Exclu du forum de Sécurité de Netanyahu, Ben Gvir se fâche avec le Shas
Aryeh Deri aurait opposé son "veto" à l'inclusion du ministre dans l'organe décisionnel de haut niveau ; Otzma Yehudit menace de bloquer une législation de la coalition
L’exclusion du ministre de la Sécurité intérieure Itamar Ben Gvir d’un organe décisionnel de haut niveau envisagé a déclenché une querelle publique avec le parti ultra-orthodoxe Shas, qui aurait bloqué sa participation.
Selon la presse israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu envisagerait de créer un nouvel organe pour gérer la guerre à Gaza, et aurait accepter d’y inclure Ben Gvir, afin d’apaiser le politicien d’extrême droite. Ben Gvir avait auparavant bloqué des législations soutenues par Shas, Dans le but de faire pression sur le Premier ministre pour obtenir une place dans le cabinet de guerre, désormais dissous.
Le bureau de Netanyahu a démenti ces informations, affirmant que le Premier ministre souhaitait créer « un forum pour les consultations et les mises à jour qui ne remplacera pas les organes existants et ne se substituera pas à leur autorité. »
Pourtant, mercredi, des responsables du parti d’extrême droite Otzma Yehudit de Ben Gvir ont annoncé des « progrès positifs » dans les discussions avec le Likud au pouvoir d’inclure le ministre dans un forum de gestion de la guerre en cours.
S’adressant à la presse israélienne, les responsables ont exprimé leur appréciation pour le Premier ministre qui « refuse à céder à l’horrible campagne de délégitimation contre Ben Gvir » menée par le chef de l’opposition Yair Lapid et le président de HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz.
Ils ont ajouté qu’en cas d’accord, leur parti soutiendrait la législation proposée par Shas.
Alors que la chaîne publique Kan a indiqué que les pourparlers avaient été reportés pendant la durée de la visite de Netanyahu aux États-Unis – en raison des craintes sur la manière dont ils pourraient être perçus par Washington – le site d’information Ynet a rapporté mercredi matin que le Shas aurait bloqué l’inclusion de Ben Gvir, même si cela devait retardait l’adoption de la « loi des rabbins » proposée par le parti.
En réponse, Ben Gvir a tweeté « Dommage que vous n’ayez pas apposé votre veto à Oslo », faisant référence à l’abstention de Shas lors des votes sur les Accords d’Oslo en 1993.
Interrogé à ce sujet, un porte-parole du Shas a réfuté les informations de Ynet, soulignant que le journaliste n’avait pas contacté le parti pour obtenir des commentaires.
En réponse, Ofir Katz, président de la coalition, a reporté à dimanche le vote sur le projet de loi des rabbins, qui vise à accorder au ministre des Affaires religieuses le pouvoir d’allouer des fonds supplémentaires aux conseils religieux locaux dans tout le pays.
« Je refuse de risquer de compromettre des lois importantes pour les Israéliens et la sécurité d’Israël qui devaient être votées ici aujourd’hui », a affirmé Katz lorsqu’il a annoncé le report du vote. « De même, la visite du Premier ministre aux États-Unis est d’une importance cruciale et rien ne devrait venir la troubler. »
C’est la deuxième fois que le projet de loi est retardé à cause de Ben Gvir.
Au début du mois, Ben Gvir a retiré son soutien à une loi proposée par Shas, exigeant une place dans le forum de gestion de la guerre, ce qui a entraîné le retrait de cette loi de l’ordre du jour de la Knesset et provoqué un débrayage des législateurs de Shas.
Ben Gvir a alors accusé le Likud et Shas d’avoir conclu un accord avec les partis arabes pour l’empêcher de siéger au cabinet de guerre, critiquant Netanyahu pour diriger un « gouvernement d’un seul homme ».
En réponse, Katz a retiré tous les projets de loi de l’ordre du jour de la Knesset pour le lendemain, énonçant la « conduite irresponsable d’Otzma Yehudit ».
