Israël et Palestiniens : Le Drian doute du plan américain
"Il n'y a pas de solution sans la reconnaissance de deux Etats vivant en sécurité, l'un et l'autre, et ayant Jérusalem comme capitale, l'un et l'autre", a dit le diplomate français
« Si quelqu’un a vu le plan américain, merci de nous en informer ! », a lancé samedi à Rabat le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à propos du plan pour un règlement du conflit israélo-palestinien qui doit être prochainement dévoilé.
« J’en parle d’autant plus aisément que j’ai participé à la rencontre du président Macron avec le président Trump avant-hier », à l’occasion du 75e anniversaire du Débarquement allié sur les plages de Normandie, a-t-il ajouté au cours d’un point de presse avec son homologue marocain Nasser Bourita.
Le Maroc non plus n’a pas « encore connaissance d’un quelconque plan de paix et se prononcera quand il en aura connaissance des contours, du contenu et des détails », a indiqué M. Bourita.
La Maison Blanche a prévu de présenter le volet économique de ce plan de paix les 25 et 26 juin prochains lors d’une réunion à Bahreïn.
En préparation de ce rendez-vous, le gendre du président américain, Jared Kushner s’est déplacé fin mai au Maroc, en Jordanie et en Israël.
Cette visite « a été l’occasion pour le Maroc de répéter ses positions bien connues », a indiqué M. Bourita.
« Nos principes sont identiques : il n’y a pas de solution sans la reconnaissance de deux Etats vivant en sécurité, l’un et l’autre, et ayant Jérusalem comme capitale, l’un et l’autre », a précisé M. Le Drian.
« A partir de là, s’il y a un plan de paix, nous le regarderons avec beaucoup d’attention et nous échangerons sur le sujet », a-t-il ajouté.
Les Palestiniens ont rejeté ce plan entouré du plus grand secret sans même le connaître, l’administration américaine s’étant discréditée à leurs yeux quand Washington a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre 2017.
Concernant la Libye, M. Le Drian a plaidé pour « un cessez-le-feu immédiat » pour « permettre la mise en oeuvre d’une feuille de route aboutissant à des élections ».
« Si on laisse l’instabilité se développer, alors des retours de terroristes peuvent se produire, d’ailleurs on constate depuis quelques temps que l’on voit réapparaître Daech au Sud libyen », a-t-il dit en référence aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
M. Bourita a pour sa part estimé que « la situation s’est dégradée parce que les différents acteurs n’ont pas suffisamment de volonté et parce qu’il y a des acteurs externes ».
« On est à un moment crucial : Les Libyens d’abord ont la responsabilité d’être à la hauteur de ce moment mais également les pays directement impliqués dans la question », a-t-il dit.
Le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est libyen, a lancé le 4 avril une offensive en vue de s’emparer de Tripoli, siège du Gouvernement d’union nationale (GNA) dirigé par Fayez al-Sarraj, le seul reconnu par la communauté internationale.
Les combats ont fait plus de 600 morts et de 3 200 blessés, poussant à la fuite plus de 80 000 personnes, selon l’ONU.