Israël en guerre - Jour 423

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Jérusalem : Discours de Nikki Haley à la séance du Conseil de sécurité de l’ONU

"Aujourd'hui, parce que nous avons reconnu une vérité fondamentale sur la capitale d'Israël, nous avons été accusés de nuire à la paix. L'histoire se souviendra également que nous rejetons cette affirmation scandaleuse"

L'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley s'exprime durant une rencontre du Conseil de sécurité au Moyen Orient le 18 décembre 2017 au siège des nations unies à New York (Crédit : AFP/Kena Betancur)
L'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley s'exprime durant une rencontre du Conseil de sécurité au Moyen Orient le 18 décembre 2017 au siège des nations unies à New York (Crédit : AFP/Kena Betancur)

Les deux discours de l’ambassadrice américaine Nikki Haley, représentante permanente aux Nations unies, prononcés avant et après une séance d’information du Conseil de sécurité des Nations unies sur la situation au Moyen Orient, le 18 décembre 2017. Voici le discours qui a précédé le vote :

Merci, monsieur le président. A l’occasion de cette réunion, je ne vais pas gaspiller le temps du Conseil pour dire où une nation souveraine donnée doit décider de placer son ambassade, ni pourquoi nous avons le droit de le faire. Je vais aborder un sujet d’inquiétude plus approprié et aussi plus urgent.

Cette semaine, c’est le premier anniversaire de l’adoption de la Résolution 2334. Ce jour-là, devant ce Conseil, au mois de décembre 2016, les Etats-Unis ont choisi de s’abstenir, permettant à la résolution d’être adoptée. Aujourd’hui, un an a passé et il y a une nouvelle administration.

Si l’occasion était donnée de revoter sur la Résolution 2334, je peux affirmer avec une totale certitude que les Etats-Unis voteraient « non ». Nous exercerions notre droit de veto. Les raisons [justifiant un tel vote] concerneraient la cause de la paix au Moyen Orient.

En apparence, la Résolution 2334 décrivait les implantations israéliennes comme des entraves à la paix. Les esprits raisonnables peuvent être en désaccord avec cette affirmation et en fait, au fil des années, les Etats-Unis ont exprimé des critiques à l’égard des politiques d’implantations israéliennes à de nombreuses occasions.

Mais en vérité, cela a été la Résolution 2334 en elle-même qui a été une entrave à la paix. Le Conseil de sécurité a mis un peu plus hors de portée les négociations entre Israéliens et Palestiniens en se plaçant, une fois encore, entre les deux parties en conflit.

En plaçant pleinement et à mauvais escient la responsabilité de l’échec des efforts de paix sur les implantations israéliennes, la Résolution a donné un laissez-passer aux leaders palestiniens qui, depuis de nombreuses années, rejettent une proposition de paix après l’autre. Cela les a également encouragés à éviter les négociations à l’avenir.

La Résolution a refusé de reconnaître l’héritage laissé par les négociations manquées, sans lien avec les implantations. Et le Conseil a émis des jugements sur des questions qui doivent être décidées à l’occasion de négociations directes entre les parties.

Si l’histoire des Nations unies dans les efforts de paix prouve quelque chose, c’est que discuter ici, à New York, ne peut pas remplacer des négociations en face à face entre les parties régionales impliquées. [Ces discussions] ne peuvent que faire reculer la cause de la paix, pas la faire avancer.

De surcroît, la Résolution 2334 demandait l’arrêt de toutes les activités d’implantation à Jérusalem-Est – même dans le quartier juif de la Vieille Ville. C’est une demande qu’aucun esprit ni qu’aucun pays responsable ne peut attendre d’Israël. Et, de cette manière, la Résolution 2334 a fait ce que l’annonce du président Trump sur Jérusalem ne faisait pas : Elle a préjugé des questions qui devaient être gérées dans les négociations de statut final.

Si le vote devait avoir lieu aujourd’hui, les Etats-Unis exerceraient leur droit de veto à l’encontre de la Résolution 2334 pour une autre raison. Elle a donné vie à la création affreuse du Conseil des droits de l’Homme : les bases de données des entreprises opérant au sein des communautés juives. C’est un effort visant à créer une liste noire, purement et simplement. C’est également un autre obstacle à la paix négociée. C’est une tache sur la conscience américaine d’avoir donné un élan au mouvement dit du BDS en permettant le passage de la Résolution 2334.

