La France a versé 35 millions de dollars à l’UNRWA en 2021
Le pays a indiqué vouloir renforcer ce soutien en 2022 à l'agence controversée de l'ONU, décrite comme une "force stabilisatrice dans la région"

La France a versé 35 millions de dollars à l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) en 2021, a indiqué mardi sur Twitter le ministère français des Affaires étrangères. Le pays a par ailleurs indiqué vouloir renforcer ce soutien en 2022.
« En 2021, la France a fourni 35 millions de dollars en soutien aux activités de l’UNRWA. En 2022, la France souhaite renforcer ce soutien aux réfugiés palestiniens. Cette agence est une force stabilisatrice dans la région. Elle procure des services vitaux et de protection à des millions de réfugiés », a estimé le ministère sur le réseau social.
« La France contribue aussi aux projets de l’UNRWA en soutien aux réfugiés palestiniens sur le terrain dans les Territoires palestiniens, en Jordanie, au Liban et en Syrie par le biais de notre programme d’assistance alimentaire et de l’AFD France », a ajouté la diplomatie française. « Cette contribution financière reflète la profonde et sincère appréciation de la France pour le travail de l’UNRWA et de son personnel, qui travaille dans un contexte extrêmement difficile. Notre soutien politique se concrétise sur le plan financier. »
L’annonce française a eu lieu au moment de la conférence conférence annuelle des donateurs de l’UNRWA, organisée à Bruxelles. L’évènement a notamment réuni le Premier ministre de l’Autorité palestinienne Mohammed Shtayyeh, le ministre israélien de la Coopération régionale Issawi Frej ainsi que des représentants des États-Unis, de l’UE, de la Russie et de l’ONU notamment.
L’agence de l’ONU a ainsi annoncé mardi avoir obtenu des promesses de dons totalisant 614 millions de dollars, très en-deçà des besoins de financement de l’organisation, qui peine à boucler son budget annuel.
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Cette agence est une force stabilisatrice dans la région. Elle procure des services vitaux et de protection à des millions de réfugiés. pic.twitter.com/CVikH0qg1x
— France Diplomatie???????????????? (@francediplo) November 16, 2021
Cette contribution financière reflète la profonde et sincère appréciation de la ???????? pour le travail de @UNRWA & de son personnel, qui travaille dans un contexte extrêmement difficile. Notre soutien politique se concrétise sur le plan financier. pic.twitter.com/g7BUrNETVT
— France Diplomatie???????????????? (@francediplo) November 16, 2021
Israël, présent à la conférence et représenté par le ministre de la Coopération régionale Issawi Frej, prévoyait de pousser les pays à accroître l’aide versée aux Palestiniens.
« Au cours de nos réunions, dans les prochains jours, le message que nous allons transmettre aux pays-donateurs sera d’apporter davantage d’aides aux Palestiniens. Les négligences, au cours des dernières années, ont entraîné une crise financière qui ne menace pas seulement l’Autorité palestinienne mais toute la région », avait dit Frej lors d’un entretien téléphonique avec le Times of Israel.
« Israël et l’Autorité palestinienne ne forment qu’une seule et même unité économique. Pas de faveur accordée à une partie au détriment de l’autre ici – c’est favorable aux deux. Une Autorité palestinienne forte bénéficiera à Israël », avait ajouté Frej, qui est membre du parti du Meretz de gauche.
Comme Israël, la Norvège, qui préside le groupe des donateurs pour la Palestine (AHLC), a exhorté mercredi la communauté internationale à accroître son aide aux Territoires palestiniens, tombée à un niveau « critique ».
« J’ai exhorté les donateurs à accroître leur aide », a déclaré la cheffe de la diplomatie norvégienne, Anniken Huitfeldt, à l’issue d’une réunion de l’AHLC à Oslo, la première en présentiel depuis deux ans. La ministre n’a pas fait état d’engagements financiers avancés lors de cette réunion.

Lors de sa conférence à Bruxelles, « huit Etats membres (de l’agence) ont annoncé des promesses cumulant plus de 614 millions de dollars, via des accords pluriannuels nouveaux ou renouvelés, courant sur des périodes de deux à cinq ans », a précisé l’UNRWA dans un communiqué.
Pour autant, ces fonds restent « insuffisants » : « La combinaison de ces annonces et des promesses existantes, si elles se concrétisent entièrement, n’équivaudrait qu’à 40 % des besoins du budget de base de l’agence pour 2022″, a-t-elle regretté.
Pour ses trois activités principales – éducation, santé et protection sociale -, l’UNRWA avait annoncé début octobre chercher à obtenir 800 millions de dollars par an.
Et en dépit de contributions supplémentaires de fin d’année s’élevant à 38 millions de dollars, l’organisation a toujours besoin de trouver 60 millions de dollars pour boucler son budget 2021, au risque de devoir cesser certains programmes.
« L’UNRWA continue de subir des manques de fonds catastrophiques et répétés, qui menacent d’accroître la vulnérabilité de son personnel et des millions de personnes qu’elle aide, en les privant des besoins de première nécessité », ont averti dans une déclaration commune le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi et son homologue suédoise Anne Linde, co-présidents de la conférence.

Ils ont appelé mardi « la communauté internationale à réformer structurellement le modèle de financement de l’agence », notamment avec des engagements de longue durée.
L’objectif avancé des 800 millions de dollars doit permettre de garder ouvertes les quelque 700 écoles gérées par l’organisme onusien, où sont scolarisés 550 000 enfants, comme les centres de santé et continuer à fournir une protection sociale aux réfugiés palestiniens, avait précisé début octobre le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini.
À ces 800 millions de dollars, s’ajoute la nécessité de fonds pour l’aide humanitaire assurée par l’agence, estimés pour 2022 à un demi-million de dollars, avait ajouté le responsable.
« Nous continuons aujourd’hui à nous battre, à courir après du cash » et « je ne sais jamais à l’avance si je vais être en mesure de payer les salaires des quelque 28 000 employés » de l’UNRWA, avait-t-il déploré.
L’UNRWA fournit une aide à plus de cinq millions de réfugiés palestiniens enregistrés auprès d’elle, dans les Territoires palestiniens, en Jordanie et au Liban.
En août, l’UNRWA avait annoncé avoir ouvert une enquête sur les allégations d’antisémitisme et de parti pris anti-israélien portées contre dix de ses employés à travers le Moyen-Orient. UN Watch – un groupe pro-israélien qui surveille les activités de l’ONU – avait alors publié un rapport alléguant que 22 membres du personnel de l’UNRWA s’étaient livrés à des incitations à la haine en ligne
Le Parlement européen, l’un des trois organes législatifs de l’Union européenne (UE), a présenté en septembre un amendement qui conditionne le versement de plus de 23 millions de dollars de fonds européens à l’UNRWA, sous réserve d’une modification des manuels scolaires de l’Autorité palestinienne (AP), faisant trop souvent l’objet d’incitation à la violence.
Sous l’administration de l’ancien président américain Donald Trump, Washington a largement réduit le financement de l’Autorité palestinienne et de l’UNRWA.
Mais l’administration Biden a relancé le financement de l’agence, ajoutant 150 millions de dollars d’aide économique, tout en insistant sur le fait qu’elle pousserait à des réformes au sein de l’agence et ne tolérerait aucun parti pris anti-israélien.
Israël a longtemps fait pression pour la fermeture de l’UNRWA, arguant que l’Agence contribue à perpétuer le conflit avec les Palestiniens puisqu’il confère le statut de réfugié aux descendants des personnes initialement déplacées à l’époque de la guerre d’indépendance d’Israël.