Une version précédente du projet de loi a été rejetée en juin lorsque des membres du Likud ont voté contre, ébranlant la confiance des partis ultra-orthodoxes Shas et Yahadout HaTorah dans la capacité de Netanyahu à promouvoir leurs intérêts.
Depuis le début de la guerre, le 7 octobre, Ben Gvir ne cesse de réclamer d’être inclus dans le cabinet de guerre, aujourd’hui dissolu. Ben Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui s’opposent tous deux à tout accord sur les otages ou un cessez-le-feu qui mettrait fin aux combats avant que l’organisation Hamas ne soit détruite, ont menacé de renverser le gouvernement si un tel accord était approuvé.
La méfiance de Netanyahu à l’égard de Ben Gvir est notoire.
Le mois dernier, le parti Likud de Netanyahu a accusé le ministre de la Sécurité nationale d’avoir divulgué des « secrets d’État » après des révélations selon lesquelles Netanyahu aurait offert à Ben Gvir des informations confidentielles pour obtenir son soutien à la loi sur les rabbins.
Ben Gvir a été accusé à plusieurs reprises d’avoir divulgué à la presse des informations sensibles provenant de réunions à huis clos.
En mars, le Conseil national de sécurité aurait décidé de ne plus envoyer de représentants aux réunions hebdomadaires d’information sur la sécurité organisées par Ben Gvir en raison de violations flagrantes des protocoles de confidentialité et d’un comportement non professionnel.
« Un pyromane siège au gouvernement israélien et tente de mettre le feu au Moyen-Orient », a tweeté mercredi après-midi le ministre de la Défense Yoav Gallant, dans une allusion claire à Ben Gvir. « Je m’oppose à toute négociation visant à le faire entrer dans le cabinet de guerre, car cela lui permettra de réaliser ses projets. »
En réponse, Ben Gvir a accusé Gallant et Deri d’être des gauchistes qui compromettent la sécurité nationale d’Israël.
Il a ajouté que les deux politiciens défendaient une « vision » défectueuse de la sécurité prônant la retenue dans le nord et l’hésitation dans le sud, et a accusé les deux hommes de » chercher à parvenir à un accord irresponsable et à mettre un terme à la guerre ».
« C’est la raison pour laquelle ce duo s’oppose à ce que je rejoigne le forum restreint : parce que ma perception est qu’il est nécessaire d’obtenir des résultats décisifs à la fois dans le sud et dans le nord, et que les otages doivent être ramenés – non pas par la reddition, mais par la pression militaire et par des actions décisives », a-t-il tweeté.
En 2008, le tribunal de district de Jérusalem a condamné Ben Gvir pour incitation au racisme et soutien à une organisation terroriste en raison d’une pancarte qu’il tenait et sur laquelle était écrit « Arabes dehors » à la suite d’un attentat terroriste palestinien dans la capitale, ainsi que des affiches anti-arabes qui se trouvaient dans sa voiture et qui mentionnaient le mouvement d’extrême droite Kach, un groupe juif qui a été proscrit comme organisation terroriste.
Ben Gvir a été inculpé des dizaines de fois, principalement pour trouble à l’ordre public, mais a été disculpé dans la quasi-totalité des cas.
Les députés de Shas ont menacé de ne plus voter avec la coalition, voire de faire tomber le gouvernement, en réponse à l’opposition de Ben Gvir à leurs priorités législatives. Un porte-parole du parti a confié au Times of Israel mercredi que le parti s’opposerait activement à l’extension de l’autorité de Ben Gvir sur la Division de l’application des lois sur l’immobilier du ministère de l’Intérieur, une mesure déjà bloquée en avril après l’opposition de Ben Gvir à la législation sur les « téléphones casher ».
L’équipe du Times of Israel et Lazar Berman ont contribué à cet article.