A la grande honte des Nations unies, elle a été un espace démesurément hostile envers la démocratie la plus tenace du Moyen Orient.

Les Etats-Unis refusent d’accepter ce deux poids, deux mesures, qui dit que nous ne somme pas impartiaux lorsque nous respectons la volonté du peuple américain en relocalisant notre ambassade américaine, mais que, d’une certaine manière, les Nations unies sont une partie neutre lorsqu’elles distinguent constamment Israël par ses condamnations.

Pendant des décennies, Israël a supporté, vague après vague, la partialité au sein de l’ONU et de ses agences. Les Etats-Unis se sont souvent placés aux côtés d’Israël. Nous ne l’avons pas fait le 23 décembre 2016. Nous ne referons pas cette erreur.

Cette semaine marque le premier anniversaire d’un revers significatif essuyé par la paix au Moyen Orient. Mais les Etats-Unis sont toujours aussi engagés à aider à mettre en place des négociations de statut final qui mèneront vers une paix durable.

Notre main reste tendue à chacune des deux parties. Nous appelons tous les pays à partager cet engagement en tirant les dures leçons du passé et à œuvrer pour faire en sorte de ramener Israël et les Palestiniens, en toute bonne foi, à la table de la paix.

Merci, merci beaucoup.

Le discours de Haley expliquant l’utilisation du veto américain :

Merci, monsieur le président.

Cela fait presque un an maintenant que je suis la fière représentante des Etats-Unis. C’est la première fois que j’ai utilisé le droit américain à opposer un veto à une Résolution au Conseil de sécurité. Cet exercice du veto, les Etats-Unis n’en font pas souvent usage. Nous ne l’avons pas utilisé depuis plus de six ans. Nous nous y sommes prêtés sans joie, mais également sans réticence.

Le fait que ce veto ait été opposé pour défendre la souveraineté américaine et pour défendre le rôle de l’Amérique dans le processus de paix au Moyen Orient n’est pas source d’embarras pour nous. Cela devrait plutôt être une source d’embarras pour les autres membres du Conseil de sécurité.

Comme je l’ai souligné lorsque nous avons débattu de ce sujet il y a 10 jours, je noterai encore une fois les caractéristiques de l’annonce faite par le président sur Jérusalem qui sont les plus pertinentes ici. Le président a pris un soin minutieux à ne pas préjuger des négociations de statut final, notamment des frontières spécifiques de la souveraineté israélienne sur Jérusalem. Cela reste un sujet qui ne pourra être négocié qu’entre les deux parties. Ce positionnement est pleinement conforme aux résolutions antérieures du Conseil de sécurité.

Le président a également pris soin d’établir que nous soutenons le statu-quo en ce qui concerne les lieux saints de Jérusalem et que nous soutenons une solution à deux Etats si c’est cette dernière auxquelles souscrivent les parties. Une fois encore, ces positionnements sont parfaitement cohérents avec les résolutions antérieures votées par le Conseil de sécurité.

Il est hautement regrettable que certains tentent de fausser le positionnement du président pour servir leurs propres agendas.

Ce qui est ennuyeux pour certains, ce n’est pas que les Etats-Unis aient nui au processus de paix – nous n’avons, en fin de compte, rien fait de tel. Ce qui est plutôt ennuyeux pour certains, c’est que les Etats-Unis ont eu le courage et l’honnêteté de reconnaître une réalité fondamentale. Jérusalem est le foyer politique, culturel et spirituel du peuple juif depuis des milliers d’années. Il n’a aucune autre capitale. Mais la reconnaissance par les Etats-Unis de l’évidence – que Jérusalem est la capitale et le siège du gouvernement israélien contemporain – c’est déjà trop pour certains.

Pour commencer, certains ont menacé de violences dans les rues, comme si la violence allait aider à améliorer d’une manière ou d’une autre les perspectives de paix.

Aujourd’hui, englués dans le jargon diplomatique, certains veulent dire à l’Amérique où installer son ambassade. Les Etats-Unis jouissent du droit souverain de déterminer où et si établir une ambassade. Je soupçonne que certains Etats-membres accueilleraient avec satisfaction des déclarations du Conseil de sécurité qui concerneraient leurs décisions souveraines. Et je pense à certains, qui devraient le redouter.

Il faut remarquer qu’il ne s’agit pas d’un nouveau positionnement américain. En 1980, lorsque Jimmy Carter était président américain, le Conseil de sécurité avait voté la Résolution 478, qui appelait les missions diplomatiques à être relocalisées à Jérusalem. Les Etats-Unis n’avaient pas soutenu la Résolution 478.

