La Finlande va acquérir le système antimissile israélien « Fronde de David »
Un accord d'une valeur de 316 M d'euros a été annoncé le lendemain de l'adhésion du pays nordique à l'OTAN, élargissant ainsi la frontière de l'alliance militaire avec la Russie
La Finlande a annoncé mercredi qu’elle allait acquérir le système de défense antimissile israélien Fronde de David dans le cadre d’un accord initial d’une valeur d’environ 316 millions d’euros, au lendemain de son adhésion à l’alliance militaire de l’OTAN.
« Le système Fronde de David élargira considérablement la portée opérationnelle des capacités de défense aérienne basées au sol de la Finlande », indique le communiqué.
« Cette acquisition permettra aux forces de défense finlandaises d’intercepter des cibles à haute altitude. Dans le même temps, nous poursuivons le développement ambitieux et à long-terme de la capacité de défense de la Finlande dans un nouvel environnement de sécurité », a déclaré le ministre de la Défense Antti Kaikkonen.
Le système Fronde de David, produit par Rafael Advanced Defense Systems, est capable d’intercepter des fusées et des missiles à une distance de 40 à 300 kilomètres. Le communiqué précise que l’altitude de vol minimale requise par la Finlande pour le système a été fixée à 15 kilomètres.
Ce système, également connu sous le nom de « Baguette magique », est opérationnel en Israël depuis 2017 et constitue le niveau intermédiaire des capacités de défense antimissile multicouches d’Israël, qui comprennent également le Dôme de fer à courte portée et un niveau supérieur de systèmes Arrow 2 et Arrow 3, qui sont destinés à engager des missiles balistiques à longue portée.
Le système Fronde de David a été une demande clé de l’Ukraine à Israël, qui a été frappée par les missiles et les drones russes, mais Israël s’est jusqu’ici abstenu de fournir ce système.
L’annonce de la Finlande a été faite le lendemain de l’adhésion d’Helsinki à l’alliance militaire de l’OTAN, ce qui a porté un coup dur au président russe Vladimir Poutine.
L’adhésion du pays nordique double la frontière de la Russie avec la plus grande alliance de sécurité du monde. La Finlande avait adopté la neutralité après sa défaite face aux Soviétiques lors de la Seconde Guerre mondiale, mais ses dirigeants ont fait savoir qu’ils souhaitaient rejoindre l’OTAN après l’invasion de l’Ukraine par Moscou, qui a suscité un frisson de peur chez ses voisins.
« L’ère du non-alignement dans notre histoire est terminée – une nouvelle ère commence », a déclaré le président Sauli Niinistö avant que le drapeau bleu et blanc de son pays ne soit hissé à l’extérieur du siège de l’OTAN.
La Finlande a fait remarquer que la vente nécessiterait une autorisation de la part du gouvernement américain – le système Fronde de David ayant été développé en coopération avec les États-Unis.
Elle a également indiqué que le contrat d’achat comprendra une partie distincte entre le ministère israélien de la Défense et le ministère finlandais de la Défense afin de garantir la sécurité de l’approvisionnement du système.
« L’accord garantira la disponibilité des composants critiques du système dans toutes les situations de sécurité », précise le communiqué.
Il est peu probable que les États-Unis s’opposent à cet achat.
En saluant l’adhésion de la Finlande, le président américain Joe Biden a noté qu’elle intervenait à l’occasion du 74e anniversaire de la signature du traité fondateur de l’OTAN – le 4 avril 1949.
« Lorsque Poutine a lancé sa brutale guerre d’agression contre le peuple ukrainien, il pensait pouvoir diviser l’Europe et l’OTAN. Il s’est trompé », a déclaré Biden dans un communiqué. « Aujourd’hui, nous sommes plus unis que jamais. Et ensemble, renforcés par notre nouvel allié, la Finlande, nous continuerons à préserver la sécurité transatlantique, à défendre chaque parcelle du territoire de l’OTAN et à relever tous les défis auxquels nous sommes confrontés. »
Cette décision constitue un revers stratégique et politique pour Poutine, qui se plaint depuis longtemps de l’expansion de l’OTAN vers la Russie et qui s’en est servi en partie pour justifier l’invasion.
Israël a refusé de fournir des armes à l’Ukraine au cours de la première année de l’invasion russe. L’une des principales raisons de l’hésitation d’Israël semble être son besoin stratégique de maintenir sa liberté d’opération en Syrie, où les forces russes contrôlent en grande partie l’espace aérien.
Toutefois, il a été récemment rapporté qu’Israël avait autorisé la vente d’équipements militaires défensifs à Kiev – des systèmes de guerre électronique d’une portée d’environ 40 kilomètres, qui pourraient être utilisés pour se défendre contre les attaques de drones.