Karnit Flug appelle au maintien de l’indépendance de la Banque centrale d’Israël
Un organisme indépendant doit analyser les politiques, au risque de créer des frictions avec le gouvernement, a déclaré la gouverneure sortante de la Banque centrale d'Israël

Lors de sa conférence d’adieu marquant la fin de son mandat, la gouverneure sortante de la banque centrale a déclaré dimanche qu’il était essentiel que la banque centrale fournisse au gouvernement des conseils « politiques avisés », même si cela crée parfois des frictions avec les politiciens.
« Je pense que dans le contexte politique actuel, où les décisions politiques tendent, plus que par le passé, à se concentrer davantage sur les avantages à court terme et à ignorer les risques et les coûts à long terme, il est essentiel qu’une institution indépendante et bien considérée fournisse une solide expertise sur l’analyse de la politique et des conseils, et contribue à expliquer cela au public », a déclaré à Jérusalem la gouverneure sortante de la Banque d’Israël, Karnit Flug.
« Nous avons eu des frictions dans le passé et nous en aurons probablement dans le futur, et nous devrions pouvoir y faire face. »
Le mois dernier, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a nommé Amir Yaron, professeur de Finances à l’école de commerce Wharton de l’Université de Pennsylvanie, prochain gouverneur de la Banque d’Israël, en remplacement de Flug, dont le mandat de cinq ans s’achève.
Durant son mandat, Mme Flug a critiqué le gouvernement pour ses politiques à court terme et son manque de stratégie à long terme. La fin du mandat de Flug est prévue le 13 novembre.
Mme Flug a déclaré que durant son mandat, les frictions entre la banque centrale et le système politique étaient « des plus intenses » autour de questions liées au soutien de la Banque d’Israël à la stabilité financière des banques du pays, alors même que le ministre des Finances, Moshe Kahlon, cherchait à accroître la concurrence en brisant le contrôle des banques sur l’économie par le biais d’une réforme du secteur financier.
« La quête d’une concurrence accrue dans la fourniture de services financiers, que nous partageons tous, a ouvert un débat animé sur l’ampleur, la rapidité et les spécificités de la réforme du secteur financier. Nous avons insisté pour que la réforme ne porte pas atteinte à la stabilité financière parfois considérée comme allant de soi par nos partenaires dans la conception de la réforme », a-t-elle déclaré.
Le rôle de la banque centrale consiste parfois à « donner dans certains cas un conseil politique discret et à huis clos et à contribuer à un débat public plus éclairé sur des questions politiques clés », a-t-elle déclaré.
Elle a ajouté que la politique monétaire d’Israël au cours des cinq dernières années, sous son mandat, a été une « expérience fascinante », dans laquelle le taux d’intérêt a été réduit à un record de 0,1 % et que et des décisions politiques telles que l’intervention sur le marché des changes ont souvent suscité un débat « houleux ».
« Maintenant, après presque quatre ans de maintien du taux d’intérêt à 0,1 %, il semble que l’ère de la normalisation progressive approche », a-t-elle déclaré.
« Je peux déjà imaginer les débats houleux qui vont probablement avoir lieu au sein de la commission des finances sur le rythme et la trajectoire exacts de ce processus. Le défi de lq commission sera de ne pas aller trop vite afin de ne pas étouffer le processus d’enracinement de la conjoncture inflationniste dans sa fourchette cible ; et pas trop lentement pour ne pas se retrouver derrière la courbe. Je vous assure que je suivrai de près ce processus avec un grand intérêt ».