Hiroshima rejette les appels à désinviter Israël d’une cérémonie
Certains militants et survivants estiment anormal d'inviter Israël après avoir désinvité la Russie et la Biélorussie, mais d'autres soutiennent la présence de nations en guerre
Des responsables japonais ont rejeté les appels visant à exclure les représentants israéliens de la cérémonie annuelle de la paix organisée à Hiroshima en raison de la guerre en cours contre le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza, a rapporté CNN vendredi.
Selon la chaîne, certains militants et groupes de survivants de la bombe atomique estiment qu’Israël ne devrait pas être autorisé à participer à la cérémonie en raison de l’opération qu’il mène actuellement contre le groupe terroriste palestinien à Gaza.
Les militants affirment que l’invitation d’Israël constitue également une politique de deux poids, deux mesures, puisque les représentants de la Russie et de la Biélorussie n’ont pas été invités depuis que Moscou a envahi l’Ukraine en 2022.
« Pourquoi inviter Israël s’il commet des crimes de type génocide, tout comme la Russie et la Biélorussie ? », a demandé Tetsuji Kumada, directeur exécutif de l’Organisation de la Confédération des victimes des bombes A et H d’Hiroshima, à CNN. « Il est très décevant que notre demande [de désinviter Israël] n’ait pas été prise en compte. »
Un porte-parole de la ville d’Hiroshima a déclaré à CNN que l’invitation d’Israël ne constituait pas une politique de deux poids deux mesures : « Notre politique est d’inviter tous les pays. Cependant, la Russie et la Biélorussie sont des exceptions en raison de l’invasion de l’Ukraine. La Russie et le Biélorussie ne sont pas invités afin d’assurer le bon déroulement de la cérémonie. »
Dans leur invitation à Israël, les autorités d’Hiroshima ont toutefois mentionné la guerre à Gaza, appelant à un cessez-le-feu et ajoutant qu’il est « profondément regrettable que la vie et le quotidien de nombreuses personnes soient réduits à néant ».
La communauté de la Vigile Hiroshima-Palestine a lancé en mai une pétition en ligne qui a recueilli 30 000 signatures demandant qu’Israël ne soit pas invité, citant les manifestations mondiales contre Israël, qui « dépassent clairement celles contre la Russie en termes d’ampleur et de fréquence ». Les manifestations contre Israël ont été entachées d’antisémitisme et d’appels à l’éradication d’Israël.
Pourtant, Kunihiko Sakuma, président de Hiroshima Hidankyo, un groupe de défense des survivants de la bombe atomique, a plaidé en faveur de la participation d’Israël en déclarant : « En tant que ville de la paix internationale, Hiroshima doit inviter toutes les nations, qu’elles soient en guerre ou non. »
Les autorités de Nagasaki, dont la cérémonie se tient trois jours après celle d’Hiroshima, ont déclaré à CNN qu’elles n’avaient pas encore décidé si des représentants israéliens seraient invités à leur cérémonie, ajoutant que la présence d’Israéliens pourrait « empêcher le bon déroulement de la cérémonie ».
Les responsables de Nagasaki ont souligné à CNN que leurs considérations sont d’ordre pratique et ne reflètent pas une position morale à l’égard d’Israël.
La mission générale permanente de la Palestine à Tokyo s’est plainte que ses représentants n’aient été invités à aucune des deux cérémonies, qualifiant cette décision de « deux poids, deux mesures ».
Les autorités d’Hiroshima ont déclaré qu’elles n’avaient jamais invité de représentants palestiniens à la cérémonie, ajoutant qu’elles n’invitaient que les représentants des pays ayant une ambassade au Japon.
Le Japon soutient depuis longtemps une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien, et sa ministre des Affaires étrangères, Yoko Kamikawa, a réitéré ce soutien lors d’une conférence de presse la semaine dernière.
« Nous continuons à envisager de manière globale la reconnaissance du statut d’État palestinien, en tenant compte de la manière de faire avancer le processus de paix », avait-elle déclaré.
Les cérémonies d’Hiroshima et de Nagasaki ont lieu chaque année, respectivement les 6 et 9 août, dates auxquelles les États-Unis ont largué des armes nucléaires sur les villes japonaises, tuant plus de 100 000 personnes et entraînant la capitulation inconditionnelle du Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale.
La guerre a éclaté lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tuant près de 1 200 personnes, principalement des civils, tout en prenant 251 otages de tous âges, en commettant de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
Plus de 38 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Israël dit avoir tué 15 000 terroristes au combat. Tsahal affirme également avoir tué un millier de terroristes à l’intérieur du pays le 7 octobre.