Isaac Herzog prône le pardon et l’unité pour dépasser la crise nationale
Lors d'un événement de Selichot, le président a dit que l'aptitude israélienne au vivre-ensemble était "testée" et a appelé les élus à "prêter attention" à la situation

Le président Isaac Herzog a vivement recommandé aux Israéliens – et en particulier aux responsables élus – d’adhérer à la tradition de pardon qui est celle des fêtes du Nouvel an juif pour aider à extraire la nation de la crise politique actuelle qui, selon lui, « teste » la capacité des citoyens à vivre dans l’unité.
Herzog a accueilli un événement organisé à l’occasion des Selichot – litanie de prières pénitentielles et de supplication – à la résidence officielle du président, à Jérusalem. Les prières nocturnes sont quotidiennes entre les jours qui précèdent Rosh HaShana, la nouvelle année juive qui a commencé vendredi soir, et Yom Kippour, le jour du Grand Pardon, qui commencera dimanche soir.
Le président a fait référence aux fractures politiques et sociales profondes qui se sont révélées avec le plan de refonte radicale du système judiciaire israélien qui a été planifié par la coalition et qui a entraîné des mois de manifestations de masse. Herzog a depuis relancé des efforts visant à mettre en place des négociations entre le gouvernement et l’opposition, avec pour objectif de trouver un accord qui permettrait de sortir de l’impasse.
« Nous sommes dans une période de crise dans la société israélienne », a dit Herzog. « Une période où notre capacité à vivre ensemble, ici, est testée ; une période où l’on entend souvent des voix qui s’élèvent pour dire ‘c’est eux ou nous’. »
« La période des Selichot a toujours été une période qui unit », a-t-il ajouté, se référant à la principale thématique des fêtes du Nouvel an juif, lorsque les individus se mettent en quête du pardon de ceux à qui ils ont pu faire du mal dans le passé. « Durant cette période, d’une génération à l’autre, il est courant que les hommes et les femmes issus de tous les courants, de toutes les traditions, se livrent à un travail d’introspection personnelle (…) et fassent également un travail d’introspection générale, communautaire et nationale. »
« Les jours que nous sommes en train de vivre nous obligent à nous livrer à ce travail d’introspection », a poursuivi Herzog. Les événements en cours « exigent de nous que nous prêtions attention à la crise et à ses conséquences – économiques, sociales et surtout sécuritaires (…) et que nous comprenions que nous sommes tous testés, ici et maintenant. Tous – tous les citoyens israéliens, très certainement celles et ceux qui ont de l’influence dans la sphère publique et, avant tout, nos responsables élus. »
« L’État d’Israël est en train de traverser l’une des périodes les plus difficiles de son Histoire en ce qui concerne sa cohésion et le moment est venu, pour nous, d’agir dans l’esprit des journées de la miséricorde et du pardon ; d’abandonner les discours polarisants, qui entraînent l’isolement et nous devons tout faire pour sortir de cette crise, et le faire ensemble », a-t-il précisé, citant une prière des Selichot : « Et Il t’éloignera de la jalousie, de la haine et de l’épreuve. »
Les partisans du plan de refonte du système judiciaire israélien affirment que ces lois sont nécessaires pour réduire le pouvoir d’un système judiciaire jugé trop « activiste » qui, selon eux, outrepasse son autorité.
Pour ceux qui s’y opposent, le projet portera gravement atteinte au système démocratique dans le pays en ôtant toute possibilité aux tribunaux de jouer un rôle de contre-pouvoir face à une coalition majoritaire. Le gouvernement s’en est violemment pris, et de manière répétée, au mouvement de protestation sans précédent provoqué par ce plan largement controversé – un mouvement de protestation qui réunit notamment des réservistes de l’armée, des pilotes, des universitaires, des juristes et des chefs d’entreprise et de start-ups.