La bourse et le shekel à la hausse en attendant une pause de la refonte judiciaire
Certains magasins, banques et bureaux de tout le pays ont fermé leur porte, rejoignant ainsi la grève nationale contre la refonte du système judiciaire du gouvernement
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Les actions israéliennes ont augmenté et le shekel s’est apprécié par rapport au dollar américain lundi, alors que la Fédération nationale du syndicat des travailleurs (Histadrout) a déclaré une grève générale pour accroître la pression sur le Premier ministre Benjamin Netanyahu afin qu’il annonce une pause du processus législatif de la réforme système judiciaire.
La monnaie locale s’est appréciée de plus de 1 % à 3,55 contre le billet vert en début d’après-midi, après avoir atteint son plus bas niveau depuis quatre ans au début du mois, alors que les députés israéliens ont fait avancer une partie importante de la réforme judiciaire largement controversée, afin de renforcer le contrôle du gouvernement sur les nominations judiciaires et de révoquer la capacité de la Haute Cour à réviser les Lois fondamentales.
L’indice de référence TA-125 de la bourse de Tel Aviv et l’indice TA-35 des sociétés de premier ordre ont tous deux gagné environ 2 %. L’indice TA des cinq plus grandes banques a augmenté de 1,5 % et l’indice TA-assurance et services financiers de 2,9 %.
Netanyahu devrait faire une déclaration lundi pour annoncer une pause du processus législatif de la réforme.
Arnon Bar-David, chef du Syndicat national de la Histadrout, le plus puissant syndicat du pays, a annoncé une grève « historique » pour tenter de « stopper la folie » de la réforme judiciaire largement controversée du gouvernement et tant que Netanyahu n’annoncera pas l’arrêt des projets de réforme du système judiciaire. Un gel immédiat des départs de l’aéroport Ben Gurion est déjà entré en vigueur.
Suite à la déclaration de la grève générale, les entreprises, les sociétés technologiques, les centres commerciaux et les autorités locales de tout le pays ont déjà commencé à annoncer qu’ils arrêtaient leurs activités.
La Banque Hapoalim, l’une des plus grandes banques du pays, et la Banque Discount se sont jointes à la grève et ont publié des déclarations annonçant la fermeture de leurs succursales à partir de lundi après-midi. La Banque Discount a exhorté les députés à suspendre immédiatement le processus législatif de la réforme du système judiciaire.
« La société israélienne est confrontée à des jours décisifs pour son avenir et sa résilience. Il ne s’agit pas d’un conflit politique ou de partis, mais plutôt de l’émergence d’un profond clivage au sein de la société », a écrit le PDG de la Banque Discount, Uri Levin, dans une note adressée à ses employés. « Cette fracture sociale se produit dans un contexte de variables économiques importantes, principalement une crise économique mondiale, une hausse des taux d’intérêt et une inflation qui n’a pas encore été jugulée. » « Ces facteurs, combinés à l’agitation actuelle dans les rues d’Israël, sont sur le point d’avoir un effet dramatique sur la société israélienne, l’économie, la banque et ses clients », a averti Levin.
Des entrepreneurs du secteur de la high-tech, des fondateurs de start-ups et des employés ont rejoint divers groupes qui protestent bruyamment contre la réforme du système judiciaire au motif qu’elle érodera la démocratie et affaiblira les contrôles et les équilibres. L’une des principales inquiétudes du secteur de la high-tech est que ces mesures inciteront les investisseurs en capital-risque et d’autres bailleurs de fonds à ne pas investir leur argent dans le pays, ce qui entraînera une fuite des fonds.
« La Start-up nation est en danger », a écrit sur Twitter Start-Up Nation Central, une organisation qui met en relation des entreprises internationales et des responsables gouvernementaux avec la technologie israélienne, en annonçant qu’elle se joignait à la grève.
« Nous espérons reprendre nos activités dès que possible pour le bien de l’économie israélienne dans un pays démocratique », peut-on lire dans le message.
Dimanche soir, les dirigeants de l’Association des fabricants d’Israël et de l’Association des entrepreneurs et des constructeurs ont annoncé qu’ils ne se joindraient pas à la grève générale.
« Nous comprenons l’ampleur de la situation, mais la grève n’est pas la solution », ont déclaré les deux organisations dans un communiqué commun. « Une grève ne fera que nuire au pays et entraînera une controverse et un fossé de plus en plus profond sur le lieu de travail. »
Bien qu’il soit difficile de calculer le coût économique direct de la grève à ce stade, on a, par le passé, estimé qu’une grève nationale complète entraînait des dommages quotidiens de « quelques milliards de shekels », selon Rafi Gozlan, économiste en chef à l’IBI Investment House.
Les fabricants, les entrepreneurs et les constructeurs ont réitéré leur appel à l’arrêt immédiat du processus législatif, exhortant la coalition et l’opposition à s’asseoir pour discuter afin de parvenir à un large consensus et de rétablir l’ordre.
« Une économie forte a besoin de sécurité et d’un peuple fort et uni, et nous sommes en train de perdre tout cela », ont-ils déclaré dans un communiqué commun.
Des centaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues du pays dimanche soir, lorsque le Premier ministre a limogé le ministre de la Défense, Yoav Gallant, après que son ancien allié l’eut averti que le remaniement portait atteinte à la sécurité nationale.