Feu vert à la construction d’une implantation pour les évacués d’Amona
Les habitants veulent qu'un avant-poste temporaire soit construit sur le futur site en Cisjordanie, et menacent d'initiatives unilatérales s'ils devaient être ignorés
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
La Commission de planification de l’Administration civile a donné dimanche son feu vert à la construction d’une nouvelle implantation pour les évacués de l’avant-poste illégal d’Amona.
Cette approbation, qui a été en premier lieu annoncée par le site d’information Ynet, a été signée par le coordinateur israélien des activités gouvernementales (COGAT) dans les territoires, le général de division Yoav Mordechai.
Elle a été émise près deux mois après que le cabinet de sécurité a voté à l’unanimité l’établissement d’une nouvelle implantation sur des terres appartenant à l’état et adjacentes à Shiloh, dans le nord de la Cisjordanie, pour réinstaller les habitants d’Amona.
La Commission de planification devait à l’origine se réunir au début du mois mais le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait reporté cette rencontre pour éviter un conflit potentiel sur la question avec le président américain Donald Trump, à la veille de sa visite en Israël.
Tandis que durant les premiers jours de l’administration Trump, la Maison Blanche avait souligné que les implantations n’étaient pas « une entrave à la paix », au cours de la visite effectuée par Netanyahu à Washington, au mois de février, le président avait indiqué au Premier ministre qu’il préférait qu’il « fasse preuve d’un peu de retenue concernant les implantations », déclarant à Israel Hayom que les implantations « ne sont pas une bonne chose pour la paix ».
Situé au nord-est de Ramallah, l’avant-poste illégal d’Amona avait été évacué par la force au mois de février. La Haute cour de Justice avait statué en 2006 qu’il avait été construit sur des terrains palestiniens privés. La communauté prévue sera construite au sommet d’une colline de Cisjordanie appelée Geulat Zion, soit « la rédemption de Sion ». Les évacués ont décidé de l’appeler Amichai, et il s’agira de la toute première implantation construite en Cisjordanie depuis les accords d’Oslo en 1993.
L’autorisation accordée par l’Administration civile indique une avancée dans le calendrier de la création d’Amichai qui, selon les observatoires qui s’intéressent aux implantations, pourrait prendre jusqu’à trois ans.
Toutefois, les évacués demandent aussi qu’une ordonnance militaire soit émise pour permettre l’établissement d’une implantation temporaire sur le même lieu que la future implantation.
Le dirigeant de la campagne manquée pour sauver l’avant-poste illégal d’Amona, Avichai Boaron, a indiqué dimanche que les évacués « accueillent avec satisfaction » la décision de l’Administration civile.
« Mais malheureusement, il est trop tôt pour se réjouir dans la mesure où c’est encore une nouvelle étape dans un processus de planification bureaucratique long et usant qui peut prendre de nombreuses années », a-t-il estimé.
« Seule une ordonnance pour établir un site résidentiel temporaire peut atténuer notre détresse. La nouvelle année scolaire va commencer dans quelques mois et pourtant nous et nos enfants ignorons ce qui surviendra l’année prochaine. Nous avons été obligés de rester dans une auberge de jeunesse dans des conditions difficiles depuis quatre mois, et notre avenir reste flou », a déclaré Boaron.
Le porte-parole d’Amona a appelé Netanyahu à tenir sa promesse envers les évacués. « S’il ne le fait pas, nous n’aurons d’autre choix que de maintenir notre engagement de façon unilatérale et de nous rendre sur la terre de [Geulat Zion] de notre propre chef », a-t-il prévenu.