure actuelle, la Russie ne respecte pas ces accords », a dit M. Erdogan, cité par l’agence de presse étatique Anadolu.
Cette rare critique de M. Erdogan à l’égard de la Russie intervient après la capture par le régime de Bashar el-Assad de Maaret al-Noomane, une ville stratégique de l’ultime province rebelle en Syrie, Idleb, après des semaines de bombardements.
L’escalade des violences a poussé des dizaines de milliers de Syriens à se diriger vers la frontière turque, Ankara redoutant un nouvel afflux de réfugiés sur son sol.
« Nos autorités compétentes s’entretiennent avec leurs homologues russes. Nous leur disons : ‘Stoppez ces bombardements sur Idleb. Si vous le faîtes, tant mieux. Sinon, notre patience arrive à bout. A partir de maintenant, nous ferons le nécessaire' », a déclaré M. Erdogan.
Après une grave crise diplomatique en 2015, la Turquie, qui soutient des groupes rebelles, et la Russie, qui appuie M. Assad, ont commencé à coopérer étroitement sur le dossier syrien en 2016.
M. Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine ont notamment conclu plusieurs accords visant – en théorie – à réduire les violences pour créer les conditions d’un processus politique afin de résoudre un conflit qui a fait plus de 380 000 morts depuis 2011.
Avec l’Iran, la Turquie et la Russie parrainent notamment les processus dits d’Astana et de Sotchi ayant permis la mise en place de zones dites « de désescalade » et d’un comité constitutionnel.
« Il ne reste de ce qu’on appelle Astana et Sotchi », a toutefois déploré mercredi M. Erdogan. « Que peuvent faire la Turquie, la Russie et l’Iran pour revitaliser ces processus ? Il faut voir », a-t-il ajouté.