La guerre Israël-Hamas s’invite à la Berlinale
La guerre entre Israël et le Hamas risque de susciter des débats et des manifestations lors de la Berlinale 2024, qui présentera un film sur la violence d'éléments extrémistes dans les implantations israéliennes
L’acteur Cillian Murphy, l’un des favoris dans la course aux Oscars cette année, ouvrira jeudi la Berlinale, avec la première mondiale d’un drame irlandais inspiré de faits réels sur les filles-mères exploitées par des sœurs catholiques.
« Small Things Like These » (Ce genre de petites choses, ndlr), adaptation du best-seller de l’Irlandaise Claire Keegan, fait partie des 20 films en compétition pour l’Ours d’or, la plus haute récompense du festival international du film de Berlin.
Pour départager les œuvres, le jury sera mené par l’actrice mexicano-kényane Lupita Nyong’o, première personnalité noire dans ce rôle prestigieux.
La manifestation berlinoise, qui a lieu du 15 au 25 février, ouvre le bal des trois grands festivals européens, avant Cannes en mai et Venise en septembre.
Pour sa 74e édition, il présente une programmation éclectique avec des réalisateurs et acteurs du monde entier, des stars, des documentaires politiques et du cinéma d’art et d’essai.
Dans « Small Things Like These », l’Irlandais Cillian Murphy, en lice pour l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle dans « Oppenheimer », retrouve le cinéaste belge Tim Mielants de la série « Peaky Blinders ».
Aux côtés de l’actrice nord-irlandaise Michelle Fairley (« Game of Thrones ») et de la Britannique Emily Watson (« Chernobyl »), Cillian Murphy incarne un père dévoué qui découvre le secret des blanchisseries de la Madeleine : entre les années 1920 et 1990, dans des couvents, des nonnes maintenaient en servitude des jeunes femmes après avoir donné à l’adoption leurs bébés, nés hors mariage.
« Nous sommes convaincus que cette histoire qui allie la bonté envers les plus fragiles et la volonté de s’élever contre l’injustice trouvera un écho auprès de tous », a estimé récemment l’Italien Carlo Chatrian, qui codirige la Berlinale pour la dernière fois avec la Néerlandaise Mariette Rissenbeek. Ils seront remplacés l’an prochain par l’Américaine Tricia Tuttle.
Scorsese honoré
Parmi les stars attendues à Berlin, le légendaire réalisateur américain Martin Scorsese se verra remettre un Ours d’or d’honneur pour sa carrière.
Le festival, qui s’est toujours caractérisé par son engagement politique, a lieu dans un contexte inflammable, plus de quatre mois après le début du conflit entre Israël et le Hamas.
Peu avant son ouverture, une cinquantaine de collaborateurs de la Berlinale ont signé une lettre ouverte exhortant la direction du festival à adopter une position plus forte sur « l’offensive actuelle contre la vie palestinienne ».
Jusqu’ici, la direction a manifesté sa « compassion pour toutes les victimes des crises humanitaires au Proche-Orient et au-delà » et s’est inquiétée « de la montée de l’antisémitisme, du sentiment anti-musulman ».
Parmi les films en provenance de la région présentés à la Berlinale, celui d’un collectif israélo-palestinien, « No Other Land » (Pas d’autre pays, ndlr), montre la destruction de Masafer Yatta en Cisjordanie par les autorités israéliennes et l’alliance improbable d’un activiste palestinien et d’un journaliste israélien.
Le cinéaste israélien Amos Gitaï, qui a toujours plaidé pour la paix, dévoilera quant à lui une relecture du « Rhinocéros » d’Eugène Ionesco, avec l’actrice franco-suisse Irène Jacob.
La Berlinale s’est également associée à des activistes sociaux pour créer le projet « Tiny Space », une petite cabine intime installée pendant plusieurs jours près du tapis rouge où les participants au festival peuvent discuter et débattre de la crise au Moyen-Orient.
Mais ces efforts n’ont pas empêché certains, dont le réalisateur ghanéen Ayo Tsalithaba et l’artiste indien-américain Suneil Sanzgiri, de retirer leurs films du festival pour protester contre le soutien de l’Allemagne à Israël.
Parmi les œuvres en lice pour l’Ours d’or, figure un film iranien « My Favourite Cake » (Mon gâteau favori, ndlr), dont les deux réalisateurs Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha n’ont pas été autorisés à quitter leur pays malgré la demande des organisateurs du festival.
Côté français, sont en compétition « l’Empire », remake fantasque de « Star Wars » par Bruno Dumont et « Hors du temps » d’Olivier Assayas, une mise en abyme autobiographique retraçant le confinement d’un réalisateur et de son frère.
Le continent africain, dont aucun cinéaste n’a jusqu’ici remporté l’Ours d’or, est particulièrement bien représenté cette année dans la sélection.
Le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako présentera « Black Tea », une histoire d’amour dans la communauté africaine de Canton et la Franco-Sénégalaise Mati Diop montrera « Dahomey », un documentaire sur la restitution des trésors royaux d’Abomey au Bénin, pillés lors de la colonisation du pays.