Dans son discours, le secrétaire d’Etat de l’époque, Ed Muskie, avait dit la chose suivante : « Le projet de résolution qui se trouve devant nous aujourd’hui illustre une préoccupation qui a produit des séries de textes irréalistes et déséquilibrés sur les questions du Moyen Orient ».

De manière plus spécifique, concernant la disposition sur les missions diplomatiques à Jérusalem, le secrétaire Muskie avait dit ce qui suit : « De ce que nous pouvons en juger, la résolution n’est pas contraignante. Elle est sans force. Et nous la rejetons en tant que tentative subversive de régenter les autres nations. Elle ne fait rien pour promouvoir une résolution des problèmes difficiles que doivent affronter Israël et ses voisins. Elle ne fait pas avancer la cause de la paix ».

C’était en 1980. C’est tout aussi vrai aujourd’hui. Aucun pays ne dira aux Etats-Unis où nous pouvons placer nos ambassades.

Encore davantage enterré dans le jargon de cette résolution, l’accusation que les Etats-Unis font reculer les perspectives de paix au Moyen Orient. C’est une accusation scandaleuse. Ceux qui la profèrent devraient se rendre compte qu’elle ne nuit qu’au peuple palestinien, au nom duquel ils affirment s’exprimer. Que gagnent les Palestiniens lorsque leurs propres dirigeants installent des barrages aux négociations ?

Un « processus de paix » abîmé par la simple reconnaissance du fait que Jérusalem est la capitale d’Israël n’est pas un processus de paix, c’est la justification apportée à une paralysie sans fin. Que gagnent les Palestiniens lorsque certains de leurs dirigeants accusent les Etats-Unis d’être hostiles à la cause de la paix ? Ils ne gagnent rien, mais cela risque de leur coûter beaucoup.

Les Etats-Unis ont fait plus que n’importe quel autre pays pour aider les Palestiniens. Et de loin. Depuis 1994, nous avons versé plus de 5 milliards de dollars aux Palestiniens en assistance économique, sécuritaire et humanitaire.

L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine de l’ONU fait fonctionner des écoles et des établissements médicaux à travers toute la région. Il est financé presque entièrement par des contributions volontaires. L’année dernière, les Etats-Unis ont financé presque 30 % du budget de l’UNRWA. Cela représente davantage que les deux plus importants donateurs réunis. Et c’est très largement plus que certains des membres de ce conseil qui ont pourtant des ressources financières considérables qui leur appartiennent.

Je vais être directe : Lorsque les Américains voient un groupe de pays dont les contributions totales versées aux Palestiniens représentent moins d’un pour cent du budget de l’UNRWA – Lorsqu’ils voient ces pays accuser les Etats-Unis de ne pas être suffisamment engagé à la paix – les Américains perdent patience.

J’ai été dans les camps de réfugiés que les Etats-Unis soutiennent par leur contribution. J’y ai rencontré des hommes, des femmes, et des enfants. J’ai épousé leur cause en leurs noms. Je peux vous dire que leurs dirigeants ne leur font aucune faveur en se montrant plus enclins à abandonner les négociations qu’à travailler dur pour les voir aboutir.

Les Etats-Unis n’ont jamais été plus engagés envers la paix au Moyen Orient. Nous y étions engagés avant que le président n’annonce notre reconnaissance de Jérusalem en tant que capitale d’Israël et nous le sommes encore aujourd’hui.

Ce à quoi nous avons assisté ici au Conseil de sécurité est une insulte. Elle ne sera pas oubliée. C’est un exemple de plus du fait que les Nations unies font plus de mal que de bien dans leur gestion du conflit israélo-palestinien.

Aujourd’hui, par la simple action de décider où installer notre ambassade, les Etats-Unis ont été contraints à défendre leur souveraineté. L’histoire se souviendra que nous l’avons fait avec beaucoup de fierté. Aujourd’hui, parce que nous avons reconnu une vérité fondamentale sur la capitale d’Israël, nous avons été accusés de nuire à la paix. L’histoire se souviendra également que nous rejetons cette affirmation scandaleuse.

Pour ces raisons, et avec les meilleurs intérêts des Israéliens et des Palestiniens à l’esprit, les Etats-Unis ont voté « non » à cette résolution.

Merci.

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