Gantz déclare que son successeur supervisera le « démantèlement » de Tsahal
Le ministre sortant de la Défense a affirmé que celui qui le remplacera deviendra "un ministre de seconde zone" alors que des départements devraient être confiés à l'extrême-droite
Le ministre de la Défense Benny Gantz a averti, lundi, que son probable successeur devra se montrer vigilant et il lui a dit de ne pas laisser les pouvoirs qui sont les siens lui être arrachés pour être confiés aux membres de l’extrême-droite dans la prochaine coalition possible.
Netanyahu a signé un accord avec Hatzionout Hadatit, qui offre à la formation extrémiste une influence énorme sur les activités civiles d’Israël en Cisjordanie. Il avait précédemment accepté de céder le contrôle des unités de la police des frontières qui sont déployées en Cisjordanie au chef de la faction d’extrême-droite Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir.
C’est le député Yoav Gallant, général à la retraite appartenant au parti du Likud de Netanyahu, qui devrait prendre le portefeuille de la Défense.
« Je voudrais dire à mon remplaçant, indépendamment de qui il sera : Si vous prenez le poste tel qu’il vous est présenté, votre mission sera de devenir celui qui, dans l’Histoire, aura démantelé l’appareil sécuritaire et l’armée israélienne », a dit Gantz au cours de la réunion de sa faction HaMahane HaMamlahti.
« Sous votre mandat, la responsabilité de l’usage de la force sera enlevée au chef d’état-major et elle sera confiée à Ben Gvir. Sous votre surveillance, l’armée du peuple sera désintégrée », a-t-il ajouté. « Vous allez vous retrouver portant au front cette marque de Caïn et vous serez obligé d’assumer la responsabilité du chaos sécuritaire. Vous serez un ministre de la Défense de seconde zone ».
Gantz a affirmé que Bezalel Smotrich, le leader de Hatzionout HaDatit, nommerait les responsables des appareils de l’autorité civile, en Cisjordanie, « en fonction de la taille de leur kippa et de la ferveur de leur foi – comme je l’ai entendu le dire à la veille des élections ».
Gallant n’a pas répondu directement à Gantz tandis que le Likud a diffusé un communiqué déclarant qu’un éventuel « démantèlement » du ministère de la Défense était « un mensonge ».
Conformément à l’accord conclu entre le Likud et Hatzionout HaDatit, le parti de Smotrich recevra un rôle de ministre, au sein du ministère de la Défense, qui sera chargé de superviser les constructions dans la Zone C de Cisjordanie, les 60% du territoire dont l’État juif a la responsabilité civile et militaire et où se trouvent toutes les implantations.
Ce ministre sera responsable des implantations juives et des constructions palestiniennes, ainsi que de la démolition des constructions illégales. Smotrich est favorable à la destruction des habitations palestiniennes non-autorisées et à la légalisation des avants-postes sauvages israéliens.
Le ministre aura aussi l’autorité nécessaire pour nommer les chefs du puissant COGAT – le Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires – et de l’Administration civile, qui est chargée d’établir les politiques civiles gouvernementales en Cisjordanie en coordination avec le Premier ministre.
« L’Administration civile représente moins d’un millième du ministère de la Défense et elle restera au sein du ministère de la Défense », a affirmé le Likud dans son communiqué émis lundi.
Dans l’accord signé entre Netanyahu et Otzma Yehudit, Ben Gvir doit prendre la tête d’un ministère de la Sécurité intérieure amélioré qui sera rebaptisé pour l’occasion « ministère de la Sécurité nationale ». Il obtiendra des responsabilités supplémentaires et il sera notamment chargé de superviser les forces de la police des frontières qui sont déployées en Cisjordanie et qui travaillent actuellement sous l’autorité de Tsahal.
Cet élargissement des pouvoirs a entraîné les critiques de Gantz, qui accuse Ben Gvir de vouloir mettre en place des milices privées par le biais des nouvelles unités dont il aura dorénavant le contrôle.
Ben Gvir réclame aussi l’adoption d’une législation qui accorderait l’immunité face à d’éventuelles poursuites judiciaires aux forces de sécurité et il demande l’assouplissement des règles d’engagement – les règles qui encadrent les tirs à balle réelle. Il a d’ailleurs mis en cause le Likud dans la journée de lundi qui, selon lui, « hésiterait » à s’engager dans ces réformes.
Otzma Yehudit a été la première des cinq factions alliées avec le Likud à conclure un accord de coalition avec le parti de Netanyahu. Deux formations ultra-orthodoxes doivent encore signer un accord alors que Netanyahu a jusqu’au 11 décembre pour mettre en place un gouvernement. Passé ce délai, il pourra demander un délai de deux semaines supplémentaires au président Isaac Herzog.