Israël met en garde l’Iran contre une escalade dans la région
Cet avertissement intervient après que l'Iran a annoncé la saisine d'un navire "lié à Israël" dans le Golfe, sur fond de tensions exacerbées entre les deux pays
Israël a prévenu samedi l’Iran qu’il « subirait les conséquences d’une escalade » dans la région, à l’heure où les États-Unis vont y renforcer leur présence, plus de six mois après le début de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas palestinien dans la bande de Gaza.
Cette mise en garde intervient après que l’Iran a annoncé la saisine d’un navire « lié à Israël » dans le Golfe, sur fond de tensions exacerbées entre les deux pays.
Israël se trouve en état d’alerte face aux menaces de représailles de Téhéran, qui a promis de « punir » Israël après une frappe meurtrière le 1er avril sur son consulat à Damas, en Syrie, qu’il lui impute.
« Nous avons renforcé notre préparation pour protéger Israël d’une nouvelle agression iranienne. Nous sommes également prêts à réagir », a déclaré samedi le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari.
Dans une déclaration vidéo en anglais, Hagari a averti l’Iran qu’il « subira les conséquences de son choix d’aggraver encore la situation ».
La vidéo a été diffusée après que la marine du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) a saisi un porte-conteneurs lié à Israël près du détroit d’Ormuz.
Hagari n’a pas mentionné l’incident, indiquant qu’il avait peut-être été filmé auparavant, mais il a déclaré que « l’Iran finance, entraîne et arme des mandataires terroristes dans tout le Moyen-Orient et au-delà ».
« Le Hamas, soutenu par l’Iran, a commencé cette guerre le 7 octobre ; le Hezbollah, soutenu par l’Iran, l’a étendue le 8 octobre ; et depuis, les milices soutenues par l’Iran en Irak et en Syrie, et les Houthis soutenus par l’Iran au Yémen, l’ont transformée en un conflit mondial », a-t-il déclaré.
« L’Iran est le plus grand État soutenant le terrorisme dans le monde. Son réseau de terrorisme ne menace pas seulement les populations d’Israël, de Gaza, du Liban et de la Syrie ; le régime iranien alimente la guerre en Ukraine et au-delà », a poursuivi Hagari, ajoutant que « l’Iran subira les conséquences de son choix d’aggraver la situation ».
« Israël est en état d’alerte. Nous avons renforcé notre capacité à protéger Israël contre toute nouvelle agression iranienne. Nous sommes également prêts à répondre », a déclaré Hagari.
« L’armée israélienne est prête à faire face à tous les scénarii et prendra les mesures nécessaires – avec nos alliés – pour protéger le peuple d’Israël », a-t-il ajouté.
Dans ce contexte, les États-Unis, alliés historiques d’Israël, ont annoncé l’envoi de troupes et de « moyens supplémentaires » dans la région afin de « soutenir les efforts de dissuasion régionale et accroître la protection des forces américaines ».
Le président américain Joe Biden a dit vendredi qu’il s’attendait à ce que l’Iran passe « bientôt » à l’action, en réponse à une question sur les menaces contre Israël, accusé par la République islamique d’être à l’origine de la frappe contre son consulat à Damas.
Les craintes d’un embrasement régional ont poussé samedi les Pays-Bas à fermer, « par précaution », leur ambassade en Iran ainsi que leur consulat à Erbil, dans le Kurdistan irakien.
Plusieurs pays dont la France, l’Allemagne ou les États-Unis, ont par ailleurs réitéré leurs appels à leurs ressortissants à ne pas se rendre en Iran.
La veille, la compagnie allemande Lufthansa et sa filiale autrichienne Austrian Airlines avaient annoncé suspendre leurs vols de et vers Téhéran jusqu’au 18 avril.
52 morts en 24 heures
Alors que les médiateurs – Qatar, Égypte, États-Unis – attendent des réponses d’Israël et du groupe terroriste palestinien du Hamas à leur dernière proposition de trêve, l’incursion israélienne ne connaît aucun répit dans la bande de Gaza où 2,4 millions de personnes seraient menacées de famine, selon l’ONU.
