Gallant demande au tribunal du Likud de rejeter la requête visant à l’exclure du parti
Des membres du parti au pouvoir et son conseiller juridique accusent l'ancien ministre de la Défense d’avoir aidé leurs rivaux et exigent son exclusion des listes de la faction pour les prochaines élections
L’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant a fustigé mercredi les efforts visant à l’expulser du Likud, et a demandé à un tribunal interne de rejeter une requête déposée par des dizaines de membres haut placés réclamant la fin de son adhésion à la faction de droite.
Bien qu’il ait choisi de ne pas se présenter personnellement à l’audience, Gallant a nié les accusations portées contre lui et a demandé, par l’intermédiaire de son avocat, « d’ordonner le rejet immédiat de ces requêtes », a rapporté le quotidien Maariv.
L’année dernière, des dizaines de membres de la commission centrale du Likud avaient saisi le tribunal interne du parti pour demander l’exclusion de Gallant en raison de ses nombreux conflits avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres membres du cabinet. Son soutien au sein du parti reste extrêmement limité, voire inexistant, alors qu’il tente de défendre son avenir politique au sein du Likud.
D’après Maariv, une décision concernant l’appartenance de Gallant au Likud devrait être rendue prochainement, sauf si de nouvelles requêtes venaient à être déposées.
La réponse de Gallant intervient quelques semaines après la publication d’un avis cinglant du conseiller juridique du Likud, Avi Halevi, qui a recommandé son exclusion et son interdiction de se présenter sur la liste du parti lors des prochaines élections à la Knesset.
Dans cet avis, Halevi reproche à Gallant de s’être publiquement opposé à Netanyahu lorsqu’il était ministre de la Défense, notamment au sujet de la refonte du système judiciaire, et d’avoir déclaré qu’il ne soutiendrait pas un projet de loi sur la conscription des ultra-orthodoxes sans l’appui de l’opposition. Il lui est également reproché d’avoir manqué plusieurs votes en plénière à la Knesset, autant de manquements au « devoir de loyauté qu’un membre du Likud doit à son mouvement, conformément à la constitution du parti », selon Halevi.
Ce dernier affirme en outre que les actions de Gallant ont directement servi les opposants politiques du Likud et facilité leur lutte contre les politiques du parti et du gouvernement de Netanyahu.

Netanyahu et Gallant se sont régulièrement affrontés depuis la formation du gouvernement fin 2022. En mars 2023, le Premier ministre avait limogé Gallant après que ce dernier a publiquement mis en garde contre les risques sécuritaires qui découleraient de la crise nationale provoquée par la refonte judiciaire, avant de revenir sur sa décision en raison des vives objections et des manifestations de masse de la population.
En novembre dernier, Netanyahu a renvoyé Gallant de son cabinet pour une seconde fois, invoquant « un manque de confiance mutuelle en temps de guerre ».
« J’ai tenté à plusieurs reprises de combler ces fossés, mais ils n’ont fait que s’élargir », déclarait à l’époque Netanyahu. « Ces désaccords ont été exposés publiquement d’une manière inacceptable et, pire encore, nos ennemis en ont pris connaissance et en ont tiré avantage. »
En réponse, Gallant a tenu une conférence de presse dans laquelle il a soutenu que la raison de son limogeage était directement lié à son insistance sur trois points : la nécessité d’enrôler les haredim (ultra-orthodoxes) dans Tsahal, l’urgence d’obtenir la libération des otages détenus à Gaza, et l’obligation d’établir une commission d’enquête d’État sur le pogrom du 7 octobre 2023 et sur la gestion de la guerre qui s’en est suivie.
Après sa révocation, il a été largement absent lors de nombreux votes importants pour la coalition – notamment un vote sur un projet de loi essentiel relatif au budget, ce qui a contraint le Premier ministre à quitter son lit d’hôpital après une intervention chirurgicale et à venir voter à la Knesset pour assurer son adoption – et, le 1ᵉʳ janvier, il a annoncé sa démission de la Knesset.

Lors d’une déclaration télévisée diffusée en direct, il a vivement critiqué le gouvernement, l’accusant de porter atteinte à la sécurité nationale. Il a néanmoins affirmé qu’il restait membre du Likud.
« En tant que membre du Likud, je continuerai à me battre pour les valeurs de notre mouvement », a-t-il promis, laissant entendre que son retrait de la Knesset ne marquait pas la fin de sa carrière politique. Il a même suggéré qu’il pourrait, à l’avenir, défier Netanyahu pour la direction du parti.
Selon plusieurs articles parus dans la presse israélienne à l’époque, la démission de Gallant aurait en réalité visé à anticiper son éviction imminente du Likud.
Dans une publication sur X en janvier, le député du Likud Avichay Boaron avait dit que Gallant savait que s’il ne démissionnait pas, « la faction du Likud le déclarerait comme retraité ».
Resté relativement discret sur le plan politique après son départ du gouvernement, Gallant a récemment brisé son silence en accordant plusieurs interviews à des médias israéliens, dans lesquelles il a vivement critiqué Benjamin Netanyahu.
Il a notamment accusé le Premier ministre et son cabinet d’avoir retardé un accord de cessez-le-feu qui aurait permis le retour d’un plus grand nombre d’otages vivants. Gallant a également reproché à Netanyahu d’avoir refusé, au début de la guerre, de lancer une attaque préventive d’envergure contre le Hezbollah. Selon lui, une telle opération aurait pu empêcher l’escalade actuelle à la frontière nord d’Israël.

En réaction à ces critiques publiques, le Likud a rapidement réagi en minimisant l’importance de l’ancien ministre, le qualifiant de gauchiste inconséquent.
« Gallant n’a plus aucune influence depuis que le Premier ministre Netanyahu a rejeté sa demande de mettre fin à la guerre avant même l’entrée à Rafah, avant l’occupation du [corridor] Philadelphi, avant l’élimination de Haniyeh, Sinwar et Nasrallah et avant les bipeurs – des mesures qui ont changé le Moyen-Orient et permis la libération de nouveaux otages », a déclaré le parti dans un communiqué.
« Nous souhaitons à Gallant un brillant avenir au sein de la gauche ».
Interrogé sur l’avenir de Gallant au sein du Likud, la députée Tally Gotliv, critique de longue date de l’ancien ministre de la Défense, avait confié au Times of Israel au début du mois qu’il était peu probable qu’il obtienne un soutien auprès des électeurs du Likud à l’avenir.
« Je ne pense pas que Yoav Gallant se présentera sur la liste du Likud aux prochaines élections. Et même s’il le fait, nous sommes un parti qui organise des primaires. Nos électeurs savent parfaitement qui mérite de représenter le Likud — et qui ne le mérite pas », a-t-elle déclaré.