La mère d’un otage dont le corps a été emmené à Gaza par un employé de l’UNRWA, interpelle Guterres
"Comment les Nations unies peuvent-elles payer l'homme qui a traîné le corps inanimé de mon fils sur le sol ?", a demandé Ayelet Samerano lors d'un événement organisé à Genève, montrant une vidéo de l'employé, le 7 octobre
La mère de Jonathan Samerano, dont le corps sans vie avait été enlevé et emmené dans la bande de Gaza par un employé de l’UNRWA après avoir été tué par les hommes armés du Hamas, le 7 octobre, a demandé lundi à rencontrer le secrétaire-général des Nations unies, Antonio Guterres, à Genève.
« M. Guterres — Regardez-moi dans les yeux et répondez-moi maintenant : Où est mon fils ? », a interrogé Ayelet Samerano lors du Sommet international pour un avenir au-delà de l’UNRWA, une conférence qui était organisée dans la ville suisse par le groupe de veille pro-israélien UN Watch. « Vous êtes juste à côté, vous êtes là et vous avez l’opportunité de me rencontrer dès aujourd’hui et de me dire ce que vous allez faire, de me dire comment vous pourrez me ramener mon fils ».
Guterres se trouvait à Genève à l’occasion de la 55e session du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies.
Le fils de Samerano avait été tué lors du festival de musique électronique Supernova, le 7 octobre, quand des milliers d’hommes armés du Hamas avaient franchi la frontière avec Israël, assassinant environ 1200 personnes et kidnappant plus de 250 personnes, des civils en majorité. Plus de 350 jeunes avaient été froidement exécutés sur le site de cette rave-party en plein air qui était organisée aux abords du kibboutz Reim.
Pleurant en regardant les images tournées par les caméras de surveillance qui montrent deux hommes en train de traîner au sol le corps sans vie de son fils avant de l’embarquer dans un SUV blanc, devant l’entrée du kibboutz Beeri – l’une des communautés les plus durement frappées lors de l’assaut du 7 octobre – la mère éplorée s’est exclamée : « Et vous me demandez pourquoi il faut remplacer l’UNRWA ? C’est un employé de l’UNRWA qui a kidnappé mon fils ! »
La vidéo, qui avaient été initialement publiée sur la chaîne Telegram « South First Responders », le 10 octobre, trois jours après l’attaque du Hamas, semble montrer Faisal Ali Mussalem al-Naami, travailleur social au sein de l’UNRWA, enlever la dépouille de Samerano en compagnie d’un autre homme.
Un clip qui a figuré parmi les éléments qui avaient été rendus publics, au mois de février, quand le ministre de la Défense Yoav Gallant avait révélé l’identité de 12 employés de l’UNRWA qui, selon Israël « avaient pris une part active » dans le massacre perpétré le 7 octobre, en plus d’au-moins trente autres employés qui avaient apporté leur aide aux hommes armés. Le ministre avait noté que plus de 1 500 salariés de l’UNRWA entretenaient un lien avec le Hamas ou avec le Jihad islamique, deux groupes terroristes.
L’UNRWA a renvoyé douze employés lorsque ces accusations ont fait surface mais plus d’une dizaine de pays, avec à leur tête les États-Unis, ont pris la décision de cesser de financer l’agence dans l’attente des conclusions de l’enquête qui a été lancée par l’ONU dans ce dossier.
« Un travailleur social appartenant à une dite ‘organisation humanitaire’ a kidnappé mon fils. Comment est-ce que quelqu’un qui travaille pour une organisation qui affirme qu’elle fait le Bien dans ce monde peut faire quelque chose d’aussi cruel, d’aussi inhumain ? » a demandé la mère. « Comment les Nations unies peuvent-elles payer l’homme qui a traîné le corps inanimé de mon fils sur le sol avant de l’emmener pour être exhibé, comme un trophée, à Gaza ? Combien de vies encore seront détruites par cette personne qui a transporté mon fils comme s’il n’était même pas un être humain dans un véhicule de l’UNRWA ? »
« Y a-t-il d’autres otages détenus par des employés des Nations-Unies au moment même où nous sommes en train de parler ? Est-ce que c’est l’ONU qui détient le corps de mon fils ? Savez-vous où il est ? Ramenez-le moi ! » a-t-elle supplié.
Samerano a rejoint un nombre d’Israéliens croissant qui réclament le remplacement de l’agence chargée des réfugiés palestiniens au sein de l’ONU. Des manifestants se sont rassemblés devant les bureaux de l’organisation, à Jérusalem, demandant son départ de la capitale.
Les Nations unies ont annoncé la création d’un panel indépendant qui a ouvert une enquête sur l’agence dans le sillage des accusations, même si Israël a affirmé que son mandat restait trop vague et qu’il n’empêcherait pas, à l’avenir, les terroristes de tirer profit de l’organisation.
« La génération de mon jeune fils se moque de la religion. Elle se moque de l’orientation sexuelle. Elle se moque de la race. Elle veut juste vivre une vie heureuse, dans la paix », a dit Samerano.
« Mon fils n’était pas armé. Il n’était pas dans une situation de guerre. Il avait pour seules armes son sourire… son bonheur et son charme. Jonathan était plein de vie. Il plaisantait toujours. Il faisait tout avec beaucoup de joie ».
Samerano est l’un des 130 otages encore détenus à Gaza – tous ne sont pas en vie – après la libération de 105 civils au cours d’une trêve qui a duré une semaine, à la fin du mois de novembre. Quatre otages avaient été relâchées avant cette pause. Trois ont été secourus par les soldats et les corps sans vie de onze captifs ont aussi été rapatriés, notamment ceux des trois Israéliens qui, étant parvenus à échapper à leurs ravisseurs, ont été accidentellement tués par les soldats israéliens. L’armée a bien confirmé la mort de 31 otages qui se trouvent encore dans la bande, citant de nouveaux renseignements et d’autres informations obtenues par les troupes, sur le terrain. Par ailleurs, une personne est encore considérée comme portée disparue depuis le 7 octobre, et son sort reste inconnu.
Le Hamas détient également les dépouilles de deux soldats tués au combat en 2014, Oron Shaul et Hadar Goldin. Il garderait aussi en détention deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui seraient encore en vie après être entrés dans la bande de leur propre gré en 2014 et 2015.