Après avoir retiré ses troupes de Khan Younès, au sud, Tsahal a annoncé samedi poursuivre ses opérations contre les terroristes du Hamas dans le centre de l’étroite bande de terre où ce groupe, classé comme terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël, a pris le pouvoir en 2007, lors d’un coup d’état sanglant.
À Deir al-Balah, dans le centre, une vidéo de l’AFP montre un paysage dévasté et des montagnes de ruines, dont les restes d’une mosquée. L’armée israélienne a « exigé que toute la zone soit évacuée » avant qu’elle ne soit « anéantie en quelques minutes », a affirmé à l’AFP Abdoullah Baraka, un témoin.
En 24 heures, 52 Palestiniens auraient été tués, portant le bilan total à 33 686 personnes, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. Tsahal dit avoir éliminé 13 000 terroristes palestiniens dans la bande de Gaza, en plus d’un millier de terroristes qui ont pris d’assaut Israël le 7 octobre.
La guerre a éclaté lorsque des terroristes du Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tuant près de 1 200 personnes, principalement des civils, tout en prenant 253 otages de tous âges, en commettant de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
Israël a répondu à cette attaque, la plus meurtrière de l’histoire du pays et la pire menée contre des Juifs depuis la Shoah par une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre dans la bande de Gaza visant à anéantir le Hamas, à mettre fin à son règne de seize ans à Gaza et à libérer tous les otages.
129 otages enlevés par le Hamas lors de l’assaut sauvage du 7 octobre sont encore à Gaza – mais certains ne sont plus en vie – après que 105 civils ont été libérés des geôles du groupe terroriste palestinien du Hamas lors d’une trêve d’une semaine fin novembre, et que cinq otages ont été libérées avant cela.
Trois otages ont été secourus par les troupes, et les corps de douze otages ont été retrouvés, dont trois ont été tués par erreur par l’armée.
L’armée israélienne a également déclaré samedi avoir frappé plus de « trente cibles » dans la bande de Gaza au cours de la journée précédente.
Des sirènes d’alerte ont retenti vendredi dans la ville israélienne de Sderot, a-t-elle rapporté samedi, ajoutant avoir intercepté des roquettes tirées depuis le territoire palestinien.
En Cisjordanie, l’adolescent israélien porté disparu vendredi a été retrouvé « assassiné » par des terroristes samedi, a annoncé Tsahal.
« Pas tangible »
Au cours des derniers jours, les autorités israéliennes ont fait état d’un nombre record de camions d’aide autorisés à entrer dans le territoire palestinien.
Tsahal a d’ailleurs annoncé vendredi qu’un nouveau point de passage avait ouvert dans le nord. Selon les médias locaux, il se trouve à proximité de la localité israélienne de Zikim, non loin d’Erez, un point de passage actuellement fermé.
Depuis des mois, les organisations humanitaires et les chancelleries étrangères, y compris les États-Unis, principal allié d’Israël, exhortent le pays à ouvrir des routes directes d’approvisionnement vers le nord de la bande de Gaza, où la crise humanitaire est la plus aiguë.
« L’augmentation de l’aide n’est pas encore tangible », a toutefois assuré sur X Philippe Lazzarini, chef de l’Office controversé de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
« L’aide doit pouvoir se rendre en toute sécurité à tous ceux dans le besoin », a-t-il ajouté, appelant Israël à « lever » des restrictions au personnel de son agence pour lui permettre d’accéder au nord de Gaza.
Le pape François a fait part de sa « grande » souffrance en raison de la guerre, dans un message vendredi à l’occasion de la fin du ramadan. « Je souffre énormément à cause du conflit en Palestine et Israël, » a écrit le souverain pontife, 87 ans, dans un message envoyé à la chaîne Al Arabiya rendu public par le Vatican.