Haïfa : L’abattage des sangliers décrié par certains résidents
La municipalité dit avoir tué environ cent sangliers, ces derniers mois ; les chasseurs les tuent dans les rues
La municipalité de Haïfa a adopté un programme d’abattage agressif pour contrer une invasion de sangliers dans la ville, avec des chasseurs qui déambulent dans les rues et qui abattent les animaux qui entrent dans les zones résidentielles.
Un programme qui, selon les estimations, a permis de tuer cent sangliers depuis le mois d’avril. Les activistes de la cause animale déclarent, de leur côté, qu’il faudrait faire davantage pour réduire le nombre d’abattages et pour rendre cette méthode de régulation de l’espèce en zone urbaine plus humaine.
Cela fait des années que cette ville portuaire du nord du pays est envahie par les sangliers, qui sont attirés par les ordures qui débordent des conteneurs ou qui s’entassent dans les rues. Les sangliers sont une espèce protégée et des permis spéciaux sont nécessaires pour pouvoir les chasser.
Le maire de Haïfa, Yona Yahav, qui a repris ses fonctions à la fin du mois de mars, a promis, dans sa campagne électorale, de régler le problème de l’invasion de sangliers.
Il a rapidement nommé David Luria, ex-général de l’armée, à la tête du projet – un projet qui est coordonné avec l’Autorité israélienne de la Nature et des Parcs (INPA) et qui se conforme à un accord signé entre les deux parties.
Ella Bar David, qui habite à Haïfa, fait partie d’un groupe de résidents qui réclament un traitement plus humain des sangliers. Elle confie à Globes que Luria patrouille dans les rues à bord d’une jeep, la nuit, pendant des heures, à la recherche de sangliers et que lorsqu’il en voit un, il appelle les chasseurs qui viennent l’abattre – sans même sortir de leur véhicule, ajoute-t-elle, et parfois à plusieurs mètres de distance. Des véhicules de la municipalité viennent ensuite ramasser les cadavres.
« Ils ne s’assurent pas que le sanglier est bien mort et les chasseurs tirent depuis les voitures », explique Ben David à Globes, se disant inquiète à l’idée qu’un résident ne rencontre un animal blessé et qu’il ne se fasse attaquer.
Elle dit que l’abattage, dans un premier temps, se faisait pendant la journée, ajoutant que les enfants avaient vu ce qui se passait et que dorénavant, les opérations ont lieu la nuit.
Selon le journal, l’ancien maire, Einat Kalish Rotem, avait élaboré un plan qui prévoyait d’améliorer les conditions sanitaires dans la ville – pour ne pas attirer les sangliers – et de clôturer les rues et les terrains de jeu, tout en sensibilisant les résidents à la nécessité de prendre garde à ne pas laisser de produits alimentaires dehors. Les sangliers devaient être capturés avant d’être tués de manière plus respectueuse, se souvient Bar David dans l’article.
Toutefois, ce plan n’avait jamais été mis en pratique dans un contexte de querelles politiques, à la municipalité, qui avait perturbé le processus d’allocation budgétaire.
Amit Dolev, écologue au sein de l’INPA pour le district du nord, confie pour sa part à Globes que le programme actuellement mis en place est celui que Kalish avait imaginé et que ce ne sont que les sangliers qui posent une menace pour le public que les chasseurs « sont dans l’obligation de tuer », dit-il.
Toutefois, selon le journal, l’opération actuelle se concentre davantage sur l’abattage en série des animaux et il est difficile de dire quels sont les critères permettant de déterminer si un sanglier pose une menace suffisante pour être abattu.
Selon Bar David, l’INPA estime que tout sanglier n’ayant pas peur des êtres humains représente un problème, « même s’il n’a jamais attaqué et qu’il n’a jamais menacé d’attaquer qui que ce soit ».
Dolev confirme que c’est en effet le cas – expliquant « qu’aussitôt que les sangliers ne craignent plus l’être humain », ils deviennent dangereux. Il raconte qu’il y a eu des incidents enregistrés avec des sangliers qui s’en sont pris à des gens – le cartable d’un enfant a été volé par un sanglier à une occasion et à une autre, un animal s’est emparé des sacs de courses d’une femme qui sortait d’un supermarché. En 2021, une femme de 69 ans avait été blessée par un sanglier. Selon les chercheurs de l’Université de Haïfa, il y a eu très peu d’incidents où des sangliers ont physiquement attaqué des résidents – ils sont en tout cas en nombre bien moindre que les signalements d’agressions de chiens.
« Ce sont de gros animaux, ils sont dangereux et ces phénomènes vont arriver tant et plus parce que ces sangliers considèrent les êtres humains comme leur source d’approvisionnement alimentaire », explique Dolev.