Israël publie les revendications de Barghouti : la télévision et la climatisation
Le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan a rejeté les demandes « démesurées » ; les détenus souhaitent un approvisionnement illimité en livres et en magazine
Lundi, Israël a intensifié ses efforts pour contrecarrer la grève de la fin menée par le leader Marwan Barghouti, en publiant la liste de ses exigences. Elles comprennent notamment l’accès à 20 chaînes de télévision et à la climatisation.
Barghouti, qui purge 5 peines de prisons à perpétuité pour une série de meurtres durant la Seconde intifada a déposé 19 demandes dans une lettre adressée à la commissaire des services carcéraux Ofrah Klinger.
La lettre a été dictée à un autre prisonnier qui l’a écrite à la main en hébreu, selon les médias.
Menée par Barghouti, ce sont des centaines de prisonniers qui observent une grève de la faim dans les prisons israéliennes depuis le 17 avril.
Les autorités israéliennes indiquent que 894 détenus palestiniens observent cette grèves, tandis que les responsables palestiniens estiment que plus d’un millier de prisonniers refusent de s’alimenter autrement qu’avec de l’eau saline pour protester contre les conditions de détention.
Ils exigent l’amélioration de conditions de vie dans les prisons israéliennes, et Barghouti a lancé des allégations de violence dans les prisons.
Mais Israël assure que les conditions de détentions sont conformes aux standards internationaux et a diffusé la liste des revendications pour montrer à quel point elles sont légères.
Barghouthi exige, entre autres, l’accès à 20 chaînes de télévision, l’approvisionnement illimité en livres et en magazines, la climatisation, une plus grande variété de marchandises disponibles à la cantine de la prison, davantage de droits de visite pour la famille, la réouverture des études universitaires, l’accès aux téléphones publics, et des contrôles médicaux annuels pour les détenus.
« Le document montre à quel point les revendications sont démesurées. Aucun pays au monde n’entrerait en négociations avec des prisonniers pour de telles demandes, et certainement pas Israël, qui lutte contre des organisations terroristes. Nous ne céderons pas à l’extorsion et n’altérerons pas nos moyens de dissuasion contre les terroristes », a déclaré le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan.
La Commission internationale de la Croix Rouge a exceptionnellement diffusé un communiqué la semaine dernière. Elle a indiqué qu’il est de la responsabilité d’Israël de garantir aux prisonniers des visites de leurs familles. Les groupes de défenses de droits de l’Homme ajoutent que le fait d’installer des prisonniers en Israël, et non pas dans les territoires, constituait une violation du droit international, ce qui complique les visites des familles des détenus.
D’autres jugent que la grève de la faim est une manœuvre politique de la part de Barghouti, pour démontrer qu’il a toujours de l’influence sur les Palestiniens, et qu’il est donc en mesure de succéder au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Selon une analyse de la Deuxième chaîne, Barghouthi ne s’attend pas à ce que ses revendications soient remplies, et a présenté cette lettre dans le but d’obtenir le soutien des autres prisonniers et de la population palestinienne.
Barghouti a été autorisé à s’entretenir avec son avocat Khader Shkirat dimanche, durant 3 heures, pour la première fois depuis le lancement de la grève le 17 avril dernier.
L’avocat a déclaré que le client a remis en question l’authenticité de la vidéo diffusée par les services carcéraux israéliens qui montre Barghouthi manger dans sa cellule.
Le porte-parole des services carcéraux Asaf Librati, a certifié que la vidéo était authentique et qu’elle a été filmée dans sa cellule actuelle.
Il a ajouté que Barghouti encourt des « mesures punitives » pour avoir transgressé le règlement de la prison en organisant la grève de la faim, et que ses conditions et celles des autres détenus sont conformes aux normes internationales.
Librati a souligné que les visites de la Croix Rouge et de l’avocat prouvent que « nous n’avons rien à cacher quant à la façon dont il est traité ». Il a accusé l’avocat de Barghouthi de parler de « faits inexacts ».