Israël nomme sa première diplomate musulmane
Rasha Atamny, 31 ans, originaire de Baqa al-Gharbiya, sera postée à Ankara, en Turquie
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

Le ministère des Affaires étrangères a nommé mercredi Rasha Atamny, 31 ans, au poste de représentante de l’Etat juif à Ankara, en Turquie, ce qui fait d’elle la toute première femme musulmane à devenir diplomate israélienne.
Atamny, qui termine actuellement les derniers mois du cours de formation du ministère, sera la première secrétaire de l’ambassade israélienne dans une nation musulmane influente.
La Turquie est un allié régional important de l’Etat juif, avec qui il entretient des relations économiques étroites. Les deux pays ont signé un accord de réconciliation en juin 2016, mettant un terme à une période de dissensions qui avait duré six ans.
Atamny est originaire de la ville majoritairement arabe de Baqa al-Gharbiya, dans le centre d’Israël, située juste à l’ouest de la Ligne verte.
Elle n’est pas la première femme arabe diplomate d’Israël. Rania Joubran, arabe chrétienne et fille du juge de la Cour suprême Salim Joubran, avait travaillé pour le ministère de 2006 à 2009, mais était partie peu de temps avant sa mutation prévue au Caire.
Israël a aussi compté plusieurs diplomates arabes masculins, musulmans et chrétiens.
Atamny, qui a fait des études de psychologie à l’Université hébraïque de Jérusalem, a expliqué sur un blog [lien en hébreu] publié sur le site internet du ministère des Affaires étrangères qu’elle avait exercé ses talents diplomatiques dans son club universitaire, créé sur le modèle des Nations unies.
Alors qu’elle était à l’université, a-t-elle écrit, « le concept de l’ONU me fascinait. A l’époque, je ne savais pas beaucoup de choses sur l’organisation mais je savais que moi – une fille ayant grandi à Baqa al-Gharbiya et ayant fait l’expérience du conflit israélo-palestinien et judéo-arabe dans ma chair – croyais et crois encore dans la paix entre les nations du monde. »
Un an après avoir rejoint ce club universitaire, Atamny s’est portée candidate pour représenter Israël à l’ONU au siège de New York, et elle a été acceptée. Elle y a passé trois mois au poste d’ambassadrice pour la jeunesse.
« Des trois mois que j’ai passé à l’ONU, un souvenir m’accompagnera toujours. Un jour, je siégeais comme d’habitude, à la Commission de l’assemblée des droits de l’Homme et j’ai écouté avec un grand intérêt la discussion qui se tenait : les violations des droits des femmes », écrit-elle.
« A ce moment-là, je m’étais habituée à entendre des séries d’accusations contre d’Israël de la part de nombreux pays de la Commission, comme [l’envoyée américaine aux Nations Unies ] Nikki Haley l’a récemment relaté dans les médias. Les discriminations contre Israël sont très importantes à l’ONU, et c’est décevant », poursuit-elle.
Cette fois, cela a cependant été différent.
« Ce jour là, j’écoutais les discours de la Syrie, de l’Arabe saoudite, de l’Iran, de l’Irak, et de l’Egypte condamnant les ‘violations systématiques des droits des femmes’ en Israël tandis que moi, une femme musulmane arabe d’origine palestinienne, je représentais Israël à l’Assemblée générale de l’ONU », dit-elle.
« Ce jour-là, aux Nations Unis, j’ai été désespérément déçue et c’est ce qui m’a poussée à me saisir du problème à bras le corps, conclut-elle. Je crois en la paix parce que je crois que les gens peuvent faire une différence positive dans le monde et que je veux faire partie du changement. Alors j’ai commencé en rejoignant les formations du ministère des affaires étrangères. »