GB : au Labour, une tombola propose des caricatures refusées pour antisémitisme
L'épouse du leader du Labour a été vue à un événement en marge de la conférence annuelle incluant des discours de membres expulsés pour des propos antisémites
Lors d’un événement organisé en marge de la conférence annuelle du parti britannique du Labour, cette semaine, une tombola a proposé en lot des copies signées de deux caricatures qui avaient été écartées de la publication en raison de leur antisémitisme présumé.
L’événement, qui avait été mis en place par le groupe activiste du LRC (Labour Representation Committee), a aussi été l’occasion de discours prononcés par des membres du parti expulsés ou suspendus pour des controverses portant sur la haine antijuive.
L’épouse du chef de la formation, Laura Alvarez, a été vue lors de cet événement organisé lundi soir dans la station balnéaire de Brighton, même si une source proche du parti travailliste a indiqué qu’elle s’y était rendue par erreur et qu’elle était aussitôt repartie, a fait savoir lundi le journal The Independent.
Corbyn est attaqué depuis longtemps – c’est le cas également à l’intérieur de sa formation – parce qu’il a permis à l’antisémitisme de se propager au sein du Labour et pour avoir initialement refusé d’adopter la peine définition de la haine antijuive mise en place par l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance) dans son code de conduite.
Le député Chris Williamson et l’activiste Jackie Walkerpris ont pris la parole lors de cet événement du LRC. Williamson avait été suspendu pour avoir dit que le parti travailliste avait « donné trop de place » aux accusations d’antisémitisme au sein du parti et Walker avait été renvoyée après avoir clamé que les Juifs avaient financé le commerce des esclaves et avoir demandé pourquoi la journée de commémoration de la Shoah ne devait concerner que les Juifs seulement.
En réponse à l’événement de cette semaine, le Jewish Leadership Council, organisation-cadre des organisations communautaires juives au Royaume-Uni, a demandé au législateur travailliste John McDonnell, président du LRC, de présenter sa démission.
« John McDonnell a eu connaissance, à de multiples occasions, des problèmes avec le LRC », a écrit le JLC sur Twitter. « Si nous avons besoin de preuves supplémentaires de la raison pour laquelle tout politicien clamant être antiraciste ne doit pas tenir de rôle au sein de cette organisation, elles sont là. »
McDonnell ne se trouvait pas à l’événement du LRC et un porte-parole a confié à The Independent qu’il n’était pas impliqué dans les opérations quotidiennes du LRC et qu’il n’est « pas responsable de ses activités ».
Une source interne du Labour a dit au journal qu’Alvarez, l’épouse de Corbyn, n’avait pas assisté à l’événement mais qu’elle était venue pour prendre part à un autre qui devait le suivre au même endroit.
Selon la source, la soirée du LRC devait initialement avoir lieu ailleurs.
Alvarez « ne savait absolument pas que l’événement du LRC devait avoir lieu avant », a ajouté la source. « Quand elle est arrivée, il était encore en cours et elle est donc partie ».
Les deux dessins proposés à la tombola, réalisés par Steve Bell, représentaient le Premier ministre Benjamin Netanyahu et ils avaient été rejetés par le journal The Guardian où travaille le caricaturiste.
L’une des caricatures, faite par Bell au mois de juillet, montrait le vice-président du parti Travailliste, Tom Watson, à cheval et cherchant l’antisémitisme dans la formation, identifiant ensuite Netanyahu comme « trope antisémite ». Le dessin dépeint également le Premier ministre en train de jouer avec des marionnettes de Donald Trump et de Boris Johnson.
This is the Steve Bell 'Tom Watson/Netanyahu' cartoon that the Guardian refused to publish (on the same day they did publish the Lords stitch up advert)
Do not spread it#WatsonMustGo pic.twitter.com/iGeQtHsPUy
— ???? mick du bognor ???????????????????????????? (@mickbognor) July 17, 2019
A l’époque, Bell avait envoyé un courriel aux responsables du journal en protestant contre ce rejet, estimant que sa caricature n’était « pas antisémite ni diffamatoire ».
Bell avait écrit qu’il soupçonnait que le dessin « contrevienne à une ligne éditoriale mystérieuse qui a été décidée autour du sujet de l’antisémitisme et de celui, infernal, des tropes antisémites ».
L’autre caricature, de l’année dernière, montrait Netanyahu assis avec l’ex-Première ministre britannique Theresa May alors qu’en arrière-fond, un feu brûlait dans une cheminée avec l’image de l’infirmière palestinienne Razan al-Najjar, tuée par les forces israéliennes sur la frontière avec Gaza.
Steve Bell on Theresa May’s meeting with Netanyahu – political cartoon gallery in Putney https://t.co/dePcTdnXF6 pic.twitter.com/ZRfFWnpmxn
— Political Cartoon (@Cartoon4sale) June 6, 2018
Bell avait clamé que la caricature avait été « traduite et censurée injustement ».
Le Labour est aux prises avec des accusations d’antisémitisme depuis que le leader d’extrême-gauche Jeremy Corbyn a été élu chef du parti en 2015, et sous le feu des projecteurs depuis qu’un certain nombre d’anciens responsables du parti l’ont accusé, ainsi que ses alliés, d’être intervenu dans les initiatives visant à régler le problème, dans un programme de la BBC diffusé au début de l’été.