Exactions de l’EI sur Twitter: le parquet requiert un procès pour Marine Le Pen
Accusant un journaliste de faire un "parallèle" entre l'EI et l'ex-Front national, la cheffe du parti avait publié des photos violentes accompagnés des mots : "Daech, c'est ça"

Le parquet de Nanterre a requis le renvoi de Marine Le Pen devant un tribunal pour la publication, en 2015, de photos d’exactions du groupe Etat islamique (EI) sur son compte Twitter, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
Le parquet a demandé, dans un réquisitoire daté du 19 décembre, un procès pour la présidente du Rassemblement national (RN) et pour le député RN Gilbert Collard, tout deux mis en examen pour « diffusion d’images violentes », ont indiqué ces sources, confirmant une information du Parisien.
Il revient désormais à la juge d’instruction d’ordonner, ou non, un procès pour les deux élus.
Marine Le Pen est mise en cause pour avoir tweeté le 16 décembre 2015 trois photos d’exactions du groupe EI. Les images montraient un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d’un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et une photo du journaliste américain James Foley, le corps décapité et la tête posée sur le dos.

Accusant le journaliste Jean-Jacques Bourdin de faire un « parallèle » entre l’EI et le RN (alors Front national), elle avait accompagné ces photos des mots : « Daech, c’est ça ».
Interrogé par l’AFP, le parquet de Nanterre, a confirmé vendredi ces réquisitions, précisant qu’elles dataient du 19 décembre.
« On a totalement déformé la lettre et l’esprit d’un texte [de loi NDLR] qui est fait pour protéger des mineurs », a réagi Me David Dassa le Deist, avocat de Marine Le Pen, qui dénonce une « persécution politique ».

« C’est un acharnement », a aussi estimé Me Jean-Marc Descoubes, avocat de Gilbert Collard, qui juge lui aussi que l’article invoqué n’est pas « applicable » aux faits. Par ailleurs, « M. Collard avait pris le soin, par rapport à ses deux tweets, de faire des commentaires explicatifs et pédagogique », a-t-il ajouté.
Quelques semaines après les attentats du 13 novembre 2015, les pires jamais commis en France, la publication de ces photos très violentes avait immédiatement soulevé un tollé au sein de la classe politique mais aussi au-delà.
M. Collard avait quant à lui diffusé la photo d’un homme gisant au sol, le crâne défoncé, avec ce commentaire : « Bourdin compare le FN à Daech : le poids des mots et le choc des bobos ! »
Le parquet de Nanterre avait lancé le jour même une enquête après un signalement des clichés par le ministre de l’Intérieur d’alors, Bernard Cazeneuve, à la direction de la police judiciaire.
Après s’être vu retirer son immunité parlementaire, Mme Le Pen a été mise en examen le 1er mars 2018 pour « diffusion de message violent susceptible d’être vu ou perçu par un mineur », deux mois après M. Collard.
En septembre, elle s’était insurgée contre une expertise psychiatrique ordonnée par la justice dans le cadre de cette enquête – un examen pourtant prévu par la procédure pénale. Dénonçant une « méthode » utilisée « dans les régimes totalitaires », elle avait déclaré qu’elle ne se rendrait « bien entendu » pas à cet